Il a utilisé tous les recours jusqu'à leur épuisement Avec ce précédent, il faut s'attendre à ce que les poursuites entamées contre l'ex-ministre de l'Energie Chakib Khelil et Farid Bedjaoui, neveu de l'ancien chef de la diplomatie algérienne, Mohamed Bedjaoui, aillent à leur terme. A qui le tour? Tous les indices concordent en effet pour affirmer que les derniers scandales qui ont éclaboussé la compagnie nationale des hydrocarbures ne seront pas mis sous l'éteignoir. L'extradition de l'ancien golden boy algérien en témoigne. Plus personne n'y croyait pourtant jusqu'à son annonce officielle. La procédure avait traîné en longueur. Moumen Khalifa ayant utilisé tous les recours jusqu'à leur épuisement. Désormais, entre les mains de la justice algérienne, il faut s'attendre à ce qu'il bénéficie d'un procès équitable. Reconnu coupable d'association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds, faux et usage de faux dans l'affaire de la faillite de Khalifa Bank, l'ancien homme d'affaires, Rafik Abdelmoumène Khelifa avait été condamné à la prison à vie par contumace. Le verdict sera-t-il plus clément cette fois-ci? La justice britannique très sourcilleuse sur le plan des droits de l'homme croit au déroulement d'un procès juste. L'acceptation du Royaume-Uni d'extrader vers l'Algérie Rafik Abdelmoumène Khalifa reposait sur la présentation par la justice algérienne, d'un dossier «à la fois bien motivé en fait en droit et appuyé sur des pièces et des documents probants», a indiqué le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh). Cette acceptation signifie également, que la justice algérienne a acquis sur le plan international, «toute la crédibilité nécessaire quant à l'impartialité et la rectitude dont elle est capable, les droits de la défense de la personne extradée étant à la fois garantis et susceptibles d'être pleinement exercés sans la moindre restriction», a fait remarquer Farouk Ksentini. Des propos renforcés par le communiqué de la justice britannique qui estime que «même si le système judiciaire algérien est différent du système britannique, il offre les garanties exigées par la Convention européenne des droits de l'homme en matière de procès équitable». Comment interpréter l'extradition de l'ex-milliardaire algérien? «On ne peut mieux, que si elle ne l'est déjà, l'Algérie se rapproche de l'Etat de droit qu'elle ambitionne de devenir», a souligné le défenseur des droits de l'homme qui reste convaincu que cet événement allait servir à «clôturer l'année qui s'en va et à entamer celle qui vient avec optimisme s'agissant indubitablement d'un rare bonheur judiciaire». Avec ce précédent, il faut s'attendre à ce que les poursuites entamées dans l'affaire Sonatrach contre l'ex-ministre de l'Energie, Chakib Khelil et Farid Bedjaoui, neveu de l'ancien chef de la diplomatie algérienne, Mohamed Bedjaoui, aillent à leur terme. Il faut rappeler que le mandat d'arrêt international lancé contre eux touche aussi l'épouse de l'ex-ministre de l'Energie, leurs deux enfants et quatre autres personnes (dont les identités n'ont pas été révélées, Ndlr) qui sont poursuivies pour «corruption, trafic d'influence, abus de fonction, blanchiment d'argent et direction d'une association de malfaiteurs et d'une organisation criminelle transnationale». Cette affaire aux ramifications tentaculaires a déjà emporté dans son sillage pas moins de 14 cadres de la compagnie dont Mohamed Meziane ex-P-DG de Sonatrach et ses deux fils, le directeur exécutif des activités centrales, la directrice du bureau d'études, le directeur du groupe allemand FunkwerkPlettac Contel et l'ancien directeur général du CPA. «Dans le cadre du respect de la loi, la justice avance lentement, mais sûrement pour resserrer l'étau autour de la pieuvre dont les tentacules sont désormais apparentes... 90% de ceux qui y sont impliqués sont désormais connus... certains sont entre les mains de la justice alors que d'autres font l'objet d'avis de recherche international» avait déclaré à la presse l'ex-garde des Sceaux, Mohamed Charfi. L'extradition de Rafik Abdelmoumène Khalifa est annonciatrice d'un effet domino qui doit attester de la crédibilité de la justice algérienne.