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Un théâtre de gâchis
MEMOIRES DE SCÈNES D'ABDERAHIM LALOUI
Publié dans L'Expression le 26 - 01 - 2016

Abdellah Lagoune et Amel Wahbi dans son premier rôle de cinéma
Un sujet pertinemment délicat. Le réalisateur aurait pu en faire un très bon film, sensiblement beau, qui touche car dédié avant tout à l'Algérie, l'art et ses martyrs. Mais...
Dommage qu'il soit passé à côté. Mémoires de scènes, titre du long métrage présenté hier matin, à la presse est un film qui allie cinéma et théâtre à la fois. Mais verse beaucoup plus dans la seconde tendance. Débuté en 2007, puis repris en 2013, le long métrage du réalisateur-acteur Abderahim Laloui est une production de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), avec le soutien du ministère de la Culture - Fdatic. Il a pour trame les années noires du terrorisme des années 1990. Son synopsis?
Dans une ville de l'intérieur du pays, Sétif, Azzedine, journaliste, alias Abdellah Laggoune, adapte la pièce de théâtre de Molière Tartuffe qu'il veut monter au théâtre municipal. Aidé par un groupe d'amis, tous comédiens amateurs et venus de différents horizons, il commence les répétitions. Mais le maire, fraîchement élu, lui met des bâtons dans les roues. La rue est en ébullition, les islamistes sympathisants du FIS crient «la démocratie est une hérésie». La rue gronde et le quotidien de ces apprentis comédiens est chamboulé.
Le président de la République Chadli Bendjedid annonce à la télévision sa démission. C'est la période de l'arrêt du processus électoral. Nous l'avons compris. Rien ne va plus. Mais les Algériens incrédules refusent d'abdiquer... du moins ceux que le réalisateur a choisi de mettre en avant. Azzedine et ses amis résistent et et sont décidés à jouer leur pièce tout en la modifiant au fur et à mesure en fonction de ce qui leur arrive et des comportements malsains du maire et de ses charlatans intégristes. Quand les autres arrachent les affiches, on vient les coller à nouveau. Les femmes se voilent jusqu'aux petites filles. La police arrête un homme voilé déguisé en nikab noir. Un kamikaze. Un attentat est commis dans l'immeuble où vit l'un des acteurs. La peur s'installe. Ahmed Benkamla joue le rôle de Tahar Djaout. Ce dernier est assassiné, suivra Alloula dans le film.
Le coup fatidique viendra à la fin de ce long métrage fastidieux. Une scène qui finit par asséner le coup de grâce à cette immense pièce de théâtre par sa séquence grossièrement caricaturale. Avec une pointe de tragédie en sus qui déchante les esprits et fera partir en éclats le versant cinématographique de ce film qui se joue par instants, du mélodrame et des envolées emphatiques littéraires, comme un clown avec sa marionnette. Pourtant, les acteurs sont bons. On saluera d'ailleurs, la prestation de l'artiste chanteuse Amel Wahbi qui embrasse pour sa part et pour la première fois, une carrière au cinéma et ce, en donnant à voir un personnage simple et naturellement décontracté. Cette dernière joue le rôle de la femme de Azzedine. Elle est professeur d'arabe et une femme aimante. Le couple a un petit garçon, une jeune adolescente qui joue souvent du violon et une autre grande, est pilote d'avion. Elle est interprétée par Zahra Wahbi. Le mari parle peu. D'ailleurs, les dialogues sont courts. Les silences de Azzedine ne sont pas un défaut.
Le rôle de la grand-mère revient quant à lui à l'éternelle femme éplorée, Farida Sabounji, tandis que Chafia Boudraâ joue la doyenne des comédiennes de théâtre, qui assiste comme cette grand-mère à la déchéance du pays. Un pays que le réalisateur a voulu montrer dans sa diversité régionale et langagière, à travers notamment l'accent skikdi non corrigé de Amel Wahbi et les paysages naturels de la ville de Sétif. «Un film patriote» dira-t-il.
Soit, sauf qu'à force de s'emmêler les pinceaux on finit par produire un film incohérent, soutenu par des anomalies techniques, même s'ils sont anecdotiques bien remarqués et auront pour conséquence de déstabiliser grandement cette «grammaire de l'image», si chère au réalisateur. Si «l'histoire du film oscille entre les tartufferies de Molière et la vie quotidienne de cette troupe de théâtre amateur» comme le raconte le synopsis, qui aborde la violence en crescendo, entretenir une ligne de marge entre ce que l'on voit et croit-on voir s'avère dangereux quand on a la prétention de faire un film cinéma. Mémoires de scènes est en effet, comme l'a indiqué son réalisateur, «un petit film», même si ses prétentions s'avèrent être lourdes à porter, comme «ouvrir le débat avec la nouvelle génération sur cette histoire et sauvegarder la mémoire».
Les masturbations intellectuelles du réalisateur sur la mise en abîme suggérée entre les 7e et 4e arts, n'auront pas servi à changer notre regard sur ce film, qui revêt plus la forme d'un téléfilm du dimanche, qu'à un véritable objet cinématographique qui aurait pu nous bouleverser, nous atteindre même par son côté «chaotique». Or, il était soit trop ou peu lisse pour sublimer justement notre mémoire et faire rejaillir cette émotion si chère à notre affect esthétique, laquelle manquait gravement à l'appel, si ce n'est peut-être paradoxalement, cette scène finale où l'on se dit que le réalisateur s'est enfin mouillé la chemise. Et pourtant raté!
Même si dramatiquement poignante, sa mise en scène brinquebalante, atteint le degré zéro de l'interprétation grotesque qui éloignera le spectateur du réel pour le plonger sur une scène de théâtre, encore une fois mal agencée et mal exploitée comme ce décor à deux vitesses, complètement invraisemblable, qui passe d'un lieu à un autre sans sourciller. Une faute de montage peut être assumée par le réalisateur, mais qui décrédibilise l'enjeu même du film. Mémoires de scènes, le tout au pluriel, donc un clin d'oeil à cette «mémoire de scène», titre de la pièce de théâtre, qui restera en effet un petit film d'essai, dans notre mémoire à l'instar de toutes ces pièces de théâtre amateur, qui se jouent dans les fêtes de fin d'année à l'école et qui n'iront pas très loin hélas!...


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