«Ni en Algérie ni en Tunisie, la publicité pour les jeux de hasard n'est interdite à la télé publique.» Younès El Mechrafi, Directeur général de La Marocaine des jeux et des sports Alors que les choses sont en train de bouger au Maroc, au sujet du nouveau cahier des charges du gouvernement Benkirane, le réalisateur franco-marocain, Nabil Ayouch a violemment critiqué de Cannes, lors d'un débat organisé avec les réalisateurs arabes sélectionnés à la Croisette, le ministre de la Communication du PJD, sur la notion d'un cinéma hallal ou cinéma propre, indiquant qu'il ne connaissait pas ce que c'était un cinéma sale pour le confondre avec un cinéma propre. Il est clair qu'au côté de l'audiovisuel, le cinéma marocain est l'un des cinémas les plus osés et les plus audacieux du Monde arabe. Des réalisateurs marocains comme Lakhmari, dans son film Casanegra, Leïla Merrakchi pour Marrock, ou encore Mohamed Frites avec Nancy et le monstre avaient ouvertement introduit le sexe et la vulgarité dans leur film et ont obtenu un grand succès populaire au Maroc. Ce que les Algériens, les Egyptiens n'ont pu faire à ce jour. Dans le dernier film de Nabil Ayouch, le réalisateur aborde ouvertement l'homosexualité infantile dans les bidonvilles marocains. Tout ceci n'est pas en odeur de sainteté pour le gouvernement islamiste Benkirane, qui tente de placer des balises rouges pour les cinéastes marocains les plus libéraux. La situation de l'audiovisuel et du cinéma marocain est telle que le roi Mohammed VI a dû intervenir pour mettre un terme au holà islamiste dans l'audiovisuel. Mais pourra-t-il mettre un terme à la situation dans le cinéma marocain? D'autant que mis à part Frites qui réside à Rabat, Ayouch et Merrakchi qui résident en France et Lakhmari en Norvège, ne sont pas menacés ouvertement. Pour certains observateurs islamistes, leurs films ne sont pas destinés au public marocain mais pour un public européen et principalement français. Lakhmari, qui prépare un autre film pour 2012 et qui risque aussi de créer une autre polémique avec le gouvernement Benkirane, puisque son troisième long métrage Zéro est l'histoire d'un looser qui va vivre une expérience amoureuse très chaude. Cette complexité marocaine a touché même les jeux de hasard puisque, Younès El Mechrafi, directeur général de La Marocaine des jeux et des sports, a réagi en déclarant que ni en Algérie ni en Tunisie la publicité pour les jeux du hasard n'est interdite à la télévision publique. Pour répondre aux islamistes, il prend même comme exemple la Turquie, gouvernée par les islamistes comme un modèle de développement pour le Maroc, affirmant qu'ils ont des similitudes avec ce pays: il y a trois opérateurs dans le monde du jeu au Maroc: le PMU, la Loterie nationale et la Mjds. Idem pour la Turquie: elle a un PMU, la Loterie nationale et l'équivalent de la Marocaine des Jeux et des Sports marocaine qui s'appelle Sport Toto. Mjds et Sport Toto ont le même opérateur qui est la multinationale Intralot. Les paris sportifs en Turquie ont beaucoup progressé de 2004 à 2011, Sport Toto faisait 4% de part de marché en 2004, elle en fait 50% aujourd'hui, uniquement grâce aux paris sportifs. Et cela, grâce à la publicité et à une politique de communication adaptée. Et là encore c'est un rempart contre le jeu clandestin très présent aussi en Turquie. En définitive, la liberté des Marocains s'arrête là où la liberté des Turc commence. [email protected]
