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"Le Verbe peut-il se faire chair?" (3e partie et fin)
Publié dans L'Expression le 21 - 12 - 2015

«On ne peut comprendre la personnalité de l'Emir Abdelkader qu'en se référant à l'enseignement et à l'éducation spirituels qui le rattachent à la voie initiatique de l'ésotérisme islamique, le soufisme.» Jean-Paul ROUX
De la vie mystique de l'Emir, il en a été beaucoup question lors de cette même conférence organisée à l'initiative de la Fondation éponyme. La référence, à chaque fois réitérée, reste incontestablement Le Livre des Haltes ou Kittab al-Mawaqîf. Un manuscrit qui fera l'objet, en 1982 aux éditions Le Seuil, d'une intéressante étude que son auteur Michel Chodckievicz a intitulée Ecrits spirituels de l'Emir. Des propos improvisés et prêtés à Abdelkader en constituent le noyau initial, soutient l'auteur qui y ajoute des textes écrits par le disciple d'Ibn Arabî, le plus souvent en réponse à des questions qui lui sont posées au sujet des versets coraniques, de paroles du Prophète (Qsssl) ou des passages des écrits de son maître spirituel. Le titre retenu par Abdelkader évoque aussitôt, pour les historiens du soufisme, croit savoir la même source, une oeuvre célèbre: Les Mawaqîfs de Mohammed al-Nifarî, mort vers 350 de l'Hégire. Mais si c'est bien al-Nifarî qui a introduit dans le Tassawouf le terme technique de mawqîf, c'est Ibn Arabî qui, le premier, allait définir explicitement dans les Fûtûhat, où il cite al-Nifarî à plusieurs reprises, la notion correspondante. A l'évidence, estime le Dr Mohammed Taïbi et Zaïm Khenchlaoui, l'inclassabilité de l'oeuvre émirienne, sa participation échappant aux normes anthropologiques qui fondaient la politique en son temps, font qu'elle ne cesse d'interpeller, tant dans la conscience communautaire particulièrement algérienne que dans la recherche scientifique. Ainsi, les actions menées avec l'émir et contre lui renseignent non pas sur un état structurel de colonisabilité, comme le disait Malek Bennabi, mais particulièrement sur les mentalités politiques qui ont engendré, en fin de parcours, une situation régressive annonçant déjà, depuis Ibn Rochd et Ibn Khaldoun pour ne pas citer Ibn Hazm ou al-Abili, l'exigence de la refondation de la pensée politique en Islam et son corollaire Al-Ahkâm as-Sultania ou Principes de gouvernement tels qu'esquissés par al-Mawardî.
Pour qui connaît un peu le célèbre résistant, sa grande piété, son ascétisme, ses hautes qualités morales, pour qui sait qu'il choisît pour sa sépulture le voisinage immédiat de la tombe de Ibn Arabî (mai 1883), que ces pages existent n'est pas une totale surprise. Elles demeurent néanmoins étonnantes, sauf peut-être pour quelques rares initiés, et elles lui donneront désormais un visage très différent de celui que sa propre légende avait formé. Michel Chodckievicz a choisi 39 textes de l'Emir qui présentent «les thèmes majeurs» de son enseignement. Il leur a donné un titre et les a regroupés en six parties. Un quarantième texte sert de conclusion. C'est un bref poème du recueil poétique (Diwan) de l'émir intitulé «Je suis Dieu, je suis créature»: «Il faudrait sans doute connaître beaucoup mieux que moi l'oeuvre d'Ibn Arabî pour décider dans quelle mesure Abdelkader innove. Mais il ne fait aucun doute que nous ayons affaire avec lui à un maître spirituel du soufisme contemporain et que nous trouvions dans cette anthologie (peut-être parce que, moderne, elle est plus proche de notre sensibilité et de nos modes d'expression) quelques-unes des plus belles pages de la mystique musulmane qui nous aient été données de lire depuis que Massignon nous proposait dans ses cours celles qui l'avaient le plus ravi. L'ouvrage se recommande donc par sa très haute tenue spirituelle et par la beauté de son texte, par la tradition dans laquelle il s'inscrit, par les soins que lui a accordés son traducteur et commentateur, souligne Jean-Paul Roux: «Nous devrions ajouter qu'il importe de le lire pour d'autres raisons encore. L'Islam décadent du XIXème siècle était donc capable de commettre de tels textes! Ce premier champion de l'indépendance algérienne semble bien peu ressembler au guérillero de nos rêves! A côté de ses faits d'armes, de son courage, de son sentiment religieux, le résumé que Michel Chodckievicz donne de la vie de l'Emir et se fondant sur des témoins de l'époque complète le portrait d'un homme doué d'une très exceptionnelle personnalité. On ne peut comprendre la personnalité de ce grand homme qu'en se référant à l'enseignement et à l'éducation spirituels qui le rattachent à la voie initiatique de l'ésotérisme islamique, le soufisme, souligne Jean-Paul Roux: «Derrière le combattant du djihâd mineur'' contre l'ennemi du dehors qui dévastait alors son pays, se dévoile l'homme mystique dont la vie intime ne fut qu'un long combat contre l'infidélité que tout homme porte en lui: c'est le sens de la grande guerre sainte al jihâd al-akbar.» Ses écrits, son expérience, sont des témoignages vivants de la fidélité et de la continuité de cette voie soufie Mohammadienne. La voie du milieu, régulièrement rappelée par le professeur Mustapha Cherif, où le temporel et le spirituel se fondent l'un dans l'autre et d'où émerge l'Homme, le serviteur parfait «al insân al kâmil». Assurément, le verbe ne peut se faire chair...
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