En s'accommodant d'une gestion saine et rigoureuse, l'Onab a épousé parfaitement l'économie du marché bien qu'il ait grandi dans l'ère socialiste. Créé en 1969, l'Office national des aliments de bétail (Onab), est l'une des rares entreprises publiques qui n'ont pas cessé de «se développer dans un environnement souvent contraignant et soumis à d'importantes mutations économiques», comme l'a attesté son P-DG, M.Bouzid Boukersi. Ayant fait l'objet d'une restructuration en 1998, l'Onab s'est infailliblement prémuni du vent d'une économie de marché qui a irrémédiablement corrodé une bonne partie du tissu économique national. «Nous nous sommes accommodés d'une stratégie managériale efficace. Nous sommes bien préparés pour n'être désarçonnés par aucune nouvelle donne économique», nous a déclaré Boukersi. Les exploits de ce groupe industriel corroborent cette approche: en sus d'être le leader en nutrition animale et en aviculture, il a sensiblement contribué à la création de 37.000 microentreprises dans le cadre de l'emploi de jeunes en collaboration avec l'Unma. Persévérant dans cette série de prouesses, le groupe compte relancer ses exportations à l'étranger. Sur ce point précis, l'Onab a éloquemment prouvé sa stature d'entreprise moderne en réussissant des acheminements spectaculaires. En effet, le Maroc, qui était l'un de ses clients potentiels n'a pas subi les contrecoups de la fermeture des frontières avec l'Algérie. L'approvisionnement se faisait jusqu'en 1998 via Marseille (France). Subséquemment, plusieurs entreprises étrangères de renommée mondiale ont manifesté un intérêt certain à engager un partenariat avec l'Onab. Celui engagé avec le groupe américain Pfizer (numéro un mondial) est déjà opérationnel. Classé 6e opérateur national, l'entreprise n'a qu'une seule obsession: se développer davantage. Avec ses 33 filiales à travers le territoire national, elle a pu canaliser l'essentiel des besoins du marché. «Notre seul souci est de proposer à notre clientèle un produit de qualité avec un prix concurrentiel», a affirmé Boukersi en traînant l'oeil sur son ordinateur afin de s'informer des prix des produits de base cotés à la Bourse de Chicago. Résultats: les bénéfices nets augmentent d'année en année. D'un milliard deux cents millions de dinars en 2002, le groupe a atteint un milliard 300 millions de dinars en 2003. Ce qui démontre indubitablement la fidélité de la clientèle. Sans qu'elle soit d'un impact majeur, la «concurrence déloyale» se met en travers de l'essor légal et loyal de l'Onab. «Le privé, privilégiant le lucre sur tout autre considération, s'adonne à des pratiques illégales comme la vente sans facture, la fraude fiscale ou encore le non-respect des normes de qualité», a regretté notre interlocuteur tout en poursuivant: «Cette concurrence n'a pas réussi à entamer notre position sur le marché, car ceux qui traitent avec le privé sont souvent des amateurs peu regardants sur la qualité.» Néanmoins, les autorités compétentes sont vivement interpellées en vue de veiller à ce que toute transgression de la loi soit punie. Pour Boukersi, le vrai challenge est de «nous préparer à affronter la concurrence étrangère» qui ne tardera pas à se manifester sur nos marchés. En fait, les premières dispositions sont prises. Il s'agit de se recentrer sur les activités dans les métiers de base, la privatisation de certains centres d'élevage et autres abattoirs ainsi que de renforcer les moyens de transport terrestres et maritimes. Un défi qui semble largement à la portée des 11.300 travailleurs du groupe. Ces derniers, répartis sur 160 unités de production, sont d'autant plus motivés en sachant que leurs efforts seront récompensés. Une tradition consacrée à l'Onab chez qui le bénéfice se partage équitablement entre toute l'équipe, du cadre supérieur au simple ouvrier. En somme, ce qui est remarquable dans le cheminement de ce groupe, c'est son adaptation à des conjonctures économiques défavorables sans se casser les dents. Même si Boukersi et son équipe tempèrent les apports de leur touche managériale, il n'en demeure pas moins qu'ils ont amplement contribué à faire de l'Onab une force économique inébranlable.