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«Une beauté qui existe bel et bien»
ABDELKHALEK LABBIZE. PHOTOGRAPHE
Publié dans El Watan le 18 - 01 - 2014

Le site «Couleurs d'Algérie» a désormais dix ans. Récit d'une aventure avec la photographie.
- D'où vous est venue l'idée de créer le site «Couleurs d'Algérie» ?

A la fin des années 90', j'envisageais d'émigrer au Canada. J'ai commencé à faire des photos d'Alger et de ses environs, histoire de prendre des souvenirs, que mes enfants connaissent au moins leur ville. Finalement, je ne suis pas parti mais j'envoyais mes photos à des amis et de la famille à l'étranger. Ce sont eux qui m'ont incité à créer un site. En 2004, j'ai commencé avec une quarantaine de photos. A l'époque, la plupart des photos de l'Algérie en ligne étaient en noir et blanc et dataient de l'époque coloniale. Ceux qui géraient cette image étaient surtout des pieds-noirs. J'ai donc appelé mon site «Couleurs d'Algérie» par opposition à ce noir et blanc. Il n'était pas question que les internautes s'imaginent que l'Algérie s'était arrêtée en 1962. Prenez Alger, la plus européenne des villes algériennes. Aujourd'hui, la partie européenne ne représente que très peu de choses. La ville a grandi et son paysage urbain est complètement transformé.

- Quels types de publics viennent voir vos photos ?

Au début, c'était surtout les proches et puis, petit à petit, le site a été vu par des internautes du monde entier. Les statistiques montrent qu'en dehors de l'Algérie, les visiteurs viennent des pays à forte communauté algérienne. Dans l'ordre, les internautes se trouvent dans les pays suivants : France, Algérie, Canada, USA, Grande-Bretagne, Espagne. Si vous prenez les chiffres de l'émigration, ça se recoupe. C'est la nostalgie du pays. Il y a aussi les pieds-noirs. Mais ils ne connaissent pas vraiment l'Algérie. La situation sécuritaire en temps de guerre et les moyens de transport ne leur permettaient pas de bouger. D'autre part, les «territoires arabes» ne les intéressaient pas. Il y a aussi des étrangers qui découvrent une autre image de l'Algérie que celle, relayée dans les médias, de la décennie noire.

- Quelles sont les réactions qui vous ont marqué ?

On ne se rend compte de la beauté du pays que lorsqu'on le quitte. De plus, nous sommes dans une période de sinistrose. Les gens ne remarquent que ce qui est sale et délabré. Ca existe certes, mais il y a aussi de la beauté. Voyant des photos de l'axe Larbi Ben Mhidi, des gens m'ont dit : «On passe par là tous les jours, mais on n'a jamais pensé à lever les yeux». Et puis, quand on vit dans une ville, on a tendance à penser que le paysage ne changera pas : si on ne le regarde pas aujourd'hui, on le verra un autre jour. Mais les choses changent et disparaissent plus vite qu'on ne le croit.

- Faites-vous de la photo d'art ou de carte postale ?

C'est exactement le mot : photo de carte postale et je le revendique. Mon but au départ est de garder un souvenir agréable de ma ville. Cela dit, mes photos reflètent une beauté qui existe bel et bien. Je veux inciter les gens à la regarder. C'est aussi un moyen de faire aimer la ville et d'inciter à l'entretenir. On dit que la Suisse ou le Canada sont de beaux pays. Mais par quel moyen a-t-on construit l'image de ces pays ? Par des images de carte postale. Pourquoi n'aurais-je pas le droit de le faire pour
l'Algérie ? Est-ce que la photo d'art va fédérer autant ? C'est une approche plutôt élitiste. Moi, je vise la majorité. Je ne suis pas un artiste, mais un rapporteur. Avant d'arriver à la grande littérature, il faut commencer par le roman de gare. Après, vous aurez 80% de lecteurs qui continueront à lire du roman de gare, et les autres qui iront vers des genres plus élevés.

- Vous a-t-on reproché de ne montrer qu'une image favorable de l'Algérie ?

Oui. On m'a même traité de «photographe du système», de photographe «taâ doula» (au service du Gouvernement ndlr). Ma réponse est simple : si vous voulez que je vous photographie, viendriez-vous décoiffé et mal
rasé ? Non, vous voudrez vous montrer sous votre meilleur jour. Je fais la même chose avec mon pays. Il y a des reporters pour dénoncer ce qui ne va pas et c'est une très bonne chose. Mais ce n'est pas mon but. J'essaie de réconcilier les gens avec leur pays. Pourquoi la communication sur l'image de l'Algérie serait-elle l'apanage de l'Etat ?

- Le web plutôt que les expositions, un moyen de toucher un plus grand public ?

Aujourd'hui, j'en suis à plus de 2 millions de visiteurs. Impossible de faire autant avec des expositions. De plus, l'internaute prend tout le temps de voir et de revoir les photos. J'ai même ajouté un accompagnement musical. Mis à part une récente exposition sur Khenchela, j'ai toujours refusé. Les gens passent, regardent et s'en vont. Et puis, cela demande beaucoup de temps de préparation pour toucher au bout du compte un public restreint.
Réaliser un beau livre serait par contre intéressant.

- Signe du succès, vos photos sont souvent piratées. Comment réagissez-vous à cela?

Quand c'est un individu, ce n'est pas grave. Mais quand il s'agit d'institutions, j'écris systématiquement pour le signaler. Il arrive que, par inadvertance, la photo soit reprise d'un internaute qui l'avait lui-même piratée. Mais certaines de nos ambassades ont préféré supprimer les photos plutôt que de mentionner le copyright ! Par ailleurs, des manuels scolaires marocains ou libanais, qui en ont demandé l'autorisation, utilisent mes photos. Par contre, l'ONPS ne m'a pas demandé d'autorisation pour les utiliser dans les manuels algériens. Dommage, je leur aurais donné les images en haute résolution et le résultat aurait été bien meilleur. Nos enfants le méritent.

- Quelles difficultés rencontrez-vous ?

Les agents de sécurité qui font de l'excès de zèle dans les lieux publics et l'interdiction de prendre des photos dans les musées et sites archéologiques. Pourtant, l'arrêté de février 2013, qui instaure de nouveaux tarifs, autorise les photos sous réserve d'avoir l'accord du directeur. Mais sur quelle base peut-il donner son accord ? J'ai pu photographier au MAMA, mais pas au Bardo. La même règle devrait pourtant s'appliquer dans tous les lieux publics. Pour les sites archéologiques, le plus simple est de photographier sans autorisation. Disons que je veux photographier le site de Djemila pendant le week-end. Il faut aller en semaine au siège de la wilaya, faire une demande, attendre qu'on vous réponde, pour enfin faire une photo. C'est-à-dire jamais. C'est une situation insensée. Ce que j'ai proposé, et qui existe ailleurs, est de faire payer un supplément pour le droit de photographier.

- Votre photo préférée ?

C'est un jeune guitariste au Bastion 23. Une photo à contre-jour. Au moment où je l'avais prise, je savais qu'elle serait très bonne. J'ai un attachement particulier pour elle et je l'ai en face de moi au bureau. Il y a aussi les photos de la mosquée l'Emir Abdelkader à Constantine et puis les portraits de ma fille qui a appris à poser pour me faire plaisir. Pour moi, une belle photo dépend du cadrage (il faut qu'elle contienne tous les éléments qui m'intéressent). Il y a deux types de photos dans mon travail : le témoignage qui sert à montrer un lieu et puis les prises plus émotionnelles qui dépendent de la lumière, des couleurs… Ma meilleure photo est celle que je n'ai pas faite : une SDF, à Tafourah (en bas de la Grande Poste d'Alger, ndlr), avec un habit aux couleurs chamarrées, s'était jetée dans les bras d'une personne qu'elle retrouvait.
J'étais tellement ému par cette image que je n'ai pas pu prendre mon appareil !


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