Après plusieurs démentis, la Tunisie reconnaît enfin sa connivence avec les Etats-Unis d'Amérique Les drones sont des moyens d'espionnage par excellence d'où l'inquiétude légitime de l'Algérie. Comment peut-on qualifier le geste du président tunisien? Quel enjeu se cache derrière l'existence d'une base américaine de drones en Tunisie? Et la présence de près d'une centaine de GI? Après plusieurs démentis, la Tunisie reconnaît enfin sa connivence avec les Etats-Unis d'Amérique. C'est le président tunisien Béji Caid Essebsi, lui-même qui expectore ce venin, mais prétend, pour se justifier, que «des drones américains de surveillance survolaient la frontière tuniso-libyenne afin de déjouer des attaques de terroristes de l'Etat islamique sur le sol tunisien». Une déclaration qui a suscité la colère même des Tunisiens et ses opposants qui ont interprété la donne comme une «atteinte à la souveraineté nationale». Le président tunisien n'avait pas pris la peine d'informer aussi bien les Tunisiens que l'Algérie, étant un pays voisin proche, mais ce sont les Américains qui prendront cette peine en déclarant que «des drones de surveillance américains avaient entrepris de survoler la Libye à partir d'une base aérienne tunisienne». Démasqué, Essebsi s'est empressé de donner des explications peu convaincantes, s'efforçant de fournir des éclaircissements, en prétextant, dans une interview diffusée mardi dernier que «cette mesure était nécessaire pour éviter des infiltrations de terroristes et des attaques comme celle qui avait visé la localité tunisienne de Ben Gardane en mars dernier». Il ajoute: «Les drones utilisés par les Américains ne sont pas armés, cela à la demande des autorités tunisiennes.» Par ignorance, ou par manque d'expérience, le président croit vraiment que «l'accord passé avec les Américains porte sur le partage de renseignements». D'aucuns n'ignorent que les Américains n'ont jamais partagé dans la transparence leurs renseignements. C'est ce qui leur permet de garder de l'avance dans cette guerre de renseignements et leur permet de prendre les décisions adéquates. Le Washington Post avait affirmé que «des drones MQ-9 Reaper de l'US Air Force avaient été déployés sur une base tunisienne afin de mener des missions de reconnaissance et de surveillance en Libye, où les forces du gouvernement d'union nationale venaient de lancer une offensive visant à chasser les terroristes de l'Etat islamique de la ville de Syrte». Le journal ajoute que «les drones en question ont surtout été utilisés pour établir des dossiers d'objectifs à Syrte, où les forces américaines ont effectué pas moins de 300 frappes aériennes contre les terroristes, dans le cadre de l'opération Odyssey Lightning, lancée en août dernier». Le même organe de presse US souligne: «En Afrique, les Etats-Unis disposent de plusieurs bases abritant des drones Male (Moyenne altitude longue endurance). C'est le cas à Djibouti, au Cameroun, pour lutter contre Boko Haram, et au Niger (Niamey et bientôt à Agadez, à deux pas de la Libye). Mais, dans l'immédiat, il fallait donc trouver un point de chute plus proche du théâtre libyen pour les Reaper. D'où le choix de la Tunisie où un détachement de 70 militaires américains a été déployé pour mettre en oeuvre ces appareils.» Ce qui confirme l'installation d'une base, ces GI doivent bien avoir un lieu de campement? Essebsi dément, mais avoue la même chose. Toutefois le danger est bien réel, les terroristes de Daesh sont pour la plupart des Tunisiens et ce pays est devenu dangereux aussi bien pour sa population que pour les pays voisins dont l'Algérie qui a appris par surprise l'alliance entre la Tunisie et les USA. Ressentie comme un coup de poignard dans le dos, l'Algérie doit désormais redoubler de vigilance. Ces drones armés ou pas peuvent constituer une atteinte à la souveraineté de l'Algérie, surtout que ces engins se trompent souvent de cible. C'est un moyen d'espionnage par excellence, d'où l'inquiétude de l'Algérie, qui est légitime. Si seulement ces drones qui décollent de la Tunisie étaient la seule menace pour l'Algérie. On compte au moins 4000 terroristes en mesure de menacer les frontières. Cette information a été confirmée par les ministères de la Défense et de l'Intérieur tunisiens. Le ministre de l'Intérieur, El Hadi El Madjdoub, a affirmé que l'Algérie a été saisie sur la question. Une liste des noms de ces terroristes lui a été remise par les autorités tunisiennes au même titre que les pays qui coordonnent avec la Tunisie. Selon le gouvernement tunisien, ces 4000 terroristes seraient affiliés à l'organisation criminelle de Daesh. La Tunisie a fait l'effort cette fois-ci d'avertir sur de probables infiltrations. Chose qui n'est guère ignorée par l'Algérie qui a pris déjà toutes les mesures pour mettre ses frontières à l'abri. Mais pas seulement, des décisions vont être prises vis-à-vis des drones qui survolent l'espace aérien de la Tunisie et qui risquent «d'agresser» l'espace aérien de l'Algérie, pour éviter des tensions et des situations qui fâchent.