Les avocats à pied d'oeuvre La tâche du juge Reggad est de déterminer qui est responsable du choix du gré à gré, de l'ouverture des plis des soumissions, la distribution des dividendes et l'explication des virements bancaires. Au terme de 15 jours du procès de Sontrach 1, les zones d'ombre semblent se creuser de plus en plus. Et pour cause, le juge Reggad, les avocats de la partie civile et de la défense se démènent pour apporter la lumière sur cette affaire, mais les choses se compliquent, notamment lors du passage des témoins. Les déclarations de ces derniers demeurent sans consistance, précisément lorsqu'il s'agit de déterminer les rôles joués par chacun des responsables inculpés dans cette affaire. Il s'agit notamment de plusieurs chefs d'accusation, entres autres blanchiment d'argent, dilapidation de deniers publics et corruption, en relation avec la rénovation du siège de Ghermoul, la réalisation d'un gazoduc GK3 reliant l'Algérie à la Sardaigne et la sécurisation de 123 sites de Sonatrach par le système de télésurveillance pour lesquels les entreprises Saipem(Italie), et Funkwerk(Allemagne) ont signé des contrats de réalisation. Au coeur du procès, la tâche du juge Reggad est de déterminer qui est responsable du choix du gré à gré pour la signature des contrats avec les entreprises réalisatrices, de l'ouverture des plis des soumissions, la distribution des dividendes et l'explication des virements bancaires. A ce stade du procès, on comprend que finalement quatre sociétés étaient entrées en lice pour décrocher le contrat de télésurveillance, en l'occurrence Vsat, Imtech, Siemens, et Contel Funkwerk. Or, l'équipement des 123 sites a été divisé en lots pour chacune des entreprises. La grande interrogation réside dans le fait de savoir par quel biais l'appel d'offres s'est transformé en gré à gré, et comment peut-on procéder à la répartition des lots sur les entreprises avant l'ouverture des plis. D'autre part, comment expliquer la tenue de consultations restreintes, qui allaient à l'encontre du principe de la directive Sonatrach R15 A408, et qui a donné lieu à la distribution de 13 sites au profit de Contel Funkwerk. Il est à rappeler que cette entreprise appartient à El Ismaïl Djaâfar, qui n'est autre que l'ami de l'un des frères Meziane. A ces premières interrogations, les éléments de réponses apportés tant pas les accusés que par les témoins, reposent uniquement sur l'aspect d'urgence évoqué dans l'instruction du ministre, sur la régularité des procédures, et sur les capacités indiscutables de Contel Funkwerk. Et ce, malgré les prix élevés de cette entreprise, qui sont expliqués par la supériorité de l'offre technique de celle-ci. D'un autre côté, et c'est précisément le grand flou dans cette affaire, l'interrogation sur les mouvements financiers recelés par l'agence BNP de Hydra, où des sommes considérables ont été versées aux responsables de Contel Funkwerk. A cela, il faut ajouter une irrégularité de taille, du fait que Faouzi Meziane était associé avec El Ismaïl Djaâffar, au moment de la signature du contrat avec Sonatrach, ce qui représente une entorse au règlement intérieur. A ce sujet, il faut rappeler, que durant l'exécution des contrats, en 2007,2008, et 2009, le chiffre d'affaires de Contel Funkwerk est passé de 385 millions de dinars à 2 milliards de dinars en l'espace d'une année. Par ailleurs, pour la signature du contrat de rénovation du siège de Ghermoul, le juge Reggad, a essayé d'établir le lien entre le bureau d'études CAD qui a décroché le contrat, les transferts financiers effectués par Nouria Miliani propriétaire du bureau d'études, au crédit de Mohamed Réda Hemche, chef de cabinet du P-DG de Sonatrach. Au départ des auditions dans cette partie du procès, les hauts responsables de Sonatrach, accusés dans cette affaire, évoquent également la notion d'urgence que revêtait l'instruction du ministre, pour le choix d'un bureau d'études. Ils expliquent que la proposition de CAD, émanait de la direction de gestion siège, et sous l'urgence instaurée par le ministre, ce contrat fut signé de gré à gré. D'autre part, le passage des témoins n'a pu réellement révéler la nature de la relation entre l'obtention du contrat par Nouria Miliani et l'intervention ou pas de Réda Hemche. Il n'en demeure pas moins que la facture s'élevait à 45 millions de dinars et que, suite à l'interrogatoire des prévenus, le projet fut annulé. Concernant le projet de réalisation d'un gazoduc reliant l'Algérie à la Sardaigne, il faut savoir que la norme des prix pratiqués dans le monde pour ce genre de réalisations était de l'ordre de 1,2 million de dollars par kilomètre, alors que ceux proposés par Saipem s'élevait à 2 millions de dollars. A cela, le directeur général de Saipem Algerie, Massimo Galipoli, explique que ces prix sont basés sur la nature du tracé et son relief difficile. Or, dans ce contrat ce sont uniquement les prix qui posent problème. Et pour cause, lors de cette signature de contrat, Mohamed Reda Meziane, l'un des fils du P-DG, était consultant au sein de Saipem, et recevait des salaires importants et ce, en plus du crédit d'un montant de 40 millions de dinars qu'il avait obtenu auprès de Saipem. Massimo Galipoli affirme que ce crédit était une affaire personnelle entre Reda Meziane et l'ex-P-DG de Saipem Algérie.