Lorsque Al Sissi prêtait l'oreille à Morsi Le seul enjeu de ce scrutin joué d'avance qui s'étale sur un mois et demi sera le taux de participation, indiquent des experts. Les Egyptiens ont commencé à voter hier pour élire un Parlement qui va renforcer la mainmise du président Abdel Fattah al-Sissi sur le pays en l'absence de toute opposition, violemment réprimée depuis qu'il a destitué son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi il y a plus de deux ans. Le seul enjeu de ce scrutin joué d'avance qui s'étale sur un mois et demi sera la participation, selon les experts. Elle permettra de savoir si la grande popularité dont jouit l'ex-chef de l'armée, depuis qu'il a mis fin à l'éphémère pouvoir des Frères musulmans, s'effrite ou non dans un pays dont l'économie est très fragile. Après avoir destitué le 3 juillet 2013 M.Morsi, le pouvoir de M.Sissi a éliminé plus de 1400 islamistes réclamant le retour de leur président et emprisonné plus de 15.000 membre de la confrérie des Frères musulmans. Des centaines, à l'instar de M.Morsi, ont été condamnés à mort dans des procès de masse dénoncés par l'ONU. Après avoir éradiqué de la scène politique les Frères musulmans, principale force d'opposition depuis près de neuf décennies aux différents pouvoirs issus de l'armée, le nouveau régime a fait interdire et réprimer toute manifestation de l'opposition laïque et libérale, faisant arrêter les principales figures de la jeunesse qui mena la révolte de 2011 ayant entraîné la chute de Hosni Moubarak. Ce scrutin se déroule donc en l'absence de toute opposition, interdite, réprimée ou qui n'ose s'afficher de peur des représailles. Les innombrables affiches de candidats qui couvrent les murs de la capitale ne montrent que des candidats soutenant Al Sissi. Les législatives, les premières depuis la dissolution en juin 2012 du Parlement dominé par les Frères musulmans, se déroulent ainsi dans une quasi-indifférence, une majorité d'Egyptiens étant ravis de la reprise en main du pays par un ́ ́homme fort ́ ́ après trois ans de chaos consécutifs à la révolte de 2011. Outre un soutien populaire, le président bénéficie également de l'appui des pays occidentaux qui lui vendent massivement des armes, persuadés qu'il est le principal rempart dans la région contre l'Etat islamique (EI). La branche égyptienne de l'EI multiplie cependant les attentats meurtriers depuis 2013 jusque dans la capitale, visant pour l'heure l'armée et la police. Le scrutin à la fois uninominal et de listea lieu dimanche et lundi dans 14 des 27 provinces du pays et s'achèvera, pour les quelque 55 millions d'électeurs du plus peuplé des pays arabes, le 2 décembre. Il enverra 596 députés au Parlement. Toutes les coalitions concourant pour le scrutin de liste soutiennent M.Al Sissi et comptent dans leurs rangs bon nombre d'anciens membres du Parti national démocrate (PND), la formation dissoute de M.Moubarak. ́ ́Pour l'Amour de l'Egypte ́ ́, la principale alliance, est cornaquée essentiellement par des hommes d'affaires multimillionnaires et des ex-ministres de Moubarak. Elle ambitionne de contrôler les 2/3 du Parlement pour soutenir M.Al Sissi. Le parti salafiste Al-Nour est le seul parti islamiste en lice et soutient lui aussi ouvertement Al Sissi.