Une transition économique est vitale, l'opposition n'en disconvient pas, mais elle pose ses conditions: celle-ci doit être accompagnée d'une transition démocratique. Acculé au mur, le pouvoir algérien semble déterminé cette fois-ci à aller vers une rupture économique. Certaines voix autorisées du sérail, tout en disant que le pays n'a pas d'autre choix que de changer son modèle économique et d'aller vers une économie de marché, laissent comprendre que même les partenaires étrangers de l'Algérie soutiennent le gouvernement dans sa démarche de rupture. C'est donc imminent. Sauf que, au plan interne, l'opposition n'est pas prête à donner le quitus au gouvernement, encore moins sans conditions, même si elle défend l'impératif d'une transition effective vers une économie de marché. Pour Aomar Saoudi, chargé des questions économiques au RCD, «la transition économique est inéluctable mais sa réussite reste tributaire de plusieurs paramètres».»La transition économiqe est inévitable. Nous n'avons pas d'autre choix. Mais il ne faut pas réduire cette transition à une ouverture du capital des entreprises publique au privé. Il est vrai que l'Etat ne peut continuer à financer des entreprises qui ne produisent pas. Mais le problème des entreprises algériennes n'est pas que financier. C'est tout l'environnement économique qu'il convient de réformer, de sorte que l'acte économique soit sanctionné exclusivement par le marché», a-t-il dit. De plus, à côté des considérations économiques, Saoudi considère que «la transition économique» ne peut pas se faire sans transition démocratique. «Dans chaque transition, le volet politiques, doit précéder le volet économique, car, en l'absence d'instruments démocratiques de contrôle et de reddition de comptes, de graves dérapages peuvent survenir. De plus, pour qu'un gouvernement puisse mener une transition économique, il doit être légitime, ce qui n'est pas le cas en ce moment», a-t-il ajouté. Même chose pour le MSP qui, lui aussi, considère qu'une transition économique sans transition démocratique ne peut mener l'Algérie nulle part. Tout le monde sait qu'on est dans une situation de crise économique, même le pouvoir le reconnaît et le dit si bien à travers le projet de loi de finances 2016. Ce projet de loi confirme ce que nous disions depuis quelques années. Le Fonds de régulation des recettes va s'évaporer cette année, de même que les réserves de changes. C'est-à-dire que l'Algérie court vers la banqueroute, vers une faillite réelle. Alors, est-ce qu'on doit attendre à ce qu'on y arrive? C'est pour cela que nous appelons à cette transition économique qui mènera le pays vers la diversification de son économie pour tous les Algériens en leur donnant toutes les opportunités, sur la base des petites et moyennes entreprises et pas sur la base du monopole d'un certain nombre d'hommes d'affaires qui accaparent l'Etat. C'est-à-dire un transfert d'un monopole de l'Etat vers le monopole d'un certain nombre limité d'hommes d'affaires et de l'argent sale. Cela demande beaucoup de réformes, fiscales, financières, administratives, dans les domaines de l'éducation, de la formation et celui du social», a déclaré Abderrezak Makri, président du parti qui précise que le MSP n'acceptera jamais de travailler avec le pouvoir en place dans cette transition économique que s'il y a en parallèle une transition politique car s'il n'y a pas de transition politique, et lorsque le pouvoir en place sentira qu'il sortira de cette crise, il renoncera et nous balancera dans d'autres crises». Naâmane Laouar, membre de la direction nationale du MSP et député de l'Alliance de l'Algérie verte, estime lui aussi que le «problème n'est pas dans la transition économique qui est nécessaire puisque le modèle dirigiste a déjà montré ses limites, mais la façon avec laquelle cette transition est menée par le pouvoir. En effet, selon ce député islamiste, le problème qui se pose, c'est la transparence de la démarche et la légitimité de ses acteurs». «L'origine du mal est politique. Donc, la légitimité politique est une condition indispensable pour que le processus de transition se fasse. Ceux qui ont échoué à construire une économie forte et diversifiée quand le baril du pétrole était à 140 dollars ne peuvent pas réussir maintenant qu'il est à moins de 40 dollars», a-t-il expliqué pour défendre son plaidoyer. La transition vers «une économie sociale de marché», pour reprendre la vieille formule du RCD est plus qu'une nécessité dans le contexte actuel. Les partis au pouvoir ainsi que les organisations patronales la revendiquent et les soutiennent. Le RCD, le MSP, Jil Jadid, partis les plus actifs au sein de la Cltd, la revendiquent aussi. Excepté les cercles de gauche et d'extrême gauche, la question fait consensus dans tous les milieux. Néanmoins, une condition est posée par l'opposition: la transition économique doit être accompagnée d'une transition démocratique.