L'interwilayas aura lieu la semaine prochaine quitte à déboucher sur l'éclatement du mouvement. L'annonce de la démission de Belaïd Abrika et de Ali Gherbi des structures du mouvement citoyen a eu l'effet d'une bombe aussi bien en Kabylie que dans les sphères concernées par la crise qui dure dans cette région depuis plus de deux ans. Même si le délégué de Bouira, Hakim Kacimi, a démenti, en ce qui le concerne avoir démissionné, en prenant la peine de se déplacer jusqu'aux locaux de notre journal, il n'en demeure pas moins que l'annonce est confirmée pour les deux autres figures du mouvement, qui du reste ont officiellement annoncé leur retrait lors de conférences de presse organisées à Béjaïa et à Tizi Ouzou. C'est la problématique des appétits sans cesse grandissants qui animent les partis politiques à la veille du règlement de la crise de Kabylie qui est posée de manière brutale. Pour Hakim Kacimi, délégué de M'chedallah et de l'interwilayas «il faut comptabiliser le retrait de Belaïd Abrika et de Ali Gherbi». Selon lui, «c'est une sonnette d'alarme à tirer par le mouvement citoyen. Une mise en garde contre ceux qui cherchent à saborder le mouvement citoyen et se refaire une virginité politique à des fins électoralistes». Si Bouira a réussi à dépasser cet écueil d'entrée de jeu avant que les choses ne dégénèrent, il semble que Béjaïa et Tizi Ouzou aient laissé longtemps traîner les choses jusqu'à ce que les «délégués partisans» soient devenus absolument incontournables. Hakim Kacimi, en homme pragmatique et sûr de lui, indique que «le débat doit être politique». Il ajoute que «les délégués partisans ne se suffisent pas de la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur». M.Kacimi, qui déclare par ailleurs n'avoir aucun problème au sein du mouvement dans la wilaya de Bouira, demeure «persuadé que Abrika et Gherbi n'ont pas quitté les ârchs et ne quitteront jamais les ârchs». Notre interlocuteur a déclaré que «les instances du mouvement sont souveraines et si l'interwilayas décide d'aller au dialogue, le mouvement désignera ses représentants». Cette réponse vient à la question sur la fameuse liste de neuf délégués (trois de chaque wilaya) qui seraient désignés par le pouvoir pour engager les préliminaires du dialogue, rendue publique par L'Expression hier. «Nul ne peut nous imposer une liste, des noms ou des chefs, nul ne peut désigner nos interlocuteurs avec le pouvoir, car le mouvement est autonome par rapport aux partis et au pouvoir», a tenu à préciser Hakim Kacimi. Par ailleurs, Djaâfar Bendeddou, délégué de Haïzer et dont le nom figure sur la liste des représentants de la CCW de Bouira nous a joints hier par téléphone pour nous faire part de son étonnement. «Nous ne savons pas qui a fait cette liste», nous a-t-il déclaré. Et d'ajouter qu'en tant que délégués «nous n'allons pas à l'encontre de la volonté citoyenne car ce n'est pas au pouvoir de désigner ces vis-à-vis parmi les ârchs». Pour M.Bendeddou, «si l'interwilayas décide d'aller au dialogue, le conclave désignera les délégués qui représenteront la population». De son côté, Bezza Benmansour, délégué de Sidi Aïch, dans la wilaya de Béjaïa a apporté hier un démenti formel à la suite de la publication de son nom parmi les délégués contactés par le pouvoir pour le dialogue. Bezza Benmansour, qui a joint hier notre rédaction par téléphone, a déclaré qu'il n'a été contacté par personne et que si dialogue il y a, il devra avoir l'aval de l'interwilayas. Concernant les développements de cette affaire, M. Hakim Kacimi nous a dit hier d'un air serein et optimiste: «Nous allons vers une décantation nécessaire et indispensable pour le mouvement.» Interrogé sur la suite à donner à ces développements, M.Kacimi a annoncé que les présidences tournantes des trois coordinations se réuniront demain dans la wilaya de Bouira. L'importance de cette rencontre est soulignée par notre interlocuteur qui indique que tout sera fait pour «débloquer la situation pour permettre au mouvement de retrouver son camp». «Les délégués du mouvement qui sont à l'avant-garde ont une ligne claire. Les autres, ceux qui s'amusent à bâtir en dehors de cette ligne s'excluront d'eux-mêmes», a ajouté M.Kacimi. On retiendra que la réunion des présidences tournantes va décider de la date de l'interwilayas, qui devrait se tenir au milieu de la semaine prochaine et mettre au pied du mur les délégués partisans, pour les amener à un débat de fond avant de répondre à l'appel du Président de la République.
