C'est la première fois depuis l'instauration du multipartisme que l'aspect sécuritaire n'est pas évoqué lors d'une élection présidentielle. Et c'est tant mieux! A défaut de vrais discours politiques, la campagne électorale de la présidentielle 2014, a été riche en enseignements! Force est de constater qu'elle a été le reflet d'une société qui réapprend à vivre. En effet, le cheval de bataille des candidats a été l'aspect social. Logements, emplois, santé, éducation, jeunesse, loisirs...ont été les axes principaux des programmes des six candidats. Ils ont ainsi essayé de répondre aux aspirations de cette nouvelle Algérie qui aspire à une vie meilleure. D'ailleurs, c'est la première fois depuis l'instauration du multipartisme que l'aspect sécuritaire n'est pas évoqué lors d'une joute présidentielle. Les fameux «éradiquer le terrorisme, ou encore le terrorisme résiduel», ont disparu du lexique des candidats. Ce jargon guerrier ne fait plus partie du langage de campagne, et c'est tant mieux! Car cela démontre une évolution positive de la société algérienne où la sécurité est un acquis. Cela sous-entend que la société a d'autres préoccupations liées à son quotidien du point de vue socio-économique. La société a donc évolué et ses besoins aussi. La politique internationale est également portée disparue de cette campagne électorale. Seul sujet lié à l'international, est la fameuse menace de la main étrangère et la visite du secrétaire d'Etat américain, John Kerry. Mais bon, on ne peut pas considérer cela comme de la politique internationale...Cette déconnection des programmes de la politique internationale démontre la réalité d'une population où les tracas quotidiens ont pris le dessus sur le reste. L'Algérien s'intéresse à ce que le candidat va lui apporter de concret, qui touche directement à l'amélioration de sa vie quotidienne. Pour le reste, il laisse Lamamra s'en occuper... Toutefois, malgré ces discours qui essaient de répondre à l'aspiration du peuple, il n'y a pas eu de travail de proximité de la part des candidats et leurs équipes de campagne. Le discours est en contradiction totale avec la réalité. Pour le porte-à-porte, il faudra revenir après. Les candidats se sont contentés de meetings populaires. En plus de la pauvreté du discours politique, la cuvée 2014 révèle un manque flagrant de marketing politique. Même le traditionnel affichage a été fait à l'emporte-pièce. Les candidats n'ont même pas été capables d'utiliser convenablement cette technique d'un autre âge. La communication électorale a été un désastre. On n'a pas vu de gourous de la communication capables de faire admettre à l'opinion publique un nouveau candidat fraîchement sélectionné. En effet, nous manquons de spécialistes en marketing politique qui peuvent installer une personnalité au coeur de la vie politique, non pas comme un simple produit de consommation courante, vite posé, vite oublié, mais comme une «marque» destinée à durer et à être déclinée au moment opportun. Le Jacques Séguala, créateur de «La force tranquille», le slogan qui a porté François Mitterrand à la présidence de la République française en 1981, n'est pas pour cette présidentielle. Tout comme un Chris Hughes, cofondateur et porte-parole de Facebook, qui a fait des réseaux sociaux un outil de propagande politique d'où a jailli le président Obama. D'ailleurs, les réseaux sociaux qui auraient pu être un moyen de propagande électorale très efficace, ont été négligés. Les sites Internet des candidats et leurs pages Facebook, ont manqué de visibilité, mais surtout d'interactivité. Ils n'ont pas joué leur rôle de rapprochement avec les électeurs, étant donné qu'ils ont été utilisés de façon très classique. Pis encore, certains comme Abdelmalek Sellal se sont même fait «déborder» par ces réseaux sociaux qui sont devenus l'ennemi de leur campagne. Alors qu'en faisant le «buzz» en début d'année avec ses «bourdes», l'ex-Premier ministre aurait pu sauter sur l'occasion, happer cette notoriété acquise malgré lui, la retravailler et en faire un bijou de com. Mais...! Nous manquons donc de tous ces ingrédients pour fabriquer un président. Nous nous contentons de ce qui sera servi par les réseaux politiques traditionnels. Dans l'ombre, ils savent concocter des mélanges finement dosés et qui respectent les équilibres des... saveurs de ceux qui pensent à notre place. A chaque pays ses Séguala et ses Chris Hughes...