Le client de Maître Nawel Hamroune n'avait sur lui que des cachets psychotropes à...consommer! Maître Nawel Hamroune, l'avocate de la ville des Oranges n'a pas l'habitude de se faire du mouron après chaque réquisitoire du parquetier. Pourtant, cette fois-ci, un frisson avait parcouru la colonne vertébrale. L'avocate venait d'entendre un assommant réquisitoire avec des demandes encore plus assommantes que la quantité trouvée sur Saïd. M.,le détenu qui tenait debout par un mini-miracle venu à la seule vue de Maître Hamroune dont le seul regard réconfortait l'inculpé. Et le regard du défenseur est plutôt fixé sur l'article 12 de la loi n°04-18 du 25 décembre 2004 qui dispose que: «Est punie d'un emprisonnement de deux mois à deux ans et une amende de 5000 DA à 50.000 DA, ou l'une de ces deux peines, toute personne qui, d'une manière illicite, consomme ou détient à usage de consommation personnelle des stupéfiants ou des substances psychotropes.» Cette personne qui sniffe ou qui a sur elle des joints est avertie. L'avocate s'est souvenue du «12» au lieu du «17» qui lui va sur les dealers carrément, car ici il ne s'agit plus de deux mois, mais de dix ans d'emprisonnement et d'une amende allant de 5 millions de centimes à 50 millions de centimes. De quoi faire dresser les cheveux sur la tête. C'est pourquoi, au moment où l'inculpé détenu était interrogé par Nassima Saâda, la juge du siège réputée comme étant une «radine» en matière de tenez-vous bien, aumône i-e cadeau lorsqu'il s'agit de came, la défenderesse donnait l'impression de psalmodier une prière alors, qu'en réalité, elle révisait de «tête» le fameux et redouté article 17 qu'il est bon de reprendre en direction de nos lecteurs qui pourront, un jour, s'ils étaient pris, les phalanges autour de joints (qu'Allah ne plaise) ils ne diront pas à leur avocat ou au juge: «J'ignorais la loi 04-18!» «Est punie d'un emprisonnement de dix ans à vingt ans et d'une amende de 5 millions de centimes à 50 millions de centimes, toute personne qui, illicitement, produit, fabrique, détient, offre, met en vente, vend, acquiert, achète pour la vente, entrepose, extrait, prépare, distribue, livre à quelque titre que ce soit, fait le courtage, expédie, fait transiter ou transporte des stupéfiants ou substances psychotropes. La tentative de ces infractions est punie des mêmes peines que l'infraction consommée. Les actes prévus à l'alinéa 1er ci-dessus sont punis de la réclusion perpétuelle lorsqu'ils sont commis en bande organisée.» Plus clair comme article, nous ne pouvons trouver...pire (pour les inculpés coupables). Il faut dire que la loi n°04-18 n'est pas tombée du ciel. Elle a été pondue au-dessus de textes, de conventions, de protocoles, d'ordonnances nées de la santé, des finances, des Nations unies, et en premier de la Constitution avec ses articles 119,120, 122/7,126 et 132! Ce qui explique le début de «panique» du conseil de Boufarik qui a alors décidé de plaider le dossier mal géré. Et durant son admirable intervention, elle a mis au défi le parquetier i-e, le chef de la police judiciaire de prouver que l'inculpé avait été trouvé avec du fric: «Il n'avait pas un seul dinar en poche! Il n'avait en face de lui personne. Où étaient donc les clients si vraiment, il a eu la malchance de se trouver dans un endroit mal fréquenté. Il y avait outre les fans de Bacchus, les drogués, sauf que les enquêteurs avaient gauchement affirmé que le suspect avait caché la came dans une voiture abandonnée dans les champs voisins.» «Ce qui est quasi sûr, c'est qu'il avait sur lui un ou deux joints pour sa consommation personnelle. Il avait décidé bien avant d'éviter de se shooter, de s'éloigner des cachets qui mènent au crime et au pire!» avait encore clamé l'avocate qui précisera que son casier judiciaire n'est pas vierge et même s'il a un trop-plein autour d'autres délits, c'est la première fois qu'il avait été pris avec deux insignifiants joints. Elle clôture ainsi: «Mme la présidente, vous avez toute la latitude de requalifier les faits. Débarrassez-le de l'article 17. Il y a d'autres articles plus indulgents. La détention seule peut être retenue.» S'agissant de cachets psychotropes, Saâda a pris ses responsabilités en infligeant un trois ans ferme au lieu des dix réclamés par Mounir Athamna...Eh pan!