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"Les archives des pays africains se portent mal"
ABOUBAKAR SANOGO, REPRESENTANT DE LA FEPACI (FEDERATION PANAFRICAINE DES CINEASTES), À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 13 - 11 - 2016

Un colloque très intéressant décliné sur deux jours aux JCC et auquel a participé une pléiade de personnalités et d'universitaires du monde entier et du 7ème art tel Ahmed Bédjaoui. Il s'agissait en effet, autour du Patrimoine cinématographique en péril, de trois volets à être abordés. Tout d'abord, une introduction permettant de faire le point sur l'évolution de la réflexion concernant les politiques de conservation et de sauvegarde du patrimoine cinématographique dans le monde, un second volet consacré au rôle des archives cinématographiques comme outils de résistance, de résilience et de thérapie collective et enfin un troisième volet aura permis de prendre connaissance des situations et des projets en cours dans le domaine de la conservation et de la sauvegarde du patrimoine cinéma en Europe, Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne. Pour prendre le pouls de ce colloque, le coorganisateur a bien accepté de répondre à nos questions...
L'Expression: Pourriez-vous tout d'abord vous présenter à nos lecteurs?
Aboubakar Sanago: Oui, Je m'appelle Aboubakar Sanogo. Je suis né au Burkina, je suis professeur de cinéma à Carlton University, à Ottawa, au Canada et je suis aussi secrétaire régional pour la diaspora Amérique du Nord c'est-à-dire Etats-Unis, Canada et Mexique pour la Fepaci. La Fédération panafricaine des cinéastes.
En tant qu'un des représentants de la Fepaci, il y a eu cette année aux JCC un colloque qui a duré deux jours sur la préservation des archives cinématographiques en péril en Afrique.
Quel rôle joue la Fepaci dans tout ca?
Avec Mohamed Challouf (documentariste et directeur artistique du programme des festivités du cinquantenaire des JCC Ndlr), nous avons conçu le colloque ensemble. On s'était rencontré au festival de Bologne pour la célébration de la 120e édition du cinéma et on a commencé à discuter, dans le contexte du congrès de la Fédération des archives du film. On a échangé des idées. Il fallait inviter des gens de part et d'autre. L'idée de départ est que les archives des films africains se portent mal. Nos films sont mal conservés. On ne sait même pas dans certaines situations où ils se trouvent. Beaucoup de ces films tournés en Afrique, ont été montés en Europe. Les copies n'existent presque plus. Il y a un certain nombre de solutions sur lesquelles nous nous sommes penchés et autour desquelles nous avons discuté durant ce colloque, notamment créer une infrastructure nécessaire au niveau continental.
Quelles sont justement les recommandations finales que vous avez arrêtées à l'issue de ce colloque?
Il y a plusieurs idées. L'une des idées principales est déjà de travailler à la formation du personnel technique des archives, pour pouvoir préserver les archives. On a voulu tirer des leçons des expériences de ce qui se passe ailleurs. Nous avons pour ce faire invité trois personnages essentiels à ce colloque, notamment l'administrateur délégué de la Fédération internationale des archives du film qui est un peu les Nations unies des archives des films. Etant donné que les films africains sont répartis un peu partout sur la planète, c'est vraiment important de travailler avec la Fiaf pour essayer de voir comment non seulement on peut bénéficier de ses connaissances techniques, mais aussi de certaines décisions qu'elle prend notamment sur le catalogage des films, aussi poser le problème concret du rapatriement de notre héritage cinématographique africain qui se trouve hors d'Afrique. Comme je l'ai dit, beaucoup de négatifs se trouvent dans les labos et/ou dans les archives européennes, nord-américaines et même en Chine. Nous souhaiterions les rapatrier de façon intelligente, travailler à construire des structures pour les accueillir ou en tout cas faire en sorte que les films puissent circuler.
J'ai justement discuté avec la responsable de Maison Afrique, département cinéma, basée à Paris, madame Véronique Joo Aisenberg laquelle a affirmé que cette structure détient plus de mille copies de films africains...
Oui, parce que la France a beaucoup financé le cinéma africain et donc beaucoup de ces films se retrouvent et leurs négatifs et beaucoup de leurs copies positives en France. Ils sont conservés à la cinémathèque Afrique. Ils ont plus de 10.000 films, nous a-t-elle informé aussi. On va travailler avec elle pour essayer d'identifier les films etc.
J'ai appris qu'au Burkina les archives sont très mal conservées surtout après les inondations de la Cinémathèque en 2009. Il y aurait un problème de stockage des films. Qu'en est-il réellement?
Ce que j'en sais, c'est qu'en 2009 il y a eu effectivement des inondations qui ont un peu endommagé les stocks. Par la suite cela a été reconstruit, mais comme vous savez les capacités techniques des cinémathèques varient. A Ouaga, on arrive à conserver un certain nombre de films, mais techniquement ils sont incapables de faire certaines choses, ils travaillent donc avec la cinémathèque marocaine qui, elle, est par contre un peu plus avancée et peut faire de la petite restauration. Tous les films d'actualité du Burkina depuis l'indépendance sont stockés au Maroc. Les conditions sont un peu meilleures là-bas. Certaines de leurs archives sont aussi au Mali, mais idéalement ils devraient être capables de les conserver dans de meilleures conditions, de créer des salles de documentation et de recherche, des catalogages clairs etc. Beaucoup de choses restent à faire.
Et pourtant, le Fespaco après les JCC est le seul festival destiné à la promotion du cinéma africain, ce n'est pas rien. Le premier grand festival de par le monde, qui rend hommage au cinéma africain c'est au Burkina...
C'est vrai, vous avez entièrement raison, mais je dirai que pareillement, les JCC datent d'avant le Fespaco, mais le festival n'a pas d'archives. La Tunisie n'a pas d'archives ou de politique de conservation spécifique des archives, c'est ce qui nous a été révélé d'après les intervenants tunisiens.
Cette année aux JCC, il y a eu aussi des hommages à de nombreux cinéastes africains...
C'est une très bonne chose puisque c'est quand même le 50ème anniversaire des JCC qui est un important festival. Il était essentiel de rendre hommage à certains de nos pionniers et certains ayant disparu. Ces hommages illustrent la problématique de la transmission. La jeunesse africaine d'aujourd'hui ne connaît pas les films de ces pionniers. Or, beaucoup de choses ont été faites et les références pour beaucoup c'est le cinéma américain, le cinéma européen, même asiatique, alors qu'il y a un passé cinématographique africain qui est génial, brillant, qui n'a rien à envier aux autres, mais malheureusement ne circule pas, c'est toute la problématique des archives de les retrouver, les faire circuler. C'est une préoccupation très sérieuse parce que les pionniers quand ils essayaient de faire du cinéma ce qui les intéressait c'était de donner avant tout un accent africain à leur film, c'est-à-dire d'imprimer le tempérament, le caractère, la vision de l'Africain or, cela ne transparaît pas dans les préoccupations des cinéastes aujour-d'hui, soyons honnêtes. On est plutôt inspirés par des cinéastes outre-mer, tel Tarantino etc., alors qu'il y a d'autres référents africains qui sont hypergéniaux et dont ils pourraient s'inspirer, mais ils ne peuvent le faire que s'ils voient ces films et les audaces intellectuelles formelles qui existent en eux.


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