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Les nouvelles filières du commerce d'armes
LA BANDE DU SAHEL ALIMENTE LES MAQUIS ALGERIENS
Publié dans L'Expression le 24 - 05 - 2004

Le no man's land que représente le vaste univers sahélien commence à inquiéter sérieusement.
L'épisode du Gspc au Mali, au Niger, puis au Tchad, a eu le mérite de percer à jour le mystère qui enveloppait les routes et les cheminements des armes légères pour arriver jusqu'aux maquis algériens du Nord. Selon un responsable militaire de la 5e Région, «le même type d'armes légères, qui a été retrouvé à Jijel et dans les Babors, a été retrouvé aussi chez les terroristes dans l'Ouest algérien, à Saïda, à Relizane et à Sidi Bel Abbès. Or, les deux organisations armées activant à l'Est et à l'Ouest, c'est-à-dire le Gspc et le Ghds, sont situées aux antipodes. Cela ne peut s'expliquer que par le fait que les deux groupes armés se dotent en matériel militaire et en armement chez les mêmes fournisseurs».
L'épisode de la fourniture en armes au profit du GIA à partir de l'Europe a pris fin en 1995. Ces armes passaient des pays européens en Algérie en empruntant les frontières poreuses du Maroc. Tout se faisait grâce à l'activisme des élus du FIS solidement implantés en Europe, en Italie notamment. Cet itinéraire semble avoir pris fin en 1995 avec l'élection de Liamine Zeroual et le semblant de légitimité que l'Etat algérien retrouva.
A partir de 1996, de nouvelles routes sont tracées et les maquis du Nord algérien sont submergés de tous types d'armes : armes de poing, kalachnikovs, RPG7, FMPK, lance-roquettes...
La bande du Sahel, qui s'étend du Sénégal et de la Mauritanie au Soudan et à l'Ethiopie devient la région qui fournit le plus d'armes aux maquis algériens. En seconde position vient la filière libyenne qui alimente aussi la rébellion au Niger, au Tchad et au Soudan.
Rouim et MBM
Dès le début de l'escalade de la violence en Algérie, deux noms s'imposent comme cheville ouvrière de l'achat des armes chez les groupes rebelles sahéliens au profit du GIA, puis à partir de 1998, au profit du Gspc.
Rouim est le roi de la «filière Marlboro», vaste réseau de cigaretiers spécialisé dans le commerce illégal de la marque de cigarettes Marlboro, contrefaites dans les pays asiatiques et acheminé vers l'Afrique sahélienne. Mokhtar Belmokhtar, communément appelé MBM par les militaires chargés de le traquer, travaille sur le long terme. Grâce à un parc automobile constitué d'une vingtaine de véhicules 4x4 tout-terrain, volés aux touristes et aux bases-vie de la Sonatrach dans le Sud, à l'appui d'une cinquantaine d'hommes à cheval entre le politique, le religieux, le banditisme et la contrefaçon, MBM, natif de Ghardaïa et chef de guerre pour la zone 8 au profit du GIA, puis du Gspc, devient le véritable «émir du désert». L'argent ainsi amassé permettait aussi de s'acheter des alliances sûres au Mali, au Niger et au Tchad. Les convois de marchandises en route vers Béchar, Tamanrasset, Bordj Badji Mokhtar, In Guezzam et Tindouf, villes algériennes situées aux extrêmes des frontières sud, sont systématiquement pillés, détournés au profit des bases-arrière de MBM.
A partir de 2001, les militaires escortent les convois et la Gendarmerie nationale créent deux escadrons routiers, l'un à Tamanrasset, l'autre à In Guezzam. Ainsi, le Sud retrouve une relative accalmie et MBM doit errer plus au Sud encore, entre le Mali et le Niger.
Pour donner un ancrage durable à son groupe dans la région du Sahel, MBM permet à ses hommes d'y prendre femme. Mieux, il rallie à sa cause beaucoup d'autochtones, qui lui assurent, moyennant argent, des replis sûrs, des caches fiables et des no man's lands sécuritaires.
Au Mali, l'un des cinq pays les plus pauvres au monde, les autorités tentent de minimiser les liens de groupes locaux avec le Gspc, mais semblent dépassées par les enjeux. Le laxisme des autorités locales envers les groupes armés durant de longues années, n'a d'égal que l'empressement avec lequel elles essayent aujourd'hui de jouer la carte antiterroriste avec les Etats-Unis. La localité d'El-Khalil, située à 140 km au nord de Tessalit, était une véritable «zone franche» ouverte au commerce d'armes, de véhicules volés, de devises, notamment le dollar et le franc français, et aux candidats à l'émigration vers l'Europe via l'Algérie.
Malgré l'immensité de ses frontières avec le Mali, le Niger et la Mauritanie, l'Algérie refoulait chaque année quelque 11.000 hommes et femmes, venus de 19 différents pays africains, vers leur pays d'origine, constituant de la sorte, un véritable «bouclier» pour l'Europe et les Etats-Unis.
Les inquiétants émirs du Sahel
Entre la Mauritanie et le Soudan, et chevauchant pendant de longues années la bande nord et sud du Sahel, vivent les émirs du Sahel, ces inquiétants chefs de groupes rebelles, de mouvements d'opposition armée, de trafiquants de tout acabit, de touaregs séparatistes et de militaires recyclés dans la contrebande.
Ancien fief de la rébellion targuie au Mali, l'Adrar des Iforas, qui déborde sur l'Algérie, constituait jusqu'en 2000 le repaire par excellence pour les terroristes de tout bord. Kidal était un haut lieu de prosélytisme islamiste, et c'est à partir de là que les premiers noyaux affiliés à Al-Qaîda se formèrent.
Le commerce d'armes était l'axe central de toute ébullition humaine. Chaque groupe disposait de suffisamment d'armement pour tenir en respect tout ennemi et repousser toute attaque. Un document interne du Grip, élaboré par son directeur, Bernard Adam, sur le commerce et le transfert des armes conventionnelles et les armes légères, accable plusieurs pays africains, dont le Mali, le Soudan et l'Erythrée, tous trois faisaient partie des pays du Sahel. En fin 2002, les rapports des responsables de la sécurité américaine qualifiaient le Mali, le Niger, le Tchad et la Mauritanie de «pays fragiles et particulièrement exposés à des pénétrations terroristes».
Le «suivi de situation» américain avait permis de croire, au lendemain des attaques de Nairobi et Dar Es-Salem, en 1998, que «le Sahel serait utilisé comme rampe de lancement par des groupes fondamentalistes pour frapper les intérêts occidentaux». Telle est encore aujourd'hui la hantise des Etats-Unis...
Parmi les armes récupérées sur le convoi qui remontait du sud de Tamanrasset vers le Nord algérien, on a pu établir avec certitude qu'il y avait là un lot qui a servi à l'armée malienne et qui avait été volé récemment. Le Niger aussi a souffert de disparition d'armes, et qui avaient été vendues à des groupes armés.
Ce genre de transactions est commun dans les pays du Sahel, et beaucoup d'anciens officiers, recyclés dans la rébellion, ou l'opposition, font commerce avec les armes volées à des casernes mal surveillées ou des détachements militaires mal formés.
Au Tchad aussi, le constat ne diffère pas beaucoup et un lourd armement qui a été acheté par le régime de N'Djamena se trouve aujourd'hui dans le Tibesti entre les mains de l'aile radicale du Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (Mdjt). A tous ces problèmes locaux, s'est ajouté pour le Tchad le déversement de 110.000 réfugiés soudanais qui ont fui l'enfer du Darfour, où en moins d'un an, on a dénombré 10.000 morts et plus de 650.000 déplacés. Les populations visées sont les tribus Fours et Zaghawas, suspectes de sympathie avec les rebelles.
Le Soudan, de toute la bande du Sahel, reste la plaque tournante du commerce d'armes à grande échelle. La présence du groupe d'Abderrezak El Para au Tchad au début mars 2004 est déjà significative en elle-même. Pour venir à bout des rebellions, Khartoum mobilise les grands moyens : hélicoptères de combat, chasseur Mig et gros porteurs Antonov, transformés en bombardiers de fortune, attaquent régulièrement le djebel Marra, principal refuge des rebelles, le nord de la région et la frontière du Tchad.
Craignant aujourd'hui les commissions d'enquête onusiennes qui suspectent un génocide au Darfour, Khartoum «sous-traite» la guerre et ce sont des milices tribales arabes, appelées les Jinjawit, qui sèment la terreur : à dos de cheval ou de chameau, ces «seigneurs de la guerre» exécutent les hommes, violent les femmes, enlèvent les enfants et volent le bétail. Et à la première accalmie, ils passent au Tchad où ils vendent les armes à moindre coût...
L'ombre d'Al-Qaîda
«Al-Qaîda est opérationnelle en Afrique. C'est pourquoi, nous essayons d'avoir des bases sur le continent», avait affirmé, fin février dernier, à Dakar, le général Charles Wald, commandant adjoint des forces américaines en Europe.
Depuis le début de l'année 2003, des forces spéciales américaines avaient pris position dans la bande désertique du Sahel et aux zones frontalières des pays limitrophes, dont l'Algérie. L'objectif est d'empêcher que des organisations terroristes ne se forment rapidement avant de prendre d'assaut des intérêts américains.
Mais il semble bien que la solution ne soit pas aisée, malgré quelques opérations aux résultats satisfaisants, comme l'opération d'In Guezzam puis celle du Tibesti, au Tchad. Le passage de l'émissaire yéménite de Ben Laden, Imad Alouane, date de 2001. Ce représentant d'Al-Qaîda a sillonné toute la bande du Sahel, contracté des alliances et acheté des appuis, avant de tomber dans une embuscade tendue par des militaires, en septembre 2002, à Batna, avant même de rencontrer celui qu'il était venu voir : Hassan Hattab, le numéro un du Groupe salafiste pour la prédication et le combat.
Les zones de guerre du Soudan, du Tchad, de l'Ethiopie, de l'Erythrée et de la Somalie et, par le passé, du Mali et du Niger, ont permis à tout ce vaste monde rebelle de la bande du Sahel d'acquérir, à bon marché, des armes automatiques légères à porter et qui tuent à coup sûr.
Dans certaines régions du Sahel, les fusils d'assaut AK-47, de fabrication soviétique, convoités pour leur facilité d'usage et leur puissance de tir, s'achètent pour la somme dérisoire de 6 dollars la pièce ou s'échangent contre un poulet ou un sac de céréales. En 1999, la Croix-Rouge a estimé que les habitants de la seule capitale somalienne, Mogadishu (1,3 million) possédaient plus d'un million de fusils, sur environ 550 millions d'armes légères en circulation dans le monde.
Mais souvent, les armes survivent aux conflits, et les armes, qui ne servent plus à tuer au Mali et au Niger, au Tchad et au Soudan, et même en Libye, qui exporte ses armes vers ses voisins du Sud, servent au commerce et au troc. Et c'est ainsi, par ce cheminement logique de la nécessité et du hasard, que les armes se dirigent vers les maquis algériens. El Para et MBM ne sont que deux noms connus et surmédiatisés. Les vrais commerçants d'armes vivent et meurent anonymes, inconnus. Seule reste connue la guerre qui a été la leur.


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