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"Le Redoutable"... ou bien le mépris?
Publié dans L'Expression le 23 - 05 - 2017

«Le Redoutable» (allusion au nom du sous-marin français, lancé à la même époque) s'appuie (mollement?) sur ce texte de la petite nièce de François Mauriac, pour tenter un portrait, plus proche de la caricature de potache que de l'esquisse au fusain...
Attendu avec une certaine curiosité feinte, tant l'entreprise paraissait intrigante, «Le Redoutable» de Michel Hazanavicius (sacralisé aux Oscars pour «The Artist»). Une réussite, à signaler d'emblée, l'interprétation aboutie (jusqu'au cheveu sur la langue) de Louis Garrel, qui a accepté de mettre sur son visage de beau ténébreux, le masque de Godard... Pour le reste, il y a comme un lézard à peau invisible qui nous a entraînés à une vitesse appréciable dans les méandres de la vie d'un des plus célèbres cinéastes au monde, le Franco-Suisse Jean-Luc Godard. Un des plus intelligents qui pourraient être un jour enseigné en chaire de philosophie, tant la pensée de cet homme a toujours été d'une profondeur qui n'a jamais été copiée à ce jour ou reprise. Ni par Roland Barthes ni par Deleuze, pour ne citer que les plus intéressants avec Baudrillard bien sûr.
Hazanavicius, qui s'est pour le moment spécialisé dans le «détournement» de ce qui a déjà existé («The Artist», «OSS 117» etc.), s'est appuyé pour ce faire sur le roman de l'ex-femme de Godard, Anne Viazemski, «Une année studieuse», la seconde a quitté le cinéaste, après Anna Karina. Mariée à 20 ans, elle sera aussi charmée que subjuguée par la fulgurante intelligence de son amoureux... Elle sera sa compagne, mais pas forcément sa muse, ni lui son Pygmalion. Très épris, jaloux et possessif, il finira par vouloir se tuer lorsqu'il devinera la fin de leur histoire, en plein mai 68... Ce «Printemps français», qui a mis fin à l'ennui d'une certaine France que la génération de De Gaulle, n'avait pas ressentie, malgré cette chronique, historique depuis, parue, quelques semaines auparavant, dans Le Monde est signée Pierre-Vianson Ponté, intitulée justement «La France s'ennuie»...
Godard et ses copains finirent par l'exprimer à coups de pavés parisiens poussant le vieux général à la démission... Le cinéma de Godard en a été l'expression la plus éloquente, avec le recul, cette affirmation, paraît de moins en moins saugrenue. «Le Redoutable» (allusion au nom du sous-marin français, lancé à la même époque) s'appuie (mollement?) sur ce texte de la petite nièce de François Mauriac, pour tenter un portrait, plus proche de la caricature de potache que de l'esquisse au fusain...
«Au départ, j'avais un projet plus vaste, qui devait s'appeler Fragments. Mais j'ai réalisé que tout ne pouvait pas être raconté dans le même ouvrage. J'ai donc choisi de me concentrer sur une seule année de ma vie, l'année où pour moi tout a basculé. L'année de ma rencontre et de mon mariage avec Jean-Luc Godard. Mais aussi une année terrible de doutes, de difficultés à s'arracher à cette famille, d'une peur panique de m'engager. C'est un roman qui se passe un an après les événements de Jeune Fille. C'est suffisant pour que ce soient deux livres très différents: Anne n'est plus une jeune fille, c'est une jeune femme», confiait Anne Viazemsky à la sortie de son roman. Or, il semble que pour Michel Hazanavicius, cela semble suffisant pour prétendre faire le portrait en pied de Godard... L'octogénaire est plus complexe et plus vaste, en termes de pensée, que cet éventail de citations bien souvent sorties de leur contexte, qui donneront au spectateur la (fausse) impression de l'avoir cerné. Au point de se demander si Godard ne pensait pas déjà à Michel Hazanavicius et ses doubles lorsqu'il avait dit: «Au cinéma on ne pense pas. On est pensé. On organise, on est, on participe (...) mais on pense assez peu»... Ce que beaucoup et l'auteur du «Redoutable» aussi, c'est que la pensée de Godard est rarement généralisante, mais plutôt ciblée, même s'il exècre l'idée de nommer les personnes à qui il s'adresse, hormis les frères Globus (producteurs sulfureux) ou certaines chaînes TV...
Pourtant, le film ne manque pas de qualités esthétiques certaines, ni de maestria dans sa façon de trouver l'angle d'attaque pour aborder un sujet aussi «totémique». Le scénario en tant qu'outil de fabrication du produit filmique est d'une grande sobriété, et ce n'est pas la moindre de ses qualités...
Reste que l'on sort de la salle, certes avec le sourire - le film ne manquant pas d'humour- mais un peu gêné par cette impression de la présence d'un sous-texte non assumé et qui nous laisse penser que même si Michel Hazanavicius, est loin d'être un réalisateur «À bout de souffle» et qui est loin d'être le frère d'un «Pierrot le fou», par exemple, on est tenté de se demander, à regret bien sûr, si «Le Mépris», n'a pas fait partie, même saupoudré des ingrédients utilisés pour fabriquer cette oeuvre... Malgré ce côté un peu péremptoire, décelé, tout au long de la projection, sur la nature de l'enfant terrible du cinéma français...
Pourtant, Anne Viazemski, toujours, avait bien averti: «Le Jean-Luc que je décris, le Jean-Luc intime, c'est celui de l'année 1967 - je ne connais pas l'homme qu'il est devenu depuis. En revanche, je continue à admirer ses films. Avec son dernier, Socialisme, j'ai justement retrouvé quelque chose du Jean-Luc d'avant. À un moment, notamment, la télévision s'approche et on voit un petit garçon dire: ́ ́J'emmerde FR3! ́ ́ C'est une phrase qui m'est familière...» Oui, le malaise est bien là, Hazanavicius l'accentue aussi dans sa façon de parler de cette époque, comme l'avait osé un illustre inconnu, en Algérie, tombé en plus dans l'oubli depuis, qualifié le 5 octobre 1988, de «chahut de gamins». L'image acidulée montrée de cette époque trahirait une méconnaissance ou un zeste de mépris d'un combat de toute une génération qui a renversé l'ordre établi, sans armes, avec des idées et quelques pavés... Contrairement à ce que montre le film qui stérilise aussi l'action de Truffaut, Godard et leur bande qui avaient réussi à interrompre le festival de Cannes! «Il y avait un peu un mépris de la pensée (...) N'oublions pas qu'on pense avec le cinéma quand on fait», disait enfin Jean-Luc Godard. Avec «Le Redoutable» il semble bien que Michel Hazanavicius, n'ait fait qu'un film, mais pas forcément du cinéma...


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