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La perle du grand désert
TIMIMOUN
Publié dans L'Expression le 01 - 09 - 2004

S'il est des pays que l'on désire voir avant de mourir, il en est d'autres que l'on ne finit pas de visiter. Timimoun, oasis perdue parmi les ondulations du ciel et de la mer de sable, vous attire irrésistiblement une fois qu'elle vous a touché du doigt magique de ses nombreuses, incommensurables et indicibles beautés.
Un vieux proverbe targui dit «Dieu a créé des pays pleins d'eau pour que les gens y vivent et des déserts pour qu'ils y découvrent leur âme». En pénétrant dans le désert, un silence étrange vous saisit, un silence troublant et excitant en même temps. Et puis, du sable à perte de vue, du sable et rien d'autre, le vide, le néant. Vous êtes perdus, mais une telle sensation de quiétude et de sérénité s'empare de vous quand vous ne sentez ni peur ni lassitude.
Un voyage dans le désert relève d'une expérience intime, voire d'une rencontre avec Dieu. Le désert offre un terrain idéal pour mieux se connaître. Il renvoie à l'essentiel; là-bas tout devient d'une incroyable évidence et c'est ainsi qu'il aide à mieux supporter le stress de la vie quotidienne .
Nous voyagions dans deux 4x4, équipés pour ce genre d'expédition. Nous descendons et traversons le Grand Sud algérien pour atteindre Timimoun.
Le Sahara nous offrait des paysages de grandes solitudes où nous «naviguions» sur terre comme sur mer à l'aide d'un GPS.
Nous avons décidé de continuer à pied notre voyage, le chant des chameliers rythmait nos pas, et notre guide se protégeait du soleil grâce à un grand cheiche de nomade. Quant à comprendre comment il s'orientait, c'est un mystère qui n'est pas éclairci.
Tout à coup, une oasis apparaît au loin, c'est Timimoun Le Gourara est un ensemble d'oasis situées entre le Grand Erg occidental et le plateau de Tademaït, immense étendue plate et pierreuse. Timimoun, comme la plupart des oasis du Gourara, est située sur le rebord du plateau, dominant la «sebkha», ancien cours d'un fleuve fossile qui coulait du nord-est; la vallée s'est remplie de boues salées et a été partiellement envahie par les cordons dunaires les plus méridionaux du Grand Erg. Cette particularité est à l'origine du paysage caractéristique du Gourara: village qui domine la palmeraie qui descend doucement sur la sebkha, avec en fond, les dunes!
«Le bateau ivre»
Il n'est pas impossible que ce fleuve ait coulé il y a quelques siècles: nous avons découvert, lors de notre séjour, une lettre d'un marabout de Tamentit (près d'Adrar) qui demandait à quelqu'un du Gourara d'envoyer des marchandises par...bateau!
Que nous arrivons d'El Goléa, de Béchar , d'Adrar ou de l'aéroport, nous entrons dans Timimoun par le même endroit: un poste à essence près d'un grand panneau de signalisation mérite 30 secondes d'attention (Bamako 2685 km), nous étions en effet aux portes de l'Afrique noire, rien que d'y penser, notre imagination nous emportait dans le pays des merveilles et de la magie. C'est vrai, ça fait rêver! Puis, une rue qui passe sous une porte de style néo-soudanais, un virage sur la droite et nous sommes sur la route principale de Timimoun. Elle restera notre point de repère principal durant tout notre séjour: pour aller à l'hôtel Gourara? c'est tout de suite à gauche; les villages de la sebkha? C'est tout droit; le marché, l'Office du tourisme, l'hôtel Oasis Rouge? Au milieu de cette rue, etc.
Plus nous passions de temps à Timimoun, plus nous nous rendions compte que cette artère a aussi un rôle de séparation entre le ksar traditionnel et la ville «moderne», en fait, une partie date de la colonisation et le reste est vraiment récent, lié à l'expansion importante de Timimoun depuis 20 ans.
Une vieille femme nous a menés dans une zériba, une habitation en paille, surprenante par la fraîcheur qu'on trouve à l'intérieur. Malheureusement, il y a de plus en plus de constructions en dur mais moins fraîches. L'hospitalité de nos hôtes a dépassé nos espérances, des chameaux et des chèvres ont été égorgés, et les femmes nous préparaient un pain spécial cuit dans la terre.
La variété des caractéristiques physiques des habitants du Gourara nous a frappés ainsi que l'influence profonde des traditions qui se retrouvent même chez les jeunes qui ne jurent que par la parabole.
Quand on aime comprendre l'endroit où on se trouve, on essaie de connaître un peu l'histoire de cette région. Mais ce n'est pas simple! Il y a très peu de documents écrits et la tradition orale mêle, comme partout, faits historiques et «enjolivements» de la réalité.
Nous avons découvert qu'il y a toujours eu une population noire, les Haratin, au Sahara (qui était plus humide il y a quelques siècles), peut-être les «Ethiopiens» décrits par Hérodote. Ensuite seraient arrivés, tout au début de notre ère, des Berbères Zénètes venus du nord. Il semble bien qu'ils se soient massivement convertis au judaïsme (d'autres étaient ibadites) dont la capitale saharienne fut Tamentit (près d'Adrar). La tradition veut que Mimoun qui donna son nom à la ville (Tin Mimoun = l'endroit de Mimoun) fut un chef religieux israélite (de religion, mais il était sans doute d'origine zénète) du XIVe siècle.
Dès le XXIe siècle, les tribus arabes, d'origine hilalienne ou associée, commencent à pénétrer dans le Sahara, renforçant l'influence de la religion musulmane qui va progressivement conquérir les âmes de toute la population. La tradition veut que les Mhajryia soient les descendants des derniers convertis à la fin du XVe siècle.
C'est de cette époque (XIVe-XVe siècles) que date le mouvement des marabouts qui ont encore une très grande influence dans la région (et en Afrique du Nord en général). La tradition (encore elle ) donne un rôle particulier à 3 grands marabouts: Sidi Moussa (de Tasfaout), Sid el Hadj Belkacem (qui s'est établi à la Zaouïa qui porte son nom, à quelques kilomètres au sud-ouest de Timimoun ) et Sidi Othman dont la qobba domine le cimetière à la limite sud de Timimoun. Pendant tout ce temps, le commerce d'esclaves en provenance du «Soudan» (Mali et Niger actuels) amènera une population noire importante. L'esclavage fut aboli (officiellement) par la France en Algérie en...1912
(détail qu'on oublie de rappeler dans les manuels d'histoire !).
Autant il me semble intéressant de connaître les diverses origines de la population gourarie, autant il semblerait vain de chercher à savoir de quelle origine exacte est telle ou telle personne. Nous avons néanmoins constaté lors de notre magnifique voyage que le Gourara faisait partie à la fois du monde arabophone et berbérophone. Précisons tout de suite que le rapport entre langue parlée et origine «ethnique» est très lâche: la plupart des Noirs et Haratin parlent zénète et beaucoup d'arabophones sont des berbères plus ou moins récemment arabisés.
L'arabe qu'on parle au Gourara est , comme ailleurs en Algérie, un arabe dialectal, qui a donc des variations géographiques. L'arabe de Timimoun se rapprocherait -pour moi qui n'y connaît pas grand chose- de celui de l'Oranie plutôt que de celui d'Alger: pour dire «oui», on dit «wah» et non «hèh».
L'originalité de la région est le fait qu'une bonne partie de la population parle un dialecte berbère, le «zénète». Sans entrer dans une quelconque polémique, sachez qu'il y a donc beaucoup de ressemblances avec le kabyle, le chaoui, le targui et le mozabite, ainsi que d'autres dialectes berbères qu'on parle au Maroc: si vous dites «Awid aman», on vous apportera de l'eau quel que soit le lieu, spécialement entre Zénètes, Haratin et Abid (anciens esclaves), ce qui ne veut pas dire que les susceptibilités ont disparu...
45° à l'ombre
On raconte quelques bêtises sur le climat du Sahara : il gèle la nuit et on suffoque le jour...Oui, mais pas à la même saison! L'écart entre le jour et la nuit dépasse rarement 20°. Donc, en hiver, il peut geler mais il fait 17° à l'ombre à midi (et au soleil, ça suffit pour taper! ). En été, la température dépasse couramment 45°C (toujours à l'ombre !) le jour et vers 2h du matin une certaine fraîcheur commence à se faire sentir : les promenades ne sont agréables que jusqu'à 11h environ. Après, on apprécie les climatiseurs!
A noter qu'en avril, la température est idéale (15-20° le matin, 30-35° l'après-midi) mais il y a des risques de vent de sable. La période idéale semble donc être octobre, novembre. C'est celle-là, donc que nous avons choisie mais tout le monde n'a pas droit à des vacances en une période aussi spéciale.
Lors du voyage, nous n'avons pas manqué de prendre une douche dans le désert, à Hassi Marroket, 50 km après El Goléa et de nous arrêter sous les 3 arbres du km 125 (ce sont les premiers qu'on voit en dehors des oasis!) pour faire un thé, et là, surprise! Nous apercevons une gazelle, la seule qu'on ait vue car nous avons appris quelles étaient très souvent capturées, malgré l'interdiction officielle. Nous n'avons vu que 3 scorpions et jamais de vipère lors de notre séjour à Timimoun...De manière générale, il n'y a pas beaucoup d'animaux dans le désert...Dans les oasis, il y a plus d'oiseaux, mais peu variés: principalement 2 espèces de tourterelles (T.des bois et des palmiers) et la pie-grièche grise. Mais quelle a été notre surprise quand nous avons aperçu, pour la première fois, une gazelle, un coléoptère noir, le khanfouss, qui récupère tout, y compris les mégots de cigarettes.
Notre voyage à Timimoun est le début d'une longue exploration, car le Sahara, ce sont des déserts multiples; désert de montagnes noires tel l'étrange Hoggar. Les masses altières du Tahat et de l'Assekrem, hautes de près de trois mille mètres. Désert de roches vert pâle, jaune vif et marron foncé, aux formes heurtées ou doucement fendues. Désert de dunes blanches qui ondulent à l'infini dans le désert de l'Algérie.


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