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Quand la conscience est étudiante...
MOMENTS D'HISTOIRE DES ETUDIANTS ALGERIENS DE MONTPELLIER (1948-2014) PAR MESSAOUD DJENNAS
Publié dans L'Expression le 17 - 02 - 2016

Oui, la mémoire aide à régler ses dettes envers l'histoire; et c'est ainsi que commence toujours l'aventure de dire et surtout d'écrire.
Professeur agrégé en ophtalmologie, Messaoud Djennas, à son âge (90 ans, le 15 octobre dernier, - joyeux anniversaire!), sait de quoi il parle dans son très instructif nouvel ouvrage intitulé Moments d'histoire des étudiants algériens de Montpellier (1948-2014) (*). Aussi, est-ce là un travail de mémoire sur une période éminemment historique se rapportant à la vie et à l'ordre des «étudiants algériens de Montpellier (France)» au temps fort de la Révolution de 1954. Il a écrit ce livre «À la mémoire des étudiants algériens de Montpellier et de tous les Martyrs de la cause nationale». Cette nouvelle «tentative d'écriture», il la doit à sa volonté d'homme de conscience et de fidélité aux siens. Il a inscrit son devoir dans une aventure d'hommage éclatant en écrivant un livre, tout en sachant qu'«écrire est une aventure»; et en effet, c'est ainsi que commence toujours l'aventure de dire et surtout d'écrire.
Elaboration d'une prise de conscience
À ce sujet il s'explique, écrivant: «Moments d'histoire..., que je présente aujourd'hui au lecteur, est un type apparemment plutôt restrictif. Il se justifie néanmoins par mon intention de me limiter à une période bien précise, celle que j'ai vécue à Montpellier, depuis mon arrivée en France en 1948 jusqu'à mon départ de ce pays, après l'historique grève des étudiants du 19 mai 1956.»
Pour comprendre les motivations de l'auteur de l'ouvrage, il importe de rapporter quelques éléments extraits de la brève «biographie» du professeur Messaoud Djennas: «[Il est] né le 15 octobre 1925 à El Aouana (W. de Jijel) [... Il] est aussi un enfant de Belcourt où ses parents s'installent en 1930. Elève des écoles Olivier, puis Sarouy, du collège de Médéa puis du lycée Bugeaud (actuel émir Abdelkader), il fit un bref passage à la médersa d'Alger, auquel met fin son arrestation, suite aux manifestations de mai 1945 (il a adhéré au PPA clandestin en mars 1943). La grève des étudiants interrompt ses études de médecine à Montpellier, prolongée par un long séjour dans différents camps de concentration pour activités militantes. Libéré en novembre 1958, il reprend ses études, soutient sa thèse de doctorat en médecine et achève sa spécialité en ophtalmologie avant de gagner le Maroc. Après le cessez-le-feu, il est affecté par les responsables de la Zone autonome d'Alger à la clinique Cervantès de Belcourt, dans le cadre de la prise en charge des populations victimes de l'OAS. Professeur agrégé en octobre 1967, Messaoud Djennas a dirigé le service d'ophtalmologie du CHU Issad Hassani de Beni Messous de 1971 jusqu'à son admission à la retraite en 1991.»
Le professeur Djennas est l'auteur de plusieurs ouvrages: Vivre, c'est croire, mémoires (2006); Algérie, résistance et épopée. dialogues à travers le temps (2009); La saga des rois numides. Entre Carthage et Rome (2010); Le docteur Ahmed Aroua, mon ami (2012); Si Belcourt m'était conté. De l'histoire à... l'Histoire (2014). Il annonce la parution prochaine de son roman: Saïd le berger.
Dans le présent ouvrage, il s'évertue à aborder «le devenir des étudiants grévistes, non seulement durant les péripéties de notre Guerre de libération, mais aussi dans l'Algérie libérée.» Se voulant pédagogique, à raison, Messaoud Djennas rappelle dans quel contexte historique mondial la Révolution du 1er Novembre 1954 est apparue. C'était à une période «particulièrement importante de notre Histoire, celle de la décolonisation, qui s'effectuait sur une grande échelle: l'indépendance de l'Inde, de l'Indonésie, sous la conduite de leaders de légende, le mahatma Grandi, Ali Jinnah, le pandit Nehru, le docteur Ahmed Soekarno, etc. Mais c'est surtout la guerre d'Indochine (Vietnam) [...] - qui allait faire irruption avec fracas au Maghreb et dans les milieux estudiantins de divers pays, en particulier en Algérie et en France.» L'auteur Djennas signale encore «pour une meilleure compréhension de l'évolution politique des étudiants de Montpellier, un fait historique important: au cours de la Première Guerre mondiale, les grandes régions industrielles de France avaient reçu des émigrés algériens et, partant, permis leur rapide prise de conscience politique au contact des organisations ouvrières et l'essor du mouvement nationaliste.»
«L'Algérie avant tout!»
Messaoud Djennas développe, avec le scrupule du militant nationaliste, une analyse de la situation, de la condition et des activités des étudiants algériens à Montpellier, date après date. À cet effet, il se réfère davantage à l'effet sociologique générant une vie particulière de l'étudiant algérien en pays étranger, et cependant très attaché aux principes généraux de ses origines. Est-ce sans doute surtout pour cela, et à bien des égards pour d'autres raisons que l'on découvrira dans le livre, que l'on a pu observer, avec l'auteur, qu'«à l'instar des communautés estudiantines d'Alger, de Paris et d'ailleurs, celle de Montpellier ne tarda pas à s'engager massivement dans la lutte». Quoi qu'il en soit, la réflexion de l'auteur est très éclairante et fort significative de la prise de conscience des étudiants algériens de Montpellier. Il écrit dans son Avant-propos: «Il faut reconnaître que si l'UGEMA [Union générale des étudiants musulmans algériens] a constitué, dès sa création en juillet 1955, un temps fort dans l'engagement des étudiants, c'est cependant, incontestablement, la grève du 19 mai 1956, déclenchée par la section d'Alger, qui marqua de façon spectaculaire l'intervention de la jeunesse estudiantine algérienne dans les forces combattantes du FLN-ALN..» L'auteur, faisant lui-même partie des nombreux étudiants algériens de Montpellier, écrit: «Mais le tournant décisif qu'a été la Grève du 19 Mai [1956] ne le fut pas seulement par l'effet sur le destin de la communauté estudiantine - qui amena son engagement total dans la lutte de libération -, mais aussi par son dépassement du concept communautariste, à la fois protecteur et paralysant. Désormais, le stade de ´´la prise de conscience collective est dépassé´´ par l'intégration dans les forces combattantes. [...] Il faut souligner avec force que beaucoup parmi eux [Les membres de l'UGEMA] s'engagent à fond dans l'édification du jeune Etat alors même qu'ils étaient à distance du pouvoir décisionnel. Mais qu'importe! Leur seule devise était: ´´L'Algérie avant tout!´´».
L'histoire de ces étudiants algériens, du moins ceux qui décident d'aller étudier en France, commence en octobre 1948. «Le baccalauréat en poche, raconte Messaoud Djennas, Ahmed Aroua, Abderrahmane Baba Ameur et moi-même avons mis le cap sur Montpellier (France), où nous devions entreprendre des études de médecine.» L'université de Montpellier est très ancienne. Elle a été créée entre 1289 et 1793. Elle a été surtout connue pour avoir abrité une brillante «école de médecine» de France. Au xiie siècle, elle était fréquentée par ceux qui, des pays du pourtour méditerranéen (y compris des communautés arabes), venaient s'instruire davantage par des échanges scientifiques, et d'autant qu'à cette époque du Moyen Âge, un édit de 1181 rendit libre la pratique de la médecine... On lira avec un intérêt aigu le vrai récit d'histoire sur la génération de jeunes Algériens ayant étudié la médecine à Montpellier en des temps difficiles, mais pour faire un art extrêmement utile pour l'Algérie en guerre imposée par la colonisation française. Et pour l'Algérie renaissante libre et indépendante. Cette sublime épopée, en bien des points, constitue un soin précieux à appliquer à chacun de nous pour nous revivifier en quelque sorte l'âme et la conscience, si quelquefois le moral, subissant le choc d'un quotidien décevant, flanche.
Alors, consolons-nous avec la lecture des dix chapitres, des photos de médecins connus et de Montpellier (en encart) et six importantes annexes du livre Moments d'histoire des étudiants algériens de Montpellier (1948-2014) de Messaoud Djennas, professeur agrégé en ophtalmo-logie: 1 - Montpellier, capitale universitaire. 2 - De la sociologie en milieu estudiantin algérien. 3 - La vie des étudiants algériens à Montpellier (1948-1956). 4 - La prise de conscience politique. La décolonisation. 5 - L'UGEMA. 6 - La guerre totale de la France. 7 - L'engagement (1), au maquis. 8 - L'Engagement (2), dans les organisations politiques. 9 - Contre l'oubli (1), tombés au champ d'honneur. 10 - Contre l'oubli (2), dans l'Algérie nouvelle (1962-2014). Conclusion vertueuse envers les médecins de la Révolution du 1er Novembre 1954 et de l'Algérie libre retrouvée: «Il est classique de dire que la connaissance du passé explique le présent et permet un meilleur avenir. J'ajouterai simplement que cette connaissance est l'équivalent sociohistorique du lait maternel si nourricier, si recommandé...» - assurément, dès lors que les méthodes sociologiques sont mises en pratique... Au vrai, il reste qu'il y a bien des manières d'écrire l'histoire, et le professeur Messaoud Djennas nous offre de grands Moments d'histoire des étudiants algériens de Montpellier (1948-2014), un effort de mémoire salvateur «Contre l'oubli».
(*) Moments d'histoire des Etudiants algériens de Montpellier (1948-2014) par le
Dr Messaoud Djennas, Casbah Editions, Alger, 2015, 183 pages.


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