Malgré l'abrogation de lois pour augmenter leur présence, les femmes algériennes peinent encore à s'imposer à la tête des institutions du pays. Y a-t-il un machisme institutionnel en Algérie? On est tenté de le croire au vu du nombre encore faible de femmes à la tête des institutions du pays. Malgré l'abrogation de lois pour augmenter leur présence, les femmes algériennes peinent encore à s'imposer à la tête des institutions du pays. L'Algérie ne compte que trois femmes dans son gouvernement (deux ministres et une secrétaire d'Etat). Il s'agit de Khalida Toumi, ministre de la Culture, Souad Bendjaballah, ministre de la Solidarité national et de la Famille ainsi que de Dalila Boudjemaâ secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville, chargée de l'Environnement. En plus de leur faible nombre, aucune d'elles n'occupe un ministère régalien. Ce n'est pas mieux du côté des walis, sur les 48 que compte le pays, on ne trouve qu'une seule femme! Il faut aller à la 46e wilaya du pays, Aïn Témouchent, pour trouver une femme à la tète d'une wilaya, Madame Nouria Yamina Zerhouni. Les partis politiques ne sont pas en reste de cette discrimination puisque seules deux femmes sont présidentes de partis, Louisa Hanoune secrétaire général du Parti des travailleurs (PT) et Chalabia Mahdjoubi, présidente du Mouvement pour la jeunesse et la démocratie (MJD). La gestion des affaires au niveau locale reste également une question d'hommes. Les élections locales du 29 novembre dernier ont accouché d'une souris en ce qui concerne la représentativité des femmes auprès des APC et des APW. On ne compte encore que 16,55% de femmes aux APC et 29,69% aux APW. Les autorités ont pourtant essayé d'imposer localement plus de femmes en votant une loi qui impose un quota de représentation des femmes dans les instances élues avec l'obligation de leur réserver au moins 30% des listes de candidats. Mais les contraintes sociales ont la peau dure, puisque les partis ont souffert le martyre pour pouvoir composer des listes avec ce quota. Les autorités avaient aussi imposé une loi dans le genre pour les élections législatives. Là, par contre, ça a été une belle victoire car cela à permis de constituer une Assemblée nationale à 30% féminine. 145 femmes ont fait leur entrée à la chambre basse (sur un total de 462 députés). Néanmoins, cette APN à 30% féminine ne peut cacher la réalité amère que les femmes rencontrent de nombreux obstacles pour accéder aux fonctions de gouvernance. En 2013, les barrières organisationnelles, culturelles, comportementales, prépondérance des codes masculins et déficit de réseaux, sont encore présents. Ils sont même des obstacles pour les femmes pour obtenir des postes de gouvernance. Le poids des inhibitions sociales est encore lourd. Cette situation est vraiment paradoxale dans un pays majoritairement féminin (plus de la moitié de sa population). Dans un pays où plus de 34% des femmes occupent des postes de responsabilité, 13% dans le secteur de l'éducation et 66% dans celui de la justice. C'est également un paradoxe dans un pays où les femmes sont en train de faire «une révolution tranquille» en étant chaque année plus nombreuses que les hommes à obtenir leur baccalauréat. Pour la session 2012, elles étaient plus de 60% à s'être présentées au Bac et 65,38% à l'avoir obtenu contre seulement 34,62% pour les garçons. En globalité, ces chiffres prouvent une chose, même si la femme algérienne a réussi à se frayer un chemin et à s'imposer dans la société, elle ne l'a pas encore fait dans les institutions du pays. L'Algérie reste de ce fait un pays constitué en majorité de femmes mais géré par des hommes. Les défenseurs d'une gestion «machiste» du pays peuvent dormir sur leurs deux oreilles, ce n'est pas demain la veille qu'ils auront une présidente de la République...