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Une histoire d'Adèle et... Eve consacrée!
66E FESTIVAL DE CANNES
Publié dans L'Expression le 28 - 05 - 2013

Sans Abdelatif Kechiche, les deux talentueuses interprètes n'auraient pas provoqué une telle unanimité
La France aura tout à gagner à en faire son candidat aux Oscars, en 2014.
C'était un soir d'automne, dans une salle de la Femis à Paris, une projection-test était organisée afin de trouver le reste du financement pour boucler la post-production. Un film sans musique, sans générique, seulement prémixé et pas encore étalonné! Certains sortent de là la moue dubitative... La fine bouche, quoi! Après tout, c'est «encore un film sur la banlieue» avec un «rebeu» aux manettes. Billevesées! Depuis La Haine de Mathieu Kassovitz, jamais un film n'avait eu cette «percutance» dans le propos, ni cette vista dans la manière de filmer les jeunes de banlieue. On se croirait chez Coppola celui de Outsiders (le film préféré de Rachid Farès) ou carrément dans n'importe quel film de Cassavetes!
Pauvre comme Job, L'Esquive sortira en France dans une petite combinaison de salles, juste ce qu'il faut pour être admissible aux Césars... Et là, justice a été rendue à Kechiche qui «braqua» la cérémonie des Césars 2005 pour repartir avec pas moins de quatre sculptures de... César!
Malgré cela, il n'eut pas les faveurs des plateaux télés, on continua à inviter les actrices qu'il a révélées au grand public (Sarah Forestier par exemple). Ce fut pareil, avec La faute à Voltaire, La graine et le mulet (qui lança Hafsia Herzi), puis Vénus noire... Des films qui ont eu les faveurs de la Mostra, mais pas de Cannes. Et puis arrive le projet de La vie d'Adèle, mais son caractère de «sale gosse», qui est proportionnel à son talent, ayant contraint plus d'un producteur à décrocher, (alors que certains l'avaient engagé pour au moins trois films!), l'oblige cette fois à se mouiller complètement. Il monte sa boîte de production. C'est alors que Brahim Chioua, un Algérien, un des anciens Tycoon de Canal Studio, 1993-2001) qui a fondé Wild Bunch, en 2002, entre en scène, à ses côtés Vincent Maraval (celui qui a jeté cet hiver un pavé dans la mare à propos du coût de plus en plus faramineux de certains films français). Et là on se dit que le «mauvais caractère» de ce fils de maçon tunisien qui a rejoint son père à Nice, vers l'âge de 6 ans, va certainement trouver qui l'endiguer et (pourquoi pas?) l'examiner de près. Aujourd'hui, la bonne nouvelle est là, même si le tournage n'a pas été de tout repos pour nombre de techniciens, Kechiche semble avoir trouvé une oreille fraternelle qui va le mener vers des rivages plus paisibles où ses vieux démons, enfin canalisés, vont laisser la place à la seule créativité. Et c'est le cinéma mondial qui s'en portera encore mieux. Brahim Chioua, né en Algérie, confie, juste la veille du festival qu'il croit savoir d'où parle Abdelatif lorsqu'il se «cabre», il semble avoir deviné la blessure, du moins ses «origines» qui trouveraient un début d'explication dans ce refus de cette condescendance de certains à l'égard du «petit Arabe» et qui maintient Kechiche dans cette susceptibilité très... fanonienne. Gageons que Brahim Chioua, sauf imprévu majeur, sera le premier producteur à faire plus d'un film avec ce cinéaste qui vient de payer et de quelle manière son ticket d'entrée chez les grands! La France aura tout à gagner à en faire son candidat aux Oscars, en 2014. Bon, il va falloir poser un voile de pudeur tartufienne sur certaines scènes trop explicites (plutôt trop longues, oui) pour espérer intégrer le circuit des salles américaines, mais Kechiche, l'a dit à Cannes, cela ne lui poserait pas de problème de «couper», pour que le film soit vu. Et cette prise de position, ne renseigne pas essentiellement sur un état d'esprit devenu subitement moins rebelle, mais plutôt fournit une indication primordiale sur la façon dont Kechiche a «verrouillé» son film. Qui n'est pas «une histoire de deux gouines, tourné par un Arabe» comme le persiflait à Cannes, le critique beauf de circonstance. Reste que ce flot dithyrambique et cette reconnaissance suprême ne doit pas occulter la préoccupation cardinale, le public. Il n'est pas du tout certain que c'est cette version vue à Cannes qui sera celle proposée aux spectateurs, en octobre prochain. D'abord la durée (3h) n'arrange pas les affaires des salles qui se verraient obligées de sacrifier une séance et puis, Chioua et Maraval, les deux piliers de Wild Bunch auront eu le temps de trier parmi les commentaires laudateurs, élogieux et critiques, les quelques points d'achoppements qui mériteraient un détour par la salle de montage, afin de procéder à quelques réajustements plus que nécessaires. Cela éloignerait plus franchement les quelques nuages qui sont encore assez haut, mais que personne ne se doit d'ignorer, d'autant que les «réserves» feutrées, des deux actrices principales, pour le moment contenues par la belle euphorie d'un triomphe mérité, risquent de faire passer rapidement de ce beau fixe, apparent, à un probable mauvais temps. Spielberg ne s'est pas trompé en faisant monter, en même temps que le réalisateur, ses deux actrices, dérogeant ainsi à la règle. En effet, sans Léa Seydoux,, le film serait tout autre, mais sans Abdelatif Kechiche, les deux talentueuses interprètes n'auraient pas provoqué une telle unanimité. Sauf qu'en découvrant le film à Cannes, elles ont été un tantinet, remuées de constater que certains ébats (pas forcément simulés) n'ont pas été montés.
«Je pense qu'avec tous les rushes qu'il a, il peut encore faire un film. D'ailleurs, on a tourné beaucoup et longtemps», glisse Léa lors de la conférence de presse et Adèle, à son tour, de renchérir: «C'est vrai qu'avec les rushes qu'il a, Abdel peut faire plein, plein d'autres histoires, vous vous rendez pas compte!». Et puis, entre les rires qu'elle a ainsi déclenchés, elle ajoute: «Hier, quand j'ai vu le film, je ne savais pas que ça parlait de ça... Excusez-moi, mais ça pouvait parler de plein d'autres choses»...
Abdelatif Kechiche, à sa manière et en parlant de son film La vie d'Adèle, insiste sur le fait qu'il a voulu raconter «une histoire d'amour surtout!» Et donc pas un film de genre qui épouserait, à son corps défendant, l'actualité, à l'heure du mariage pour tous. Le propos de Kechiche tient la route, sauf qu'une histoire d'amour peut tout naturellement concerner deux personnes du même sexe. Alors autant ne pas réfuter une évidence qui n'est pas une tare, sinon pourquoi avoir filmé Adèle et Emma en pleine parade de la Gay Pride? Cela ne remet nullement en question cette Palme d'or amplement méritée et qui est passée, pour des raisons artistiques évidentes au film Le Passé de l'Iranien Asghar Fahradi. «J'ai guetté dans le coeur humain toutes les niches différentes où peut se cacher l'amour lorsqu'il craint de se montrer, et chacune de mes comédies a pour objet de le faire sortir d'une de ses niches», écrivait Marivaux, inspirateur de L'Esquive, Abdelatif Kechiche aura, d'ici le 9 octobre prochain date de la sortie en salles de La vie d'Adèle, pour sortir et à son tour, son intention originelle de sa... niche!
Palmarès
Palme d'Or: La Vie d'Adèle, de Abdelatif Kechiche
Spielberg: «Cette distinction, récompense trois artistes Adèle, Léa et Abdel''.»
Grand Prix: Inside Llewyn Davis, de Joel et Ethan Coen
Prix du scénario: The Touch of sin, de Jia Zhang-ke
Prix de la mise en scène: Heli, d'Amante Escalante
Prix du jury: Tel père, tel fils, de Kore-Eda
Prix d'interprétation féminine: Bérénice Béjo dans Le Passé, d'Asghar Farhadi
Prix d'interprétation masculine: Bruce Dern dans Nebraska, d'Alexander Payne
Caméra d'or (récompense un premier film): Ilo Ilo, d'Anthony Chen.


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