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Sur quoi pourraient déboucher ces défaillances?
QUELQUES SIGNES ANNONCIATEURS D'UNE DECADENCE À LA FRANÇAISE
Publié dans L'Expression le 08 - 01 - 2017

Le président sortant français, François Hollande, a plongé, en cinq ans, la France dans la déliquescence et la fuite en avant
En argumentant la condamnation par le fait que Cédric Herrou aurait agi par militantisme et non par humanisme, la justice française dévoile un aspect encore plus grave, à savoir qu'elle est pervertie par une pensée médiocre et une perception incroyablement indigente.
(2ème partie)
Cédric Herrou est un agriculteur qui mène une vie paisible dans sa vallée de Breil-sur-Roya qui regroupe «quelques villages et 6000 habitants «(1), à la frontière avec l'Italie, dans les Alpes-Maritimes. Avec les villageois, il a décidé un jour de s'occuper des migrants qui viennent d'Italie. Pourquoi l'ont-ils fait? Une habitante s'explique: «Ce sont des gens qui sont en mauvaise santé, qui sont épuisés, qui voyagent depuis des mois (...) Ils prennent énormément de risques pour passer la frontière, passent par des routes super dangereuses.» (2).
Pour cela, la justice française a décidé de poursuivre Cédric Herrou sous les chefs d'accusation d' «aide à l'entrée, à la circulation et au séjour d'étrangers en situation irrégulière». Les villageois de La Roya se sont indignés: «On donne à manger en cachette à des gens réfugiés sous des ponts...C'est quand même incroyable», dit l'un d'eux. (3). Il faut entendre par là que ces gens trouvent incroyable qu'on leur reproche d'aider d'autres êtres humains dans des moments aussi difficiles et dans des conditions aussi pénibles.
La conscience des uns, l'origine des autres
Cédric Herrou, pour sa part, hébergeait chez lui, chaque soir, «entre 15 et 40 personnes, qui n'ont pas de toit» (4). Il savait que c'était illégal aux yeux de la loi, mais il assume. «A un moment, on ne peut plus fermer les yeux «, affirme-t-il à la presse. Il va même plus loin et accuse l'Etat français: «Il n'y a aucune prise en charge des mineurs isolés de la part de l'Etat, ils sont systématiquement reconduits à la frontière. Je me suis mis dans l'illégalité car l'Etat ne respecte pas la légalité»(5).
L'agriculteur encourait une peine allant jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende. Mais cela ne l'inquiétait pas outre mesure. Le procès de Cédric, initialement prévu en novembre, a été reporté au 4 janvier.
Entre-temps, Nice-Matin, un journal de la Côte d'Azur, avait initié un sondage en ligne pour élire l'azuréen de l'année. Chose, en fait, tout à fait banale dans d'autres conditions, sauf que cette fois, les lecteurs du journal, avec un taux de 55% des voix, ont élu... Cédric Herrou azuréen de l'année, chose qui fit sursauter le président du conseil départemental, Eric Ciotti, qui fit publier alors le lendemain, sur le même journal, un véritable déversement de haine enflammée sous le titre «Non, M. Herrou n'est pas l'azuréen de l'année!». Il lui promet même qu'il passera le 4 janvier en correctionnelle. Il vocifère dans l'article, qu'il a certainement fait écrire par quelqu'un d'autre: «Ce n'est pas à des individus irresponsables de définir les règles d'entrée sur le territoire national. Nous sommes dans un Etat de droit. Sous une fausse générosité, ceux qui bafouent les règles de la République mettent en danger notre pays.» (6) Du coup, Ciotti se substitue à la justice. Il accuse, il condamne. Et il est même prêt à jouer le rôle de gardien de prison pour être sûr que personne ne sort pour aller aider ses minables migrants comme il les juge, oubliant que lui-même avait émigré de son Italie comme eux.
Mais il n'y a pas que ce président de conseil départemental d'origine italienne qui s'offusqua de l'élection de celui qui porta secours aux migrants. Le 30 décembre 2016, sur les colonnes de Nice Province, la colère est à son paroxysme. La haine est maximale. Il est reproché à Nice Matin d'avoir humilié ses lecteurs en élisant cet agriculteur. «Cédric Herrou! Qui c'est celui-là?», interroge le journaliste, qui ajouta aussitôt:
«Personne ne le connaît bien qu'il ait été élu haut la main», nous précise-t-on. «Qui est donc ce célèbre inconnu? Eh bien on va le savoir maintenant qu'on a acheté le journal.» (7)
Plus loin, il écrit qu' «en ayant décidé de promouvoir les agissements illégaux et irresponsables de ce misérable agriculteur, un idiot bien utile au Système, Nice Matin affiche sans vergogne son engagement en faveur de l'immigration de masse» (8). La raison est donc là. Plus lâche que ceux qui se cachent derrière une plume parfois pour distiller la haine à la place de l'information. Des insultes ignobles à l'encontre de quelqu'un parce qu'il a offert pain et toit à des familles en danger.
C'est sous cette tension qu'après avoir été repoussé une première fois, le procès eut lieu ce mercredi 4 janvier et, au grand dam de Ciotti et de ses semblables, Cédric écopa d'une peine de huit mois avec sursis. Une peine qui, en dépit de sa légèreté, rend la justice coupable d'aveuglement, d'inhumanité et d'incohérence. Consciente de cela, la justice française a essayé de se justifier en déclarant, par la bouche de ceux qui la font, que cette peine a été prononcée à l'encontre de l'agriculteur de Breil-sur-Roya car il a été considéré qu'il «n'a pas agi à titre humanitaire, mais par militantisme» (9). Mais l'homme se soucie peu de ce jugement. Il s'inquiète beaucoup plus pour sa morale, pour sa conscience. «Que dire à mes enfants?», interrogea-t-il le journaliste qui l'interviewait le matin puis, il continua «Je n'ai pas envie de devoir expliquer à mes enfants que je n'ai rien fait.» (10) Entendre pas là, qu'il n'a pas envie de dire à ses enfants qu'il a vu «des hommes dans des conditions aussi pénibles, sans rien faire».
Pourquoi embêter les gens qui prennent le relais?
Cédric avait déjà expliqué son action à un autre journaliste: «On voit des gens blessés, fragilisés, dans un état psychologique complètement désastreux. Et ils sont bloqués. Quelles ont été mes actions? De m'arrêter pour prendre en charge des familles et des gamins perdus au bord de la route. Sous prétexte qu'ils soient sans papiers et qu'ils soient noirs, on me demanderait de ne pas leur venir en aide?»
En sortant du tribunal, l'agriculteur fut ému devant la grande foule venue le supporter. Une foule indignée, en colère contre cette justice qui se dépêche de condamner lorsqu'un SDF vole du riz, lorsqu'on donne une bouchée de pain à un affamé, lorsqu'on soigne un enfant blessé ou lorsqu'on offre un toit en hiver à des femmes qui n'en ont pas, mais qui ne condamne pas, et prend bien soin de le dire, lorsque des millions d'euros et les deniers publics sont en jeu.
Pour un soir, sans trop en être affecté, Cédric Herrou a été le symbole d'une humanité qui se bat et se débat dans une France qui commence à être étouffée par une justice boiteuse et quelques officiels aux noms à consonance pas très française pourtant (à l'image de Ciotti, Estrozi, Sarkozy...). Des individus qui, au regard de leurs noms, auraient dû être plus amènes avec les réfugiés et les étrangers, mais qui s'avèrent les pires ennemis des migrants et des étrangers dans un pays où, eux-mêmes, sont d'origine étrangère. Cela rappelle cette belle ironie de Michel Vauzelle, président de la région Paca, qui dit un jour: «Mais M.Ciotti personne ne le connaît. (...) D'ailleurs, il faudrait savoir son origine puisque ces personnes des Alpes-Maritimes, ces élus-là sont très attentifs à l'origine ethnique des populations, vous avez remarqué?» (11).
Herrou n'est malheureusement pas seul à avoir été pris au col par la justice française pour avoir aidé son prochain comme le recommandent pourtant toutes les religions. Le 6 janvier, au même tribunal de Nice et pour les mêmes motifs, s'est tenu le procès d'Alain Mannoni, un chercheur de l'université de Sofia Antipolis (à Nice) qui, lui aussi a aidé, secouru et hébergé des migrants en détresse. Il fait part dans un site qui lui a servi à collecter les frais de l'avocat, de l'ampleur de l'élan de solidarité avec les migrants malgré l'épée de la loi. «Des Niçois, explique-t-il, jouent à cache-cache avec la police italienne pour parcourir les bords des rivières avec des sacs de nourriture et des boissons chaudes, pour trouver ces hommes, femmes et enfants cachés sous des ponts et s'assurer qu'ils ne mourront pas de froid.»(12). Cette fois, la relaxe a été prononcée, mais le procureur, certainement pour défendre la déviance de la justice et la perpétuer, a fait appel. Ce jour-là -aussi, nombreux étaient les gens venus soutenir l'accusé. Ils ont dit leur ras-le-bol, leur incompréhension devant ce qui se passe. «Si l'institution est défaillante, pourquoi embêter les gens qui prennent le relais?», entend-on dans certaines bouches.(13)
La défaillance
Lagarde, Sauvage et Herrou symbolisent chacun un aspect de la déliquescence de la justice en France. Si l'on rappelle qu'une justice, pour jouer son rôle de socle des sociétés, se doit d'être respectée et que, pour être respectée, elle se doit d'être impartiale, équitable, humaine, intelligente et ferme, on se rend bien compte que, en France de ce début 2017, il y a un véritable problème à ce niveau.
La justice n'est pas impartiale. On l'a vu avec le procès de Lagarde qui, comble de l'ironie, a abouti à une culpabilisation sans peine, au point où beaucoup de mécontents se sont fait entendre. Elle n'est pas équitable en ce sens qu'elle a des poids et des mesures selon les origines, la position sociale... le procès de Lagarde et celui du malheureux qui avait voulu voler du riz et des pâtes en sont la preuve.
Elle n'est pas ferme, non plus, parce que, dans le cas de Sauvage, elle n'a pas pu s'imposer face à une gesticulation politicienne et médiatique totalement déplacée et ridicule. On n'absout pas un crime au prétexte d'un âge, d'une compassion ou d'une crise de féminisme. Et on ne laisse pas faire de tels comportements qui ouvrent la porte grandement à des dérives plus graves à l'avenir.
Elle est loin d'être humaine. En condamnant Cédric Herrou pour avoir apporté son aide à des malheureux qui se trouvaient sur sa route ou en abandon près de son village, la justice française a fait preuve de beaucoup d'inhumanité, de manque d'intelligence, d'excès de bêtise et d'incapacité à comprendre les hommes pour lesquels elle est conçue pourtant. En traînant un chercheur universitaire devant ses tribunaux pour le motif qu'il ait secouru des faibles affamés, malades et fuyant la misère, la justice française est tombée tellement bas que, désormais, elle s'avère incapable de se rendre compte que la solidarité entre les humains n'est pas un délit.
En argumentant la condamnation par le fait que Cédric Herrou aurait agi par militantisme et non par humanisme, elle dévoile un aspect encore plus grave à savoir qu'elle est pervertie par une pensée médiocre et une perception incroyablement indigente. Qui peut prouver qu'un tel acte est fait par humanité ou par militantisme? Et quand bien même son auteur le revendique dun tel ou d'un tel autre motif, qui peut dire avec précision où commence l'humanisme de l'un et où débute son militantisme lorsque cela a rapport avec les hommes et la solidarité?
Nous avons là, devant nos yeux, trois cas de défaillance criarde. Et, comble de malheur, dans les trois cas, les hommes politiques sont mêlés. Hollande a piétiné la justice pour gracier une meurtrière. Ciotti piétine la justice en diffamant un jeune agriculteur qui ne demande qu'à aider les malheureux. Et dans le procès de Lagarde, 15 juges dont six députés et six sénateurs, ont piétiné le principe de base de toute justice, à savoir qu'à toute culpabilité correspond une peine. Cela a pourtant eu lieu devant la cour de justice de la République. Hé oui!
Dans ces trois cas, il y a lieu aussi de signaler le comportement d'une certaine presse qui, frappée d'amuïssement dans le scandale de la condamnation de Herrou et du SDF de Figeac, s'est tout juste révélée bégayante dans l'affaire de Lagarde, mais tonitruante pour défendre une criminelle. Certes, ce n'est pas tout la presse qui a dû baisser le regard dans ces moments difficiles que traverse la République, à l'image d'un Médiapart qui n'a pas hésité à s'élever de toutes ses forces à chaque fois, mais la majorité des médias importants sont volontairement allés voir ailleurs. Lorsque la justice ne va plus, c'est un grand problème de société, lorsque la presse lui emboîte le pas, ce n'est déjà plus un problème, c'est la décadence qui est entamée.
Cette constatation est malheureuse. Elle l'est encore plus lorsqu'il s'agit d'un pays où se revendique l'Etat de droit. Mais, en soi, ce n'est pas la constatation qui nous intéresse tellement. Ce qui nous intéresse, par contre, c'est sur quoi pourraient déboucher de telles défaillances.(A suivre)
Références
(1) (2) (3) (4) (5) http://www.lci.fr/societe/il-risque-5-ans-de-prison-pour-avoir-aide-des-migrants-cedric-37-ans-juge-a-nice-estime-qu-il-ne-faut-plus-fermer-les-yeux-2013633.html
(6)(7)(8)http://www.nice-provence.info/blog/2016/12/30/nice-matin-humilie-lecteurs/
(9)(10)http://www.lci.fr/societe/il-risque-5-ans-de-prison-pour-avoir-aide-des-migrants-cedric-37-ans-juge-a-nice-estime-qu-il-ne-faut-plus-fermer-les-yeux-2013633.html
(11)http://www.leparisien.fr/marseille-13000/paca-vauzelle-ironise-sur-ciotti-qui-denonce-des-attaques-racistes-02-02-2015-4500267.php
(12) https://www.lepotcommun.fr/pot/4iwt1cnf
(13) http://www.francetvinfo.fr/monde /europe/migrants/aide-aux-migrants-a-partir-du-moment-ou-on-a-une-defaillance-des-institutions-le-citoyen-doit-prendre-le-relais_2005001.html


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