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Le rêve consommé
AVANT-PREMIÈRE DU FILM ALEXANDRIE ...NEW YORK DE YOUSSEF CHAHINE
Publié dans L'Expression le 14 - 12 - 2004

C'est la déchirure, le rêve qui se brise d'un seul coup d'une frappe implacable et qu'on subit sans même avoir le temps de pousser un râle.
Le film du réalisateur égyptien, Youssef Chahine, Alexandrie...New York, atterrit enfin dans les salles de cinéma algériennes. Il est projeté actuellement dans trois salles de la capitale : l'Algéria, Ibn Khaldoun et Ibn Zeydoun.
Le film raconte l'histoire de Yéhia, un réalisateur égyptien de renom, qui part à New York, à l'occasion d'un hommage qui lui est rendu. Et c'est là qu'il retrouve Ginger, son amour de jeunesse. Commence alors les flash-back souvenirs. Ils avaient 19 ans. Le rêve américain était le virus du siècle. Yéhia l'Alexandrin et Ginger l'Américaine, étudiaient dans le plus prestigieux Institut d'art dramatique, en Californie. Ils s'étaient juré un amour éternel.
Quarante ans après, ils se retrouvent ; le monde a changé, le rêve américain s'est transformé...Tout les sépare mais pas tout à fait car Yéhia découvre que Ginger lui avait donné un fils...américain. A travers une fresque endiablée, où les héros aiment, chantent, dansent, rient et pleurent, Youssef Chahine revisite son passé et nous parle de ses rapports complexes avec l'Amérique qu'il a tant aimée.
Mais l'Amérique, telle qu'elle est conçue par la jeunesse arabe, n'est qu'une illusion. Ce pays qu'on prend pour l'exemple type d'une cité idéale, où la démocratie et les droits de l'homme sont considérés à leur juste valeur, n'est en fait qu'une pure fabrication des cerveaux arabes enivrés par les films d'action que l'empire hollywoodien leur sert à satiété. C'est la déchirure, le rêve qui se brise d'un seul coup, d'une frappe implacable et qu'on subit sans même avoir le temps de pousser un râle. «New York, pourquoi combats-tu la tendresse? Une nuit de pluie nous nous sommes perdus. Est-ce ainsi que finit l'amour que j'avais toujours rêvé de vivre? Dis-moi New York...New York, pourquoi combats-tu la tendresse?»
Dans Alexandrie ...New York, il y a aussi ce clin d'oeil à la mondialisation. Et Chahine s'y est bien penché à sa façon.
La globalisation, un concept monstre qui fait peur aux petits peuples, aux «identités insignifiantes» menacées d'être rayées de la carte géographique du monde. C'est pour lutter contre le «petit village» et «la citoyenneté planétaire», unis par la même culture, même système économique et politique que Chahine a fait ce film. Car le concept de la mondialisation pousse en effet à croire en cette notion, non moins monstrueuse, des chocs des civilisations qui en sont la résultante directe. Dans «Alexandrie...New York», ce phénomène se manifeste clairement. D'un côté Yéhia l'Alexandrin, venu de la lointaine Egypte portant avec lui fièrement ses particularités et ses spécificités identitaires. De l'autre, Alexandre le Newyorkais, élevé au sein d'une société cultivant l'individualisme et la haine de l'autre d'une manière hystérique. D'ailleurs, le titre même du film est une sorte d'axe dont les deux pôles ne se rencontreront jamais : l'Orient et l'Occident. Entre, les deux personnages, loin de ces considérations d'ordre psychologique ou psychanalytique en rapport avec la découverte du vrai père qui n'est pas compatible avec l'image qu'on s'est forgée, se multiplient les heurts allant jusqu'à se rebuter et à se refouler l'un de l'autre. Toutefois, Youssef Chahine tente tant bien que mal de croire en la possibilité du rapprochement des civilisations et la cohabitation des cultures. Et l'histoire d'amour qui a pris corps, en l'espace d'une semaine, entre Ginger et Yéhia en est une preuve irréfutable.
Mais il y a aussi l'exemple de la mythique Alexandrie, dont le réalisateur ne cesse de faire l'éloge et d'avancer comme le modèle type de la possibilité de la coexistence entre les nations tout en respectant les spécificités de chacun. «Dans cette ville cohabitent quatorze nationalités, trois religions et sans que personne ne pose de questions. Et dans le film, Ginger ne demande jamais à Yéhia de quelle nationalité il est, ni même de quelle religion», explique Chahine. Ainsi donc, entre le rapprochement et le choc des civilisations, le réalisateur dresse une «recette» pour qu'un avenir commun soit possible entre l'Occident et l'Orient : cela commence par l'acceptation de l'autre en tant qu'être.
Par ailleurs, le sujet du film est magnifique, quand bien même difficile à mettre sur la pellicule. Car il n'y a de pire difficulté que de porter sa propre vie sur le petit écran.
Les dialogues écrits dans un arabe égyptien sont fluides et compréhensibles et les réparties cinglantes. Allant aisément du délicat, purement fin et tendre à l'acerbe infiniment acéré. C'est le cas notamment de la réplique qu'a faite Yéhia au journaliste qui a tenté de le piquer au vif.
Jamais, tout au long des 128 minutes que dure le film, on n'éprouve un sentiment d'ennui ou de fatigue. On n'en n'aura pas l'occasion d'ailleurs, tant le film est émouvant et magnifiquement joué par des acteurs talentueux et/ou professionnels. Bref Alexandrie... New York est un très beau film, à consommer sans retenue.
Fiche technique
Réalisateur : Youssef Chahine
Scénario : Youssef Chahine et Khaled Youssef
Casting: Mahmoud Hameida (Yéhia), Yousra (Ginger), Ahmed Yahia (Alexandre), Yousra El Lozy (Ginger jeune)
Distribution : Cirta Film
Production : France-Egypte
Durée : 2h08 mn.
Le prix du billet : 100 DA


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