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Le bras de fer syrien
DECRYPTAGE RUSSIE - ETATS-UNIS
Publié dans L'Expression le 09 - 09 - 2015


Des blindés russes de l'armée syrienne
Depuis 2009, Moscou soutient mordicus Bachar al Assad diplomatiquement, d'abord, et militairement, ensuite, ce qui rend presque risible la sortie de John Kerry sur l'intention russe de s'impliquer dans le conflit! Les prétendues découvertes d'une offensive de blindés et de troupes russes en Syrie ne sont qu'un prétexte, un de plus, dans la politique de containment.
Voici une semaine, le secrétaire d'Etat John Kerry lançait une «mise en garde» explicite à Moscou, à la faveur d'un entretien avec son homologue russe Sergueï Lavrov, soupçonné de s'engager militairement dans le conflit syrien aux côtés de l'allié traditionnel Bachar al Assad. Washington aurait, semble-t-il, eu vent de mouvements blindés, notamment, dans les zones de combat et d'une présence accrue de conseillers militaires russes aux côtés de l'armée syrienne en lutte contre l'Etat islamique.
Officiellement, les Etats-Unis sont en guerre contre Daesh depuis plus de quatre ans et conduisent la coalition internationale, dans laquelle figurent les pays sunnites du Golfe, dont l'Arabie saoudite, les Emirats, le Koweit et le Qatar, qui bombarde quotidiennement les positions des groupes terroristes de l'EI. Pour autant, la situation reste complexe et irrésolue, et les sources de renseignements mélangent le vrai et le faux, de sorte que les états-majors s'abstiennent de prise de position abrupte.
Cela étant, la présence russe en Syrie n'est ni nouvelle ni surprenante. C'est cette présence qui permet au régime de Bachar al Assad de résister aux pressions et aux attaques internationales conduites par les pays occidentaux, eux-mêmes «intoxiqués» par la machine israélienne, l'armée syrienne étant depuis des décennies équipée en matériels russes et ses élites formées par la Russie, héritière des alliances de l'ex-URSS.
Une équation simple
Depuis 2009, Moscou soutient mordicus Bachar al Assad diplomatiquement, d'abord, et militairement, ensuite, ce qui rend presque risible la sortie de John Kerry sur l'intention russe de s'impliquer dans le conflit! Les prétendues découvertes d'une offensive de blindés et de troupes russes en Syrie ne sont qu'un prétexte, un de plus, dans la politique de containment. Le conflit syrien s'est largement internationalisé, avec la présence de forces iraniennes, alliées d'al Assad, les incursions de l'armée turque mobilisée contre l'armée régulière de Damas, contre Daesh et surtout contre les kurdes du PKK et la toute nouvelle décision franco-britannique d'engager des frappes en Syrie, officiellement contre les bases de l'EI. Tout cela fait que la Syrie est désormais un champ ouvert aux interventions militaires diverses, mais le paramètre principal de la mobilisation occidentale concerne ses objectifs contradictoires, sachant que la coalition soutient d'autres groupes terroristes comme Al Qaîda ou Djeich al Feth, moins bien connu mais tout aussi nocif.
Pour la coalition, en effet, il s'agit de détruire l'EI et le régime syrien tout à la fois, avec en corollaire l'affaiblissement de l'Iran dont la puissance de frappe grandissante inquiète passablement les pays vassaux de Washington. On a vu le résultat avec ce qui se passe au Yémen depuis plusieurs mois. En outre, un appui latent est accordé aux résistants kurdes malgré une solide entente, faute de n'être plus cordiale sous le règne d'Erdogan, avec la Turquie, elle-même totalement empêtrée dans ces contradictions.
Pour Moscou, par contre, l'équation est simple: il n'est absolument pas question de permettre l'élimination d'un allié stratégique, la Syrie - qui est la Crimée du Moyen Orient - lui assurant une présence maritime cruciale et unique en Méditerranée grâce à la base navale de Tartous, depuis 1971. Pour ses navires et ses sous-marins, Tartous joue le même rôle que Vladivostok et elle est vitale pour le ravitaillement et pour la manoeuvre dans une zone où la Russie doit être active, condition ajoutée de sa survie.
L'autre raison, moins importante mais aussi appréciée, c'est le rôle intransigeant de Damas qui s'oppose aux principaux alliés de Washington, l'Arabie saoudite et Israël! Pour affiner sa stratégie, Moscou a progressivement conforté ses liens avec Téhéran et soutenu de façon inconditionnelle Damas face aux visées saoudiennes et israéliennes, financées par l'engagement de tous les pays membres du Conseil de coopération du Golfe. Cerise sur le gâteau, la Russie rompt son isolement en Europe centrale où le conflit ukrainien menaçait de dégénérer en conflit mondial et rend la monnaie de la pièce aux pays de l'Otan et aux USA en se réappropriant le champ de guerre du Proche-Orient, à un moment où beaucoup la considéraient asphyxiée économiquement et éliminée statégiquement.
Tel est l'échiquier, aujour-d'hui: d'un côté, Moscou avec Damas version Bachar et Téhéran, de l'autre les Etats-Unis, avec les pays arabes du Golfe secondés par la Turquie et, bientôt, la France et la Grande-Bretagne. Les choses sont claires mais seulement en apparence, car en sourdine les négociations ont déjà commencé qui tournent frénétiquement autour de la solution politique en Syrie, avec ce préalable posé par Moscou et Téhéran de ne pas mettre en cause la pérennité du régime syrien ni l'intégrité du pays. Chose évidemment inacceptable pour l'Arabie et Israël, à moins que les Etats-Unis ne parviennent d'une manière ou d'une autre à forcer la décision.
Mais ces derniers sont face à un dilemme. Ils ont conclu difficilement un accord sur le nucléaire iranien et espèrent en tirer les dividendes avec une forte relance de leur coopération bilatérale. Trop de pression hostile à Al Assad risque de pousser davantage les iraniens dans le giron de la Russie et de radicaliser les positions chiites face aux velléités de l'Arabie et de ses alliés du Golfe. La manoeuvre est donc étroite et extrêmement risquée. Reste la sous-traitance, ce qui a lieu d'advenir avec les soudaines sorties de François Hollande et de David Cameron annonçant une nouvelle «tempête du désert». La dernière a connu des avatars dont Washington peine à se relever, au point que l'Irak est devenu une tache noire aux côtés des 50 étoiles du drapeau US. Les vingt dernières années ont fortement laminé le peu de crédit civilisationnel dont disposent les Etats-Unis et leur engagement au Moyen-Orient les discrédite au point que les efforts méritoires de Barack Obama avec l'Iran et Cuba suffisent à peine à arracher un brin de sympathie.
Oui ou non au statu quo ante
D'où leur appréhension quant à un retour proportionnel de l'influence russe, aussi bien en Méditerranée et au Moyen-Orient qu'en Afrique et peut-être même en Europe, chose qu'il faut absolument empêcher. Comme il faut empêcher, tel est le diktat d'Israël, le retour d'une Syrie type statu quo ante, auquel cas abattre le régime de Bachar al Assad est la priorité des priorités. On le voit bien dans le discours récurrent des capitales européennes inféodées à Israël, alors même que Washington se complaît à souffler le chaud et le froid. Pragmatiques, les Américains pourraient rapidement intervertir les rôles et décider de jouer la carte de l'Iran pour déjouer, ou plutôt désamorcer, dans la mesure du possible, celle de Moscou avec Bachar.
Le général Giap aura toujours raison: les colonialistes et leurs descendants sont effectivement de mauvais élèves! La Russie avait alerté, dés les années 2000, sur les risques de la stratégie du Grand Moyen-Orient, enclenchée par George Bush père, et surtout elle avait prédit les profonds dommages que cela causerait un peu partout au Moyen-Orient et en Europe, allant jusqu'à évoquer les dommages collatéraux! Très vite, le temps lui a donné raison, d'abord avec les évènements d'Irak puis le déclenchement du «printemps arabe» dont on observe depuis quelques mois l'impact dramatique sur les populations en fuite qui assiègent les portes de l'Europe au sud comme à l'est.
Les mises en garde de Moscou sont étayées avec la situation en Irak, un pays ensanglanté, en Libye, déchiqueté, en Syrie, lacéré, et avec les risques qui pèsent sur tous les autres pays voisins (Yémen, Egypte, Tunisie, Algérie), confrontés à la menace de l'hydre terroriste tantôt vouée aux gémonies et tantôt caressée en sous-main pour services rendus ici et là. Une déstabilisation grandeur nature qui n'a pas fini de générer de nombreuses répliques. N'ayant pas les moyens matériels et surtout financiers de s'opposer à cette immense vague de recomposition d'une région économiquement et politiquement vitale, la Russie s'est contentée d'observer et de compter les coups, jusqu'au moment où la menace est arrivée au niveau de ce qu'elle considère comme la porte de sa survie. Désormais, le bras de fer ne peut plus être évité et c'est ce que savent les Etats-Unis qui doivent longuement peser le pour et le contre, tout en résistant du mieux qu'ils peuvent aux incantations de leur allié sioniste devenu hystérique.
Face à une Europe inconsistante et affolée par la double problématique d'une Ukraine posée comme un baril de poudre en son sein et d'une déferlante de réfugiés jamais égalée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, une Europe, qui plus est, divisée sur les tenants et aboutissants d'une politique commune impossible à réaliser tant les intérêts sont divergents sinon opposés, les Etats-Unis ont-ils en fin de compte d'autre choix que celui de mettre un bémol à leur volonté de régir le monde et de conforter à n'importe quel prix l'arrogance d'Israël? N'importe quel prix, oui, tant que la facture est payée par d'autres, mais lorsque ce sera le moment de subir le contrecoup d'une stratégie par trop pernicieuse, la raison de l'oncle Tom ne tardera pas à vaciller et son choix prendra alors les contours de la sagesse...


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