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«Il faut sortir de la léthargie et de l'immobilisme»
BRAHIM TAZAGHART, AUTEUR EN TAMAZIGHT
Publié dans L'Expression le 24 - 01 - 2005

Le défi à relever est que tamazight est en mesure de remplir son rôle de langue de la nation.
En plus d'oeuvres littéraires en tamazight qu'il publie depuis 2003, Brahim Tazaghart intervient régulièrement dans le débat national sur les questions sensibles de l'heure à travers des contributions reprises intégralement par la presse nationale. A Béjaïa où il travaille et réside, il participe avec grande utilité aux conférences et tables rondes sur la culture et la littérature qu'il enrichit par ses connaissances en la matière, mais aussi par une lucidité audacieuse. Dans cet entretien, il parlera de son expérience d'auteur en tamazight et de l'indifférence des milieux culturels et médiatiques concernant la production littéraire d'expression amazighe.
L'Expression : Depuis 2003, vous avez publié un recueil de poésie, Ljerrat (les traces), et un roman, Salas d Nuja, toujours en tamazight. Comment appréciez-vous l'accueil réservé à vos oeuvres?
Brahim Tazaghart:L'écriture romanesque en tamazight n'est pas une institution établie dans notre société. Elle est une forme d'expression nouvelle, visant à donner une importance essentielle aux techniques d'écriture et aux systèmes de construction de textes. Dans le roman, l'histoire est construite dans un univers graphique et selon des logiques d'écriture aussi diverses que multiples, elle n'est pas racontée selon des règles inamovibles comme dans le conte. La nouveauté de cette expérience chez nous, combinait à la situation précaire de l'outil linguistique qui la porte du fait que les assises favorisant son émancipation demeurent à ce jour insuffisantes. Car, à l'absence de sa prise en charge par une édition ambitieuse, il y a le problème de sa diffusion et de sa promotion qui s'imbriquent. Un produit mal connu, mal diffusé, est un produit dévalorisé de fait. Et la promotion, vous le savez très bien, est indissociable de la critique littéraire qui tarde à s'imposer. La critique est un baromètre indispensable pour l'auteur. En son absence, c'est le sentiment d'isolement et de désintérêt qui l'enveloppe. C'est un sentiment déstabilisateur et destructeur qui peut venir au bout du besoin d'écrire et de créer. L'intérêt au produit littéraire doit se manifester d'une manière organisée et visible. Dans ce sens, nous attendons beaucoup des étudiantes et étudiants en langue amazighe qui, nous le souhaitons vivement, prendront en charge dans leurs thèses les romans amazighs qui sont sur le marché. C'est à l'université, comme espace de savoir, d'établir les règles de la sélection et les critères d'évaluation de telle ou telle autre production. Ceci dit, je ne peux objectivement apprécier l'accueil réservé à mon roman pour revenir à votre question. Quelques initiés dans le domaine l'ont trouvé intéressant. Mais c'est à eux de dire plus. Moi je produis, je ne juge pas mon travail. Il y a une éthique à respecter, et celle-là nous impose des conduites que nous devons admettre.
Après la nouvelle et le roman, l'écriture dramaturgique ne vous tente-t-elle pas pour contribuer à dynamiser le théâtre en tamazight?
Lors de sa lecture de deux de mes nouvelles du recueil Ljerrat, Tahar Djaout a relevé la maîtrise des dialogues et de leur vivacité. Cela revient au fait que durant les années 1987 et 1988, j'ai pratiqué le théâtre ici à Béjaïa, au niveau de la maison de jeunes Soumari. Cette expérience m'a beaucoup aidé dans la construction de mes dialogues, que ce soit dans la nouvelle que dans le roman.
Cela pour vous dire que je ne suis pas totalement étranger au quatrième art. Mais écrire des pièces théâtrales ne me tente pas encore. Je suis sur un nouveau roman, une fois achevé, je vais peut-être m'y consacrer. Aussi, je pense qu'on peut travailler des monologues et des pièces à partir de nouvelles déjà publiées, c'est une idée à exploiter.
La culture à Béjaïa est plongée dans le marasme depuis de longues années. Quelles en sont les causes et comment peut-on la recréer?
Je crois que l'activité culturelle à Béjaïa est déterminée par la revendication amazighe. Durant les années 1987, 1988 et 1989, la vie culturelle a été riche en activités et en événements. En plus de l'école musicale de Sadek Abjaoui, il y avait le mouvement théâtral avec Thileli Tarwa n Sumer et d'autres troupes amateurs qui ont bénéficié de l'attention du regretté Malek Bouguermouh qui, en plus de ses occupations au TRB, offrait généreusement son aide à toutes les troupes de la ville. Il y avait aussi les poésiades, organisées chaque année par l'association Soummam, rendez-vous fréquenté par les meilleures plumes poétiques du pays : Djaout, Tengour, Mariache et tant d'autres. Malheureusement, ce dynamisme n'a pas survécu à cause des facteurs défavorables, tant internes qu'externes au mouvement culturel. La pratique culturelle associative n'avait pas de racines solides, elle a émergé avec la parution brutale du pluralisme politique. Pendant des décennies, le pouvoir a fermé toutes les voies d'expression qui échappaient à son contrôle, il a refusé toute initiative autonome. Cela a produit un mouvement social qui a péché par son volontarisme. Le pluralisme naissant n'a pas fonctionné selon une vision démocratique claire. Le tout partisan et politique a étouffé les énergies créatrices, subordonnant toute activité à l'intérêt conjoncturel, au lieu d'être à l'écoute de la société civile et de ses ambitions. La violence terroriste a fait le reste. Durant les événements de Kabylie, et au lieu de renforcer la vie culturelle et intellectuelle pour donner un contenu dynamique à la citoyenneté, les aârouch ont installé la société dans un deuil interminable qui l'a vidée. Cela pour la première partie de votre question. Pour le quoi faire ?, je pense que le mouvement doit penser sa mission dans le cadre de la nouvelle situation sociopolitique du pays et dégager un programme culturel qui soit la garantie pour un avenir démocratique et prospère. Nous sommes passés du pourquoi de la revendication de tamazight au comment le faire. En effet, avec la reconnaissance constitutionnelle de tamazight comme langue nationale, le défi à relever est celui d'apporter en tant que producteurs et animateurs culturels la preuve tangible que tamazight est en mesure de remplir son rôle de langue de la nation. Pour cela, les associations doivent se mettre à niveau et assumer des missions plus ambitieuses. L'université de son côté est appelée à s'ouvrir à la société et construire des passerelles solides, permanentes et des liens productifs. Elle peut et c'est son rôle, d'encadrer le mouvement culturel qui travaille à élever le niveau intellectuel dans la société. Pour le TRB, qui est en train de connaître un dynamisme salutaire avec Fetmouche, pour la Maison de la culture qui s'est ouverte dernièrement au mouvement associatif, il s'agit de se réconcilier avec leur vocation première, d'espace de culture et de la création et d'éviter de se comporter en tant que simples institutions bureaucratiques. En définitive, c'est à la société dans sa totalité de sortir à travers des actions concrètes et effectives de la léthargie et de l'immobilisme afin de s'assurer un avenir de progrès et de paix.


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