Les spéculateurs stockent le produit, provoquant une fausse pénurie, suivie par d'artificielles flambées des prix. Le marché local accuse une sérieuse pénurie d'huile de table. Le manque, comme nous l'écrivions dans une précédente édition, avait commencé à se faire sentir plusieurs semaines avant le Ramadan. Des détaillants, indignés par cet état de fait, mais craignant de s'attaquer aux gros bonnets à visage découvert, ont franchement désigné du doigt les grossistes et les producteurs dans cet état de fait extrêmement dommageable pour le citoyen, mais aussi pour le pays lui-même, lequel pensait en avoir fini depuis longtemps avec de pareilles manoeuvres dilatoires. Cette denrée indispensable en ce mois sacré, comme pour le reste de l'année du reste, demeure ainsi introuvable sur les étals des épiciers d'une bonne partie du territoire algérien, à commencer par la capitale. Le constat en question perdure en dépit des assurances émises par les producteurs et les pouvoirs publics, portant sur l'abondance de ce produit, et ce, vu sa large distribution effectuée par les producteurs privés et publics. Ainsi, les premiers responsables pointés du doigt sont les grossistes et les distributeurs, lesquels auraient provoqué cette pénurie que connaît notre pays depuis pratiquement un mois. Ces spéculateurs, en augmentant les prix, créeront la panique auprès des consommateurs. Ces derniers, à leur tour, retrouvent les vieux réflexes du stockage à outrance dès qu'une rumeur portant sur la pénurie d'un produit quelconque est répandue. Pourtant, le ministère du Commerce affirme que la production couvre les besoins du marché local, ce qui est loin d'être faux n'était ce retour aux méthodes éculées des années 70. De ce côté, on affirme que l'Algérie, qui importe la totalité de ses besoins en huiles brutes, en a ramené 307.653 tonnes entre janvier et août 2004. ‘'Notre marché est largement approvisionné en huile raffinée et nous avons même un mois et demi de couverture'', dira un représentant du ministère du Commerce. Cependant, les responsables de cette institution, outre l'effet de la spéculation, mettent l'accent sur d'autres facteurs qui auraient conduit à cette rareté supposée de l'huile. On cite, entre autres, la forte demande d'huile par les fabricants de pâtisserie orientale et le recours des ménages au stockage en produits alimentaires à l'approche de Ramadan. Ajouter à cela les fabriquants de zalabia qui consomment des quantités phénoménales de ce produit durant ce mois très spécial à plus d'un titre. Ces facteurs supplémentaires ont nettement perturbé l'approvisionnement normal en huile de table, notamment celle commercialisée en bidon de 5 litres. Une autre raison de cette pénurie concerne la rupture de stock qu'ont connue, au mois d'août dernier, les unités de raffinage du producteur public de l'huile raffinée, en l'occurrence l'Entreprise nationale des corps gras (Encg) au niveau des wilayas de Skikda et d'Annaba. Cette rupture de stock a suivi, faut-il le rappeler, un mouvement de débrayage observé par la fédération de l'agroalimentaire des deux wilayas citées. Cependant, des responsables du ministère du Commerce affirment que ce retard a été rapidement rattrapé. Autre explication citée, celle-ci, concerne la tenue récente des Jeux panarabes qui auraient perturbé le stationnement des moyens de transport des producteurs privés, destinés à la livraison de l'huile aux épiceries. Partant de ce constat il est d'autant plus légitime de s'interroger sur la passivité des pouvoirs publics et Bouteflika, qui s'exprimait samedi devant les hommes d'affaires allemands, rappelait une fois de plus la volonté de l'Etat de poursuivre son rôle de régulateur en luttant contre la spéculation et en préservant le pouvoir d'achat. Or, force est de dire que rien de cela n'est, pour ce qui concerne ce précieux produit. En définitive, une chose est sûre, le marché de l'huile de table en Algérie demeure encore sous un monopole qui ne dit pas son nom. Ce monopole exercé au niveau des secteurs névralgiques, est de toute façon à l'origine de la spéculation qui a rapidement pris corps.
