Disponibles, ces travailleurs sont sous-payés et n'ont aucune possibilité de se plaindre «Le malheur des uns fait le bonheur des autres.» La maxime semble s'être installée dans les us de la «néobourgeoisie» financière algérienne. La présence en force d'une main-d'oeuvre africaine sur le territoire national est exploitée par des lobbies maffieux qui «exclavagisent» ces clandestins. Des mouvements migratoires ont toujours existé entre les pays sahéliens et le Maghreb. Ils sont désormais, pour les candidats à l'émigration, la seule possibilité de réaliser leur projet. «L'immigration choisie» chère à Marine Le Pen et à Nicolas Sarkozy ainsi qu'aux socialistes français est loin de répondre aux attentes de tous ceux qui veulent partir. Fuyant les guerres, la misère, le chômage et la pauvreté qui constituent les principaux motifs de l'émigration, dans leurs pays d'origine, ces Africains ont rejoint l'Algérie avec en tête le projet de traverser la Méditerranée vers l'éden européen, le rêve et le mirage de l'eldorado occidental. Le système des visas pour accéder aux pays européens, la difficulté pour les obtenir, et la création de l'espace Schengen, ont contribué au développement de filières migratoires clandestines, surtout en Algérie et au Maroc. Le renforcement des mesures de surveillance des frontières et des côtes déjouera ces projets et nombreux sont ceux qui se sont retrouvés bloqués en Algérie. Les autorités nationales ont alors offert la possibilité à ceux qui le veulent de repartir dans la dignité vers leurs pays. Bon nombre ont choisi de rester clandestinement et de vivre au jour le jour. C'est cette catégorie fragile que des réseaux de convoyeurs d'une main-d'oeuvre à bas prix exploitent. Les ouvriers résident dans les grandes métropoles du pays: Alger, Oran, Annaba, Sétif... pour ne citer que ces villes. Chaque matin, ils sont dirigés vers des agglomérations plus petites où ils sont recrutés pour des travaux manuels, maçonnerie, ferraillage, manoeuvre et autres besognes rudes. En plus de la disponibilité de ces personnes à faire tout ce qu'on leur demande, elles sont sous-rémunérées et n'ont aucune possibilité de se plaindre du moment qu'elles ne disposent pas des papiers réglementant la présence sur le territoire et le fameux permis d'exercer. L'autre grand avantage pour les recruteurs reste la non-déclaration aux assurances d'où un gain direct en matière de fiscalité et de sécurité sociale. Le mois dernier, un de ces réseaux avait été démantelé par les services de sécurité dans la wilaya de Bouira. Quotidiennement quatre à cinq Africains venaient d'Alger et étaient accueillis dans un café en face de la gare routière. Ces ouvriers étaient alors conduits sur les chantiers et y ont travaillé pour des miettes. Les éléments des services de sécurité ont alors décidé de faire le guet chaque matin. Plusieurs de ces ouvriers «affectés» depuis Alger ont été arrêtés et conduits au centre de regroupement d'une wilaya du sud-est du pays d'où ils seront rapatriés. Les réseaux de plus en plus nombreux sévissent sur l'ensemble du territoire national. Depuis Oran, ces clandestins sont orientés vers Mascara, Chlef, Saïda... et sur les villes frontalières. Les divers communiqués du MDN faisant état de l'arrestation de ces clandestins qui s'adonnent aussi à toute sorte de trafic témoignent de l'ampleur du danger. Le coup de filet le plus récent fait état de l'appréhension à Relizane et à Sidi Bel Abbès de huit immigrants clandestins par la Gendarmerie nationale. Les limites entre le grand banditisme et le terrorisme sont minimes et ces résidents illégaux franchissent facilement le seuil surtout que seul l'argent les intéresse. La région centre comme la partie est du pays connaissent le même phénomène et avec autant d'ampleur, l'instabilité dans les pays voisins, la Tunisie et la Libye, aidant à accentuer et à actualiser le fait. Le renforcement des contrôles aux frontières dans la majorité des pays d'Europe depuis les attaques de Paris en France pousse ces immigrants à prolonger leur séjour dans notre pays qui reste le seul à offrir une sécurité. De source officielle, le Maroc et son royaume n'hésitent pas à recourir à des traitements dignes de l'ère esclavagiste envers ces «damnés» venant du Nord Mali, du Niger et des autres pays africains.