Le bilan peut être revu à la hausse, car on enregistre plusieurs disparus. Dix citoyens ont péri hier matin dans un effroyable accident de la circulation à Bologhine. Le bus qui les transportait est passé par-dessus la chaussée dans une chute vertigineuse de trente mètres, pour finir son plongeon sur une petite plage. Le drame qui a eu lieu aux environs de 6 h sur le boulevard Emir Khaled a plongé cette ville côtière dans la consternation. L'autocar venait de Aïn Bénian pour regagner la gare de Tafoura. En arrivant à la hauteur d'une crèche, il dérape sur la chaussée, glissante à cette heure de la matinée. Le chauffeur fut incapable de contrôler le véhicule fou qui sortit de la route. La scène n'a duré que quelques secondes, mais l'horreur était totale. «J'avais l'impression que la chute dans le vide n'en finissait pas», raconte l'un des rescapés qui affirme avoir vu des passagers assis à l'avant du bus, projetés dans la mer. Une vision d'apocalypse en somme. Sitôt le drame produit, les riverains interrompent leur sommeil pour accourir au secours des victimes. «Les premiers blessés ont été sauvés par des jeunes du quartier. Quelques minutes après l'accident, ils ont plongé dans la mer pour repêcher les corps des blessés», insiste un témoin encore sous le choc. Une scène qui nous rappelle le courage et le dévouement des jeunes de Bab El Oued lors des inondations qui ont touché ce quartier mythique d'Alger. Quelques minutes après, 120 éléments de la Protection civile arrivent sur les lieux. Des plongeurs, des sauveteurs et des médecins investissent les lieux du drame, en tentant de sauver ce qui peut l'être dans une ambiance surexcitée où les plaintes des blessés fusaient de partout. L'autocar complètement endommagé par le choc rend l'opération des secouristes encore plus difficile. Les hommes-grenouilles de la Protection civile et des gardes-côtes entreprennent de repêcher les corps dans une eau boueuse où la visibilité est quasi nulle. A ce propos, un autre voyageur relèvera le fait que «le bus était plein au moment de l'accident». Aussi faut-il s'attendre à ce que le bilan du drame s'alourdisse d'heure en heure. Plusieurs corps dériveront sans doute à cause des courants marins. Au premières heures du jour, un grand nombre de citoyens se masse sur la corniche. la désolation, voire la révolte se lisaient sur le visage. Mais il y avait parmi eux des personnes très inquiètes pour la vie de leurs proches qui étaient dans le bus de l'horreur. A10h 30, l'artère côtière est archi-comble. Des centaines de citoyens se sont déplacés pour avoir des nouvelles sur cet accident. Une seule question revient sur toutes les lèvres. Est-ce qu'il y des morts? Un citoyen ému dira: «Ce n'est pas la première fois que cette route fait des victimes. On a toujours interpellé les responsables pour qu'ils fassent quelque chose dans ce virage.» Selon un officier de police présent sur les lieux, «19 personnes ont été repêchées dont 10 ont trouvé la mort. Les autres ont subi des blessures légères». Interrogé sur l'identité du conducteur, le même interlocuteur ajoute: «Le chauffeur n'est, pour le moment, recensé ni parmi les victimes ni parmi les blessés. L'identification est en cours.» Sur les causes de ce drame, la police et la Protection civile n'ont pu déterminer les circonstances de l'accident. «Notre enquête va se fonder sur le témoignage des blessés. Or, ces derniers sont encore dans un état de choc», avoue l'officier de police. Les investigations techniques, pouvant repérer la vitesse du bus au moment de la chute ainsi que l'état du moteur et des pneus, n'étaient pas achevées hier matin. Cependant, les informations recueillies auprès de différentes sources plaident pour une piste fort plausible: le lieu et l'heure de ce drame corroborent cette hypothèse. La banlieue côtière de Bologhine se caractérise par un climat humide. Le taux d'humidité s'élève sensiblement à l'aurore. En plus de ce facteur naturel, le bitumage très lisse de cette route n'est pas pour arranger les choses. Ces deux éléments ont, sans doute, favorisé le dérapage de cet autocar. Cela dit, d'autres données, dont l'excès de vitesse, peuvent intervenir après l'enquête de police. Jusqu'à ce que nous mettions sous presse, les recherches se poursuivaient toujours. Dix voyageurs ont été repêchés vivants. «Huit sont dans un état satisfaisant alors que les deux autres sont dans un état grave», a indiqué, hier, une source hospitalière.
