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Juppé tombe de haut
PRIMAIRES DE LA DROITE EN FRANCE
Publié dans L'Expression le 26 - 11 - 2016

Au moment du dépouillement des bulletins, le retour à la réalité fut difficile. Pénible. Le choc était à la mesure de la chute du bonhomme.
Les hommes n'ont pas toujours l'occasion de sortir grandis. Et lorsqu'ils l'ont, beaucoup d'entre eux la ratent. C'est le cas d'Alain Juppé qui, battu au premier tour de la droite par 44% contre 28%, avait la possibilité de se trouver une sortie plus qu'honorable avec tous les profits qu'on puisse imaginer aussi bien pour sa famille politique que pour lui-même. Il suffisait pour cela d'annoncer son renoncement au second tour.
Il avait «monté son âne»
Une telle décision aurait donné des ailes et des forces à son vis-à-vis François Fillon qui, du coup, aurait été assuré de remporter la présidentielle au premier tour, contre Le Pen fut-elle ou contre tout autre candidat. Elle aurait fait gagner aux Républicains de l'argent, du temps et, surtout, des efforts si précieux pour préparer la présidentielle. Plus que tout autre, la décision de Juppé de ne pas entrer dans un tour contre Fillon, aurait recollé fortement les pans d'une droite qui, comme on le sait, tangue un peu depuis les fameuses élections de la présidence de la feue UMP. Fort de son score, déjà assez large (44,1%), du soutien de Sarkozy et des siens (plus de 20%), Fillon aurait pu, avec le retrait de Juppé, devenir sans doute le candidat le plus solide de la Ve République ce qui n'est pas sans lui donner, à lui et à sa droite, la possibilité de mener à leur guise les choses, forts d'une majorité déjà en place.
Mais au lieu de cela, Juppé s'est entêté. «Il a monté son âne», comme on dit chez nous et la première phrase qu'il prononça après l'annonce des résultats du premier tour, ce fut «je continue le combat». Une phrase qui en dit long sur son état d'esprit d'alors.
En effet, parti dès le départ favori du premier tour, Juppé s'est volontairement retiré dans une bulle de laquelle il se plaisait à contempler, à l'aise dans son pyjama, les gestes de ses adversaires. Les sondages le donnaient vainqueur, les animateurs des plateaux TV le donnaient champion, et les pseudo-analystes lui jetaient un burnous tout de succès tissé.
Au moment du dépouillement des bulletins, le retour à la réalité fut difficile. Pénible. Le choc était à la mesure de la chute du bonhomme. La bulle éclatée, il était tombé de haut, sursautant de son sommeil. Réveillé de son insouciance, il prit la mesure des dégâts d'une campagne passée à se chanter le refrain du vainqueur alors qu'il n'avait rien fait pour mériter de l'être. Juppé comptait sur quelques avantages pour être propulsé - dans les sondages du moins - à la tête de la primaire.
Il les comptait aussi. Le plus important de ces avantages c'est celui d'être le poulain préféré de Chirac. Ce président pour lequel les Français avaient, et ont gardé, beaucoup d'estime. Juppé comptait bien sur le transfert du capital sympathie dont bénéficiait le père du RPR. Mais Juppé a cru bon de détourner le regard du reste, c'est-à-dire de ses désavantages. Ceux-là sont plus nombreux pourtant, mais le plus important est celui relatif à sa condamnation suite à l'affaire des emplois fictifs à la mairie de Paris. Il traîne un casier judiciaire, comme on dit. Cette affaire fut d'ailleurs ressortie au début de la campagne puis vite mise de côté. Pourquoi? Personne ne saurait le dire.
Mais ce qui, en réalité, donnait un avantage sérieux à Juppé en début de campagne, c'était la présence d'un certain Sarkozy dont plus personne en France ne semble vouloir. Le désir de prendre définitivement leur distance avec le trop tonitruant «hongro-gaullois» parut à certains comme une décision divine de détourner les applaudissements au profit de Juppé. Et à partir de là, la mauvaise trame fut tissée, et la mauvaise histoire fut racontée.
En dessous de la ceinture
On le donnait pour vainqueur. On le disait capable de battre Le Pen. On y voyait, dans son camp, le sauveur de la France. C'est vrai que la comparaison avec Hollande ne laisse aucun doute quant à ses chances, c'est vrai que la comparaison avec Sarkozy le donnait amplement favori, mais le placer devant Fillon c'était un jeu (volontaire?) qui, en plus de tourner aisément au vinaigre, fit tomber Juppé de haut, voire de très haut. Parti défavorisé sur tous les titres de la presse, l'ancien Premier ministre de Sarkozy monta doucement son aventure.
Il raconta, à sa manière, son parcours et su convaincre de son désir et de sa capacité à succéder à Hollande alors que Juppé s'en tenait aux seuls désirs. D'ailleurs, lors des deux débats du premier tour, il donna l'impression de refuser le débat pour rester loin dans son monde de vainqueur, au-dessus des autres. Mal lui en prit car, pendant ce temps, l'oeuvre destructrice des champions virtuels était engagée par celui qui allait devenir son rival direct.
Plus sage qu'à son accoutumée, Sarkozy a su tirer son chapeau au meilleur. Il l'a fait au bon moment puisqu'il n'a même pas attendu la fin du dépouillement. Et, plus sage encore, il a fait reporter les voix des siens et de ses soutiens sur le meilleur. C'est là que Juppé aurait dû se retirer. L'occasion était belle. C'est une de ses occasions qui ne se présentent qu'une fois dans la vie de certains. Pas tous! Si Juppé avait saisi cette occasion de se retirer, il aurait tout gagné. D'autant plus que Fillon et lui sont de la même famille politique. Il aurait, par son retrait, gagner l'estime des Français, le respect de tous, une proximité certaine avec le futur président, d'énormes chances de diriger les Républicains. Le maire de Bordeaux serait devenu un héros de la droite française et des Français qui avaient largement choisi Fillon lors du premier tour. Il se serait transformé en un créancier légitime vis-à-vis de Fillon et de la droite car un tel geste aurait certainement valu un renvoi d'ascenseur très important comme un poste de Premier ministre, de président de l'Assemblée nationale ou du Sénat une fois le temps venu... bref une fin de carrière dont ne rêvent que très peu de politiciens.
Mais, broyé par la colère d'avoir été descendu du piédestal virtuel, brûlé par le feu du désir de «corriger» celui qui l'a fait chuter et ne résistant point de voir s'éloigner de lui un rêve tant entretenu de devenir président, au lieu d'écouter la raison, Juppé a préféré tendre l'oreille à la déraison et laisser libre cours à ses envies. «Je continue le combat», avait-il lancé juste après les résultats.
La primaire est devenue donc une arène de combat, de lutte comme cela semble être le cas dans la tête de Juppé. En tout cas, il ne tarda pas à confirmer que le lapsus, si lapsus il y avait, était fort révélateur. En effet, il se mit immédiatement à décrocher des coups à Fillon.
D'abord, il le traita de conservateur rétrograde, ensuite, il lui reprocha des positions personnelles, puis il s'attaqua à son programme qu'il dit irréalisable, irresponsable, ultralibéral économiquement et ultraconservateur sur le plan social... Plusieurs fois par jour, Juppé porte des coups à son adversaire qui se contente uniquement de démentir et de s'étonner, occupé certes qu'il était à expliquer son programme pour convaincre ses concitoyens car, pendant que Juppé cherchait, «au-dessous de la ceinture» comment faire mal à son adversaire, Fillon passait son temps à exposer son programme et à vouloir drainer les Français derrière lui.
Juppé n'a pas pu inverser la situation
Du coup, les Français se sont rendu compte de la faiblesse de Juppé. De sa fragilité. De son incapacité à être président de la République. «Les attaques lui reviennent à la figure» commenta un animateur, «il se tire des rafales dans les pieds» commenta un autre. «Juppé est lâché» dit un analyste, «il se permet tout et n'importe quoi» confirme une autre analyste.
«C'est mauvais, c'est mal», reprennent presque en choeur beaucoup d'autres journalistes et citoyens interrogés dans la rue. Trop c'est trop. Même les soutiens de Juppé ne sont plus d'accord sur sa démarche. Ses conseillers eux-mêmes ont des avis contraires sur son comportement. C'est la défaite qui sonne dans les rangs. Surtout depuis que les derniers sondages prévoient à Fillon de grandes chances de remporter le deuxième tour de la primaire.
Que faut-il faire? Juppé ne peut plus se retirer. Il s'est tellement compromis qu'un retrait maintenant signifierait un abandon de partie et non un retrait, ce qui n'a pas la même signification. Il est allé trop loin dans l'invective pour espérer être vu comme un rassembleur et trop loin dans sa recherche à faire du mal à son adversaire pour espérer pouvoir corriger le tir avec Fillon. Un seul choix s'offre à lui désormais, vaincre ou être humilié.
C'est totalement conscient de ce choix qu'il se présenta au dernier débat de la primaire. Ses conseillers ainsi que les responsables du parti l'avaient briefé sur les dégâts commis et sur ceux éventuels s'il continuait sur la même lancée agressive. A droite, on ne veut pas de déchirure, lui a-t-on dit, on veut aller soudés à la présidentielle. C'est ce qui l'obligea à mettre un bémol dans ses attaques et à tenter de les expliquer.
Malheureusement, le recadrage est arrivé trop tard. Il est arrivé après beaucoup d'erreurs de la part du maire de Bordeaux et, encore une fois, Fillon est donné plus convaincant à 57% par les Français interrogés à l'issue du débat. Juppé n'a pas pu inverser la situation.
Si l'on croit les sondages (avec toutes les précautions à prendre bien sûr), Fillon serait le candidat de la droite à la présidentielle de 2017. Mais face à qui? Il y aura certainement la candidate de l'extrême droite Le Pen. Il y aura Jean-Luc Melenchon, il y aura aussi l'ex-ministre de l'Economie, transfuge du PS, Emmanuel Macron et puis, peut être François Bayrou, quant au PS c'est encore le flou total. Tant que Hollande nourrit l'intention de se représenter, difficile de dire qui sera candidat de ce parti.
Quels que soient les candidats à la présidence de 2017, celui qui se verra attaqué par tous ce sera bien Fillon parce qu'il aura certainement le statut. Il sera attaqué par la gauche, par l'extrême gauche et par l'extrême droite. C'est dire combien la route est encore longue pour lui.


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