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Où est le moi profond?
LES FANTÔMES DE L'IDENTITE DE MOURAD YELLÈS
Publié dans L'Expression le 27 - 12 - 2004

La question identitaire continue d'interpeller chercheurs et sociologues.
A l'heure d'une mondialisation culturelle effrénée, proposer une réflexion autour des représentations identitaires en Algérie peut sembler pour certains relativement insolite et curieux, voire dérisoire. Occidentalisation inéluctable ou arabo-islamisation irréversible? Pour une majorité d'observateurs de la scène socioculturelle algérienne, en effet, les jeux sont déjà faits dans ce cas, selon l'auteur de cet ouvrage qui s'interroge «à quoi sert de réveiller les fantômes d'une mémoire collective encore traumatisée (à tort et à travers)? En ces temps de troubles et de tourments, ne serait-il pas plus raisonnable de s'en tenir au statu quo et de se contenter de payer sagement son tribut aux figures tutélaires d'une «identité nationale» imposée de haute lutte?».
Mourad Yellès, enseignant universitaire à Paris VIIIe en France, s'est penché sur l'histoire culturelle et de l'imaginaire algériens. Il indiquera à ce sujet que le choix du thème de cet ouvrage risque de surprendre, peut-être même d'irriter au moins deux catégories de lecteurs. En effet, pour la première catégorie, à partir d'une lecture délibérément pragmatique de la notion d'«identité algérienne», ils auront beau jeu de s'interroger sur la pertinence d'un concept dont les contours historiques et anthropologiques demeurent, à leurs yeux, singulièrement abstraits. On observera qu'en règle générale, une telle position s'accompagne très logiquement du refus de toute approche théorique en termes régionaux ou nationaux et implique d'emblée l'inscription dans une perspective «transculturelle», délocalisée - mondialisation oblige- des rapports Nord- Sud.
La deuxième catégorie des lecteurs, au nom d'un «anti-impérialisme» irréductible, risque fort de réfuter la notion même d'«inter-culturalité», et, à plus forte raison, de «métissage». Ils mettront certainement l'accent, quant à eux, sur les conséquences culturelles dramatiques du fait colonial pour les pays dominés et ils ne se priveront pas de rappeler la persistance des visées des «hégémonismes» des puissances occidentales (via leurs satellites et autres relais technologiques régionaux). Ainsi, pour appuyer sa thèse, Mourad Yellès évoque les réflexions de Mouloud Mammeri qui a écrit en 1987 à ce sujet que «les tenants d'un chauvinisme souffreteux peuvent aller déplorer la trop grande ouverture de l'éventail : Hannibal a conçu sa stratégie en punique ; c'est en latin qu'Augustin a dit la cité de Dieu, en arabe qu'Ibn Khaldoun a exposé les lois des révolutions des hommes. Personnellement, il me plaît de constater dès les débuts de l'histoire cette ample faculté d'accueil. Car il se peut que les ghettos sécurisent, mais ils stérilisent, c'est sûr. Dans ce contexte, Mourad Yellès notera cependant qu'il ne faut pas cacher qu'en Algérie, le chemin est encore long qui mène à une reconnaissance apaisée du passé. Selon lui, lorsque l'on observe, dans l'Hexagone même, les passions que soulèvent des décennies, voire des siècles plus tard, tel ou tel aspect de l'histoire de France, on ne saurait s'offusquer des lenteurs et des forces souvent exacerbées que peuvent prendre dans les mémoires algériennes le traitement et l'assimilation de certains épisodes relativement proches. De ce point de vue, les séquelles de la période coloniale et post-coloniale sont loin d'avoir été totalement identifiées et, à plus forte raison, traitées. Bien plus, il faut craindre que dans le contexte inhérent à une société en pleine mutation, travaillé par des tensions idéologiques sans cesse réactivées sur la scène internationale, ne se trouvent renforcées par la montée des extrémismes de tous bords. Kateb Yacine résume parfaitement cette ambivalence lorsqu'il écrit ce «sont des âmes d'ancêtres qui nous occupent, substituant leur drame éternisé à notre juvénile attente , à notre patience d'orphelins ligotés à leur ombre de plus en pâle, cette ombre impossible à boire ou à déraciner, l'ombre des pères, des juges des guides que nous suivons à la trace, en dépit de notre chemin, sans jamais savoir où ils vont brusquement déplacer la lumière, nous prendre par les flancs, ressusciter rien qu'en soufflant sur les cendres chaudes, les vents de sable qui nous imposeront la marche et la soif , jusqu'à l'hécatombe où gît leur vieil échec chargé de gloire, celui qu'il nous faudra prendre à notre compte, alors que nous étions faits pour l' inconscience, la légèreté, la vie tout court...»
Les fantômes de l'identité de Mourad Yellès. Editions Anep. 214 p.


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