Une fillette accuse un vieil épicier barbu (?!?!) de lui avoir fait des bises! L'avocat affirme que la vérité sort... Maître Chérif Messaoud, l'avocat d'El Harrach, s'était déplacé dimanche à Boufarik en vue de tenter de démentir le fameux et dévastateur adage qui dit que «la vérité sortait de la bouche des enfants». Et l'enfant qui a mis sur le tapis de la justice ce proverbe si répété à travers les siècles et les pays de l'univers, n'est autre qu'une ado de quinze ans. Quinze ans? Donc une mineure. Et la loi protège les mineures et assomme ceux qui s'en prennent à tous les mineurs-filles ou garçons, bien entendu. Retenu par la réserve tout comme Tassaâdit Merassen la juge et la belle Djamila Benkhetou, la représentante du ministère public, l'avocat refuse net de parler. Nous nous sommes alors tourné vers un proche de l'inculpé, un épicier de soixante-quinze ans pour avoir quelques bribes d'infos autour du dossier: «Cette gamine accuse mon oncle de lui avoir caressé la poitrine et de lui avoir fait des bises sur la bouche! C'est insensé. C'est inadmissible et c'est même intolérable!», dit notre jeune interlocuteur choqué par les poursuites de ce vieillard barbu et abattu par ce qui lui arrive, même s'il ignore encore le fameux adage qui souligne souvent à tort, que la vérité sort de la bouche des enfants. Mais si l'inculpé ne connaît pas ce dicton, son défenseur lui le domine et il saura plus tard utiliser cet adage dans le «désordre» de l'anagramme des choses. Et si Tassaâdit Merassen, la présidente avait dû parcourir le dossier où n'existent que les seules affirmations du gosse, et ici le gosse est une fillette frêle et menue... C'était pour préparer l'interrogatoire tenu à huis clos. «Trouble à l'ordre public oblige» ce concept que les collègues de la presse nationale n'apprécient guère tant il existe juste pour empêcher ledit journaliste d'informer exactement le lecteur sur la véracité des faits. Alors, il a fallu attendre le verdict du tribunal de Boufarik pour avoir une idée sur ce qui s'est... probablement dit entre le tribunal, Djamila Benkhettou, la procureure, l'inculpé et son avocat. Les témoins? Aucun. Le dossier ne contient que les accusations de la fillette et les protestations de l'épicier. Et à l'issue du procès, la joie se lisait sur le visage de l'inculpé relaxé de toute tache noire sur le front sauf celle qui se voit sur son front à dix mètres. Une marque de foi. Et si la procureure avait grossi les faits et réclamé une lourde peine d'emprisonnement ferme, Maître Chérif n'avait pas dépassé son unique arme de défense: «Madame la présidente, aujourd'hui, la vérité sort de la bouche de mon client qui vous a raconté la stricte vérité. Quant à la gamine, elle était complètement «out» car elle a inventé cette sale histoire pour, on ne sait quelle raison», s'était écrié le conseil qui savait qu'il venait de viser juste puisqu'il s'était aperçu que Merassen, la magistrate du siège suivait sans broncher les envolées de l'avocat qui savait de quoi il parlait tant il était rompu à ce genre de dossiers, lui, le défenseur installé à El Harrach. Cette juridiction, qui couvre outre Belfort, Bellevue, Mohamadia, Bordj El Kiffan, Bab Ezzouar, Dar El Beïda, El Hamiz, La Montagne, P.L.M. ces grosses localités banlieusardes, en l'occurrence les Eucalyptus, Chrarba, El Djoumhouria et autres Mohamed-Naïli (ex-Vincent-Bomati que certains enquêteurs appellent à tort Boumaâti, un chahid qui n'existe pas). Et pan!