L'horizon judiciaire de Nicolas Sarkozy, mis en examen pour corruption par la justice française, va se préciser aujourd'hui avec une décision de la cour d'appel de Paris sur la légalité d'écoutes de conversations entre l'ancien président et son avocat. Si la cour refuse de considérer que ces échanges sont couverts par le secret professionnel et valide les écoutes, le risque d'un infamant renvoi en correctionnelle se précisera pour M.Sarkozy, compromettant ses chances de revenir au pouvoir en 2017. Si au contraire elle les écarte, il ne restera pratiquement rien dans le dossier de corruption concernant l'ancien président, devenu le chef de l'opposition de droite après sa défaite face au socialiste François Hollande en 2012. Sur la base de ces écoutes, Nicolas Sarkozy et son avocat Me Thierry Herzog sont soupçonnés d'avoir, en 2014, tenté d'obtenir indûment auprès d'un haut magistrat de la Cour de cassation, Gilbert Azibert, des informations couvertes par le secret dans l'instruction de l'affaire Liliane Bettencourt. M.Sarkozy avait été un temps mis en cause dans cette affaire d'abus de faiblesse au détriment de la milliardaire héritière de l'empire des cosmétiques L'Oréal, avant de bénéficier d'un non-lieu. En échange des informations convoitées, Nicolas Sarkozy a, selon les enquêteurs, promis à Gilbert Azibert d'intervenir pour que ce dernier décroche un poste à Monaco. Au final, l'ex-président n'avait pas eu gain de cause, ni M.Azibert le poste qu'il guignait. Nicolas Sarkozy, qui avait été placé en garde à vue en juillet 2014, mesure inédite pour un ex-président français, a soutenu que cette thèse était «une insulte à (son) intelligence». Les juges disposent d'autres écoutes, comme celles de Gilbert Azibert qui se voit vertement reprocher par son épouse d'être «allé magouiller avec Sarkozy». Mais sans les conversations Herzog-Sarkozy, le dossier se viderait de sa substance. Nicolas Sarkozy a été mis en examen à l'été 2014 pour «corruption active», «trafic d'influence actif» et «recel de violation du secret professionnel». L'ancien président avait initialement été placé sur écoute dans une autre enquête portant sur des accusations de financement de la campagne présidentielle victorieuse de 2007 par la Libye de Maâmar El Gueddafi. Aucun élément n'a pour l'heure été apporté pour les étayer. Le nom de Nicolas Sarkozy est cité dans d'autres dossiers judiciaires. Deux concernent le financement de sa campagne 2012. Un autre concerne un arbitrage financier rendu en 2008 en faveur de l'homme d'affaires Bernard Tapie, qui a été annulé en février.