Maître Amine Morsli et Maître Lazazi Rami ont dû relire la loi, la veille du procès de leur client Djamel F. inculpé de détention de came en vue de la commercialiser, fait prévu et puni par l'article 17 de la loi 04-18 du 25 décembre 2004 relatif à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes. Un article franchement «tuant» car il prévoit - excusez du peu - une peine de dix (10) ans à vingt (20) ans et d'une amende de 500 millions de centimes à cinq milliards à l'encontre de «toute personne qui illicitement, produit, offre, met en vente, entrepose, extrait, prépare, distribue, livre à quelque titre que ce soit, fait le courtage, expédie, fait transiter ou transporte des stupéfiants ou substances psychotropes. La tentative de ces infractions est punie des mêmes peines que l'infraction consommée. Les actes prévus à l'alinéa 1er ci-dessus sont punis de la réclusion perpétuelle lorsqu'ils sont commis en bande organisée». N'importe quel avocat prend son temps pour aller rendre visite à l'inculpé de trafic de drogue car avoir le «17» sur le dos ne peut s'appeler autrement. Ajouter que nos juges - «certains» - se mêlent les pédales en appliquant la loi 04-18 en vue de réprimer ce grave délit. Le tout assaisonné, assez souvent, hélas, d'une enquête préliminaire bâclée et vous comprendrez la douleur de ceux que la société veut châtier sans dépassement aucun. Maître Morsli Jr et Maître Rami ont dû tout entreprendre pour amener Nassima Saâda la juge de Boufarik à la main d'acier, dans un gant de fer...rouillé sur leur terrain préféré: le doute né des balbutiements des enquêteurs et par ricochet du parquet. Et le client des deux avocats avait sur lui 500 grammes, de quoi faire planer toute la localité de Birtouta sans les vieux du coin. 28 plaquettes de joints ne peuvent être aux yeux de la loi que de la commercialisation sur place. D'ailleurs, le premier inculpé avait débuté son mea-culpa pour expliquer qu'il avait mouillé, qu'il avait menti. «Oui, j'ai menti lors de l'enquête préliminaire et au procureur. J'ai voulu éblouir la justice. Je ne me suis pas gêné pour embarquer mon codétenu. J'ai regretté en prison et donc aujourd'hui, je démens ce que j'ai déclaré devant la police judiciaire», a dit l'inculpé qui a alors suivi le prêche de Saâda la présidente qui a voulu montrer aux présents qu'elle connaît la musique, un air déjà entendu car certains détenus sont d'excellents élèves qui apprennent beaucoup et vite lors du court séjour en prison, lors de la détention préventive. Oui, certains détenus arrivent à la barre le jour de leur procès avec des déclarations qui souvent, clouent les juges du siège tant les mots débités sont loin des premières déclarations faites devant les policiers, les gendarmes, le procureur, voire le juge d'instruction. Et c'est dans cet axe que les juges se méfient beaucoup de ces inculpés qui brandissent une autre page de «solfège» où les notes n'ont rien à voir avec celles crachées dans les bureaux feutrés de la justice. Maître Morsli, lui, avait pourtant d'emblée parlé de vices de forme. «Il y a par exemple des enquêteurs qui savent qu'il y a un suspect qu'il faut mettre à l'ombre et donc le mettre hors d'état de nuire» a martelé le bel avocat qui a estimé que l'article 13 de la loi 04-18 irait mieux dans cette triste affaire. Avant de réclamer l'application stricte de la loi au seul bénéfice de la justice, l'avocat de Sidi Aïd a lancé qu'il y a beaucoup de dossiers qui n'ont pas les mêmes concordances ou les mêmes sanctions et par conséquent il est recommandé au tribunal de ne pas oublier les fameuses et lumineuses recommandations d'un arrêt de la Cour suprême qui invite les juges du siège à ne pas prendre en considération les déclarations faites par un inculpé à l'encontre d'un autre inculpé. Nassima Saâda, la présidente, elle, fait les gros yeux surtout en voyant la tronche de Maître Rami qui était presque frustré de ne pas avoir en face de lui Djamila Benkhettou sur le siège du parquet mais aujourd'hui juge d'instruction à Bir Mourad Raïs, un poste qu'elle ne doit qu'à sa seule valeur et sa détermination à réussir comme l'ont «fait» Hadjer Benyezzal, Zoubida Charafeddine, Fatiha Boukhobza et autres Kaci, ces magistrates arrivées à la tête de grandes cours et Maître Rami adorait croiser le fer avec Benkhettou qui était franchement une farouche adversaire...Quant à Maître Morsli, sitôt le procès fini, il plia bagage pour le home où ses parents étaient de retour des Lieux Saints. Et c'est le minimum qu'il...fit.