Dans leurs visions respectives, les deux leaders ont affiché une volonté commune à donner un second souffle à cet édifice maghrébin. Cet échange «épistolaire» témoigne-t-il d'une réelle volonté d'apaisement entre les deux pays? Comme dirait l'adage: «Une hirondelle ne fait pas le printemps.» Les relations algéro-marocaines sont exécrables. C'est incontestable. Et ce n'est certainement pas par un coup de crayon que seront gommés du jour au lendemain tous les malentendus et les agressions verbales distillées par de hauts responsables marocains, ministres de leur état. Le froid plus que le chaud a souvent soufflé entre Rabat et Alger. Il y a eu l'affaire de l'emblème national, profané, du Consulat d'Algérie à Casablanca, la revendication de territoires (Tindouf, Béchar) par le SG de l'Istiqlal, Hamid Chabat, avant que son parti ne claque la porte de la coalition gouvernementale, les discours haineux du chef de la diplomatie marocaine, Salaheddine Mezouar... Ce n'est cependant pas pour autant qu'il va falloir faire la fine bouche lorsqu'une fenêtre est entrouverte pour entrevoir un rayon de soleil. Surtout quand le geste vient du souverain marocain. Une nouvelle occasion s'est présentée avec la célébration du 27e anniversaire de la Proclamation de l'Union du Maghreb arabe (UMA). Le premier pas a été accompli par le président de la République qui a adressé un message au roi du Maroc, dans lequel il souligne que la consécration de l'unité du Maghreb arabe «s'impose telle une nécessité impérieuse au moment où la région fait face à des défis multiples». «Je saisis cette heureuse occasion qui nous permet d'évoquer les aspirations légitimes de nos peuples au recouvrement de leur liberté et de leur indépendance, et au renforcement de leur solidarité et de leur cohésion, pour vous réaffirmer le souci profond de l'Algérie et sa ferme détermination à oeuvrer de concert avec tous ses pays frères dans la région pour la préservation des acquis de cette réalisation historique», est-il écrit dans la missive de Abdelaziz Bouteflika. La célérité avec laquelle lui a répondu Mohammed VI indique qu'il y a été très sensible. «La célébration de cet anniversaire est l'occasion de rappeler les espérances de nos peuples maghrébins touchant à la réalisation de leurs aspirations légitimes à l'intégration et à l'unité, en vue d'atteindre les objectifs du traité de Marrakech qui a permis d'asseoir les fondements de l'Union maghrébine et d'ouvrir les perspectives d'un avenir prometteur, où nos peuples frères profiteront du développement et de la prospérité dans un climat de sécurité, de sérénité et de stabilité», a indiqué l'héritier de feu Hassan II tout en soulignant que ce projet était «une option stratégique irréversible». «Le Royaume marocain qui considère l'Union maghrébine comme une option stratégique irréversible, ne ménagera aucun effort pour la réalisation de l'intégration entre ses cinq Etats membres et l'instauration d'un nouveau système maghrébin fondé sur la fraternité, la confiance, la solidarité et le bon voisinage...», a ajouté le roi du Maroc. Le bon voisinage: Mohammed VI a eu l'élégance de ne pas remuer le couteau dans la «plaie». De ne pas évoquer les relations entre les deux pays. La normalisation des relations algéro-marocaines est devenue une condition sine qua non pour l'édification de l'Union du Maghreb. Il est impossible, en effet, de concevoir une mise sur orbite de l'UMA sans des relations apaisées entre le Maroc et l'Algérie, seuls pays à afficher une stabilité à toute épreuve dans la région au moment où la Libye sombre dans le chaos alors que la Tunisie peine à retrouver une paix durable. La concrétisation des objectifs assignés à cette institution qui représente un espace économique régional de près de 100 millions d'âmes en dépend.