Le défunt Houari Boumediene avait-il raison en refusant d'aller à la rencontre du Code de la famille? Samira Kirat-Aroui, la dynamique présidente de la section correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d'Alger) a eu à traiter trois dossiers d'abandon de famille, de non-paiement de pension alimentaire et de non-représentation d'enfants. Ce dernier a été renvoyé au 18 avril 2013. En attendant, dans son regard, à la dame qui s'obstine à remettre les deux garçons à Liès S.A., leur père, il y avait comme un avertissement signifiant à peu près ceci: «Madame, votre ex-époux va se présenter chez vous à Tixeraïne pour bénéficier du droit de visite de... trois heures. Vous avez intérêt à ne plus vous dérober, car cela peut compliquer votre statut actuel d'inculpée de non-représentation d'enfants mineurs au papa et donc vous aurez des tuiles sur la tête car on ne joue pas avec la loi!». Le couple brisé prend acte du renvoi de 34 jours. Liès S.A., lui, avait sorti son mobile et commencé un véritable monologue dans la salle des «pas perdus» du tribunal. Il ne marmonnait pas. Il parlait carrément. Il dit entre autres propos audibles: «Trois heures, le temps de la visite! C'est inhumain. Je réside à Aïn Bénian. Je me déplace à Tixeraïne (Birkhadem), tu te rends comptes du temps à avaler en cours de route? Combien de temps vais-je jouer avec mes enfants? Comment la juge a-t-elle fait pour les trois heures? A-t-elle pensé une seconde à la distance à parcourir?» Le pauvre type se tait. Il éteint son portable et se dirige vers le parking de Saïd Hamdine où s'élève le minuscule tribunal de Bir Mourad Raïs qui n'a franchement rien d'une juridiction digne de la capitale. Il est vrai qu'à l'origine, du temps de l'éblouissante Yasmina Aït Hamlet, la présidente et de Krarcha, le procureur, cette bâtisse était destinée au tribunal administratif. C'était du temps de.. Mohammed Adami! 17 ans après, avec les nombreuses daïras qui versent dans le tribunal, c'est devenu un enfer. Les magistrats se marchent sur les pieds. Les avocats attendent au café du coin. Les justiciables préfèrent faire les cent pas du côté de la sûreté urbaine, de l'APC et du siège des impôts! Oui, situation intenable et Gasmi et Talbi n'y sont pour rien, surtout que ce même papa ballotté va enfin souffler lundi dernier lorsqu'il prit acte du verdict de la chambre «statut personnel» de Blida. Abdelkader Djebbour et ses deux conseillers ont préféré couper la poire en deux. L'aîné qui est âgé de deux ans sera, les week-ends chez son papa à Aïn Bénian, alors que le dernier né, moins d'une année, sera bercé par son paternel durant... deux heures! La pension alimentaire et le montant du loyer ont connu des arrangements pour ne pas trop toucher à la poche du papa. Un papa véritablement bouleversé, ébloui, agacé, à la limite de la révolte, ce qui l'a fait exclamer. «Que veut donc mon ex? Que veut son père? Que veulent ses frères? M'envoyer en taule? Ce qui explique leurs incessantes provocations», articule la face rouge pourpre de colère, le père. Un père qui a été entendu hier, tout comme son ex que le procureur avait interrogée à deux reprises. Non-représentation d'enfants et refus d'obtempérer à une ordonnance du président du tribunal et une injonction du parquet. A la sortie de Saïd Hamadine où s'élève le sinistre tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d'Alger), le papa nous a confié qu'il ne se représentera au domicile paternel de la maman qu'armé de l'arrêt de Blida. «Et là, avec toutes les forces du monde, personne ne me privera d'embrasser mes deux enfants qui restent mon unique bonheur!» conclut-il, la mine toujours défaite par les milliers de va-et-vient: Aïn Bénian-Tixeraïne-Saïd Hamdine- Bologhine (l'huissier). Et ici, nous ne pouvons passer sous silence la rancune, la haine née après le divorce car tout compte fait «les enfants ne doivent pas être des munitions» ou pire, de chair à canon sacrifiée sur le seuil de l'intolérance, du mépris, du piston à tout-va car les magistrats qui n'obéissent pas à la loi deviennent, du coup, des renégats. A bon entendeur salut!