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"La mixité est perçue comme quelque chose d'étrange"
AURORE VINOT, PHOTOGRAPHE, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 17 - 04 - 2014

Lyria et Safouane, couple algéro-syrien (ph Aurore Vinot)
Makeda est son premier projet photographique en tant qu'artiste indépendante. Makeda, est le nom de la reine de Saba, reine noire d'Ethiopie qui eut une idylle avec le roi Salomon, roi juif d'Israël. C'est également le titre d'une chanson des Nubians qui raconte cette union atypique et qui a marqué l'adolescence de cette artiste photographe indépendante, anciennement photo-journaliste. Libre dans sa tête et dans ses mouvements, il n'a pas fallu beaucoup pour Aurore Vinot à se lancer dans ce fou projet, à la recherche de couples mixtes. Cela n'a rien de farfelu quand on sait le degré d'intolérance qui prévaut encore dans certains pays, notamment en Afrique. Commencé en Algérie, c'est ainsi qu'elle est revenue la semaine dernière pour boucler la boucle. Mais pourquoi l'Algérie en particulier et qu'en est-il de l'avenir de ces saisissantes photos en noir et blanc qui deviendront assurément, avec le temps, un très beau témoignage vivant de nos sociétés en devenir? La délurée Aurore nous répond...
L'Expression: Aurore Vinot, vous êtes en Algérie dans le cadre du projet Makeda Mixted Couple. Un projet qui vous a fait sillonner plusieurs pays dans le monde à la recherche de couples mixtes. Aujourd'hui, votre aventure humaine en Algérie. Tout d'abord, peut-on savoir en quoi consiste ce projet et sa genèse?
Aurore Vinot: C'est un projet sur la mixité culturelle, sociale, religieuse qui aborde différentes définitions de la mixité. Pour la petite anecdote, j'ai commencé en Algérie puisque j'y suis déjà venue, il y a deux ans pour débuter les repérages et faire des photos de familles kabyles qui avaient certains membres de leurs familles exilés en France. Je suis venue en Algérie, car je savais que ça devait avoir un lien avec plusieurs pays, notamment la France où j'habite. Je suis Parisienne. En France, les premiers couples mixtes en termes de mariage et de chiffres de satirique sont les couples franco-algériens. On est habitué à ce genre d'histoire de couples qui se sont rencontrés en France et qui ont des liens avec l'Algérie, la Kabylie. Je voulais voir dans le pays algérien de quelle façon cette mixité est abordée. En général, c'est différent de la façon dont elle est abordée en France. C'était intéressant pour moi d'avoir un regard croisé. J'avais débuté ici il y a deux ans. Je n 'avais pas eu trop de couples mixtes, car je m'étais rendue compte que c'était assez compliqué de parler de ce sujet. Donc je suis venue en repérage, ensuite j'ai voyagé beaucoup, notamment au Liban, en Afrique du Sud etc. Pendant deux ans, j'ai eu beaucoup de chroniques en France, au Liban, à Beyrouth où l'idée est née puisque c'est une société multiconfessionnelle et où l'absence de mariage civil empêchait les unions entre religions différentes. En Afrique du Sud où la mixité de couleur est forcément une problématique importante dans une société post-Apartheid sachant que j'ai vécu deux ans là-bas et que je connais très bien ce contexte. Je suis partie aussi au Congo Brazzaville et en Indonésie, à Bali. Pendant ces deux ans, j'ai collecté ces histoires, ces définitions. Mon approche consistait à tracer le portrait de ces personnes lors de mes rencontres, cela veut dire que c'est assez subjectif. Je ne donne pas une idée définie de la mixité. Chacun de par son histoire m'apporte une expérience, une vision et puis je demande aux gens un endroit où ils veulent se faire photographier. Un endroit qui parle de leur histoire, leur rencontre, leur culture, et donc je suis ravie de terminer ce projet en Algérie, deux ans après. Ce sont les dernières séries étrangères et après, on monte l'exposition en France.
Cette expo sera visible en France, mais vous avez déjà un blog qui permet l'accès à plus de visibilité à vos photos, votre travail...
Tout à fait, je tiens un blog où je diffuse au fur et à mesure certains portraits, pas l'intégralité parce qu'il faut garder de la matière pour l'exposition. Mais j'essaie de montrer tout de même les personnes qui ont été interviewées, je poste quelques photos, chroniques, articles autour de cette thématique de la mixité et puis l'idée de Makeda c'est vraiment autour de l'interculturalité. Donc ce n'est pas uniquement les couples. C'est aussi les villes dans lesquelles ils habitent, les paysages etc. On essaie de retracer les villes, les endroits. Pour tous les pays, il y a des scènes de la vie quotidienne, des choses qui m'ont marquée. C'est vraiment des chroniques, dans le sens d'un carnet de bord de ces histoires qui ont un caractère international et qui montrent parfois des contextes géopolitiques importants comme c'était le cas du couple syrien marié dont l'épouse est Allemande à Beyrouth, au Liban...
L'Algérien souffre d'un souci au niveau de l'image. Avez-vous rencontré justement cette problématique lors de votre quête de couples mixtes ici?
Effectivement, c'est vrai que la première fois quand je suis venue en Algérie, je m'étais confrontée à ce rapport à l'image, que j'ai trouvée assez étrange et qui relève de la peur dans le sens où les gens avaient peur de se faire photographier. C'était quelque chose qui n'était pas naturelle pour eux et j'ai essuyé pas mal de refus. C'est pourquoi je m'étais dit qu'il fallait que je revienne en Algérie pour terminer mon projet. J'étais déjà passionnée par ce pays et j'avais très envie d'y revenir. Je voulais absolument que des personnes puissent accepter et partager cette idée. Donc ça était un peu compliqué. J'ai senti plus de facilité à Oran qu'à Alger où il y avait quand même des réticences et où des gens ne comprenaient pas l'intérêt vraiment de ces photographies. Il y a eu des difficultés. J'ai dû tisser des liens de confiance avec les couples que j'ai rencontrés. J'ai essayé de passer par des gens que je connaissais pour qu'ils soient rassurés sur mon travail, sur la légitimité du projet. Je suis dans l'intimité des gens, certes, mais on est vraiment sur des photos qui vont montrer leur quotidien, leur univers, mais qui ne vont pas faire d'ingérence malsaine. Il fallait vraiment les rassurer, les accompagner et donc instaurer beaucoup de dialogue et de discussion. La plupart des photos ont été faites à Oran. Il y a quand même des photos à Alger. Mais à Oran, ce qui était agréable, c'était de prendre le temps de découvrir la ville grâce à eux. C'est pour cela que Makeda en général c'est une exploration, pas uniquement des portraits. C'est une exploration de villes, de pays et du coup, il y a ce côté errance. On montre les endroits qu'ils aiment, on se balade et c'est cette confiance qui s'installe qui permet de faire des photos plutôt naturelles et plutôt intimes
Y aurait-il l'espoir de voir cette expo à Alger ou Oran, en Algérie en tout cas?
Il y a le souhait effectivement de montrer ces photos en Algérie. Pour l'instant, la priorité est de monter la grosse expo à Paris. Il y a aussi forcément l'idée de faire un livre, d'avoir ce projet d'édition donc qui rassemble toutes ces chroniques, mais il y a deux pays dans lesquels j'aimerais faire voyager cette expo qui sont effectivement l'Algérie et l'Afrique du Sud puisque j'y ai vécu là-bas et c'est un pays pour lequel j'ai un attachement très fort et qui est très intéressé par cette problématique de la mixité. Parce que, au-delà du niveau sentimental, c'est vraiment symbolique d'une société nouvelle qui dans ses rapports humains et sentimentaux, offre un nouveau visage du pays. Si en Algérie les gens refusaient de se faire photographier, c'est parce que la mixité est encore perçue comme quelque chose d'atypique qui peut être dérangeante et qui bouscule les codes de la société. C'est en cela que le sujet est intéressant parce qu'il montre des codes qui sont parfois bousculés et/ ou avec lesquels on s'arrange. Ça parle de cette société, de ses repères et de la façon dont le regard des autres est perçu, comme quelque chose d'étrange...


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