Une vue de Béjaïa Devant réunir les travailleurs de pas moins de 26 wilayas du pays, la marche des travailleurs de la SDE ex-Sonelgaz n'a pas eu lieu jeudi à Béjaïa. Les services de sécurité l'ont empêchée à travers des interpellations avant même le début de l'action. En effet, la marche des travailleurs affiliés au Syndicat national autonome des travailleurs de l'électricité et du gaz (Snategs) n'a finalement pas eu lieu jeudi, dans les rues du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa. Coïncidant avec la célébration de la Fête nationale de la police, cette action de protestation a été vite prise en épingle par un important dispositif de police avec pour mission de l'empêcher coûte que coûte. Pari réussi pour la police qui, au bout d'une trentaine d'arrestations a vu la manifestation s'estomper sans aucune réaction si ce n'est le procès-verbal d'une réunion qui s'est tenue dans l'après-midi de la même journée dans les locaux d'un parti politique à Béjaïa. Regroupés dès les premières heures de la matinée sur l'esplanade de la Maison de la culture Taos Amrouche de Béjaïa, les participants venus de plusieurs wilayas du pays pour une marche de protestation nationale en soutien aux six délégués syndicaux suspendus par la direction de la SDE, ont été sommés par des agents de la police de se disperser et de quitter les lieux sous peine de représailles. Les plus téméraires l'ont payé par des arrestations suivies d'audition dans les différents commissariats de la ville et ses périphéries. La marche n'a pas été autorisée. C'est l'argument avancé par les services de police au nez des organisateurs qui évoquaient le droit constitutionnel à la manifestation. L'insistance des manifestants se soldera vite par des interpellations de quelques-uns des délégués du Snategs au commissariat central. Les services de sécurité qui ont veillé au grain dès la matinée, en dressant notamment des barrages filtrants sur les principaux axes donnant accès à Béjaïa-ville, ont pu sans incidents physiques estomper une marche dite nationale. L'important dispositif de sécurité mis en place au centre-ville et aux entrées de la ville de Béjaïa, a fait que même le petit groupe devant lancer la marche n'a pas pu se regrouper. Selon les représentants du Snategs, dont le président Raouf Mellal, contacté par nos soins, avant le début de la manifestation «des dizaines de manifestants ont été arrêtés au niveau des barrages de police, à la gare routière, sur l'esplanade de la Maison de la culture et même dans des cafétérias de la ville». C'était une heure avant le début de la marché. Puis plus rien, Raouf Mellal devenait injoignable. Renseignement pris, lui aussi a été arrêté. «Il fait partie de la trentaine de personnes interpellées», selon Nabil Ferguinis, représentant de la Fédération du snapap de l'Education nationale. On croit savoir que des députés, en l'occurrence Khaled Tazaghart et Nora Ouali, ont tenté de dissuader Abdelkader Kouafi et les organisateurs de renoncer à la marche, condamnant par la même occasion l'empêchement de l'action, dénonçant «le verrouillage de la ville de Béjaïa comme à Alger et les autres régions et les entraves dressés à la liberté syndicale et d'organisation». Au milieu de l'après-midi, les 30 manifestants interpellés ont été relâchés. Baptisée «marche de la honte», la marche du Snategs se voulait une énième alerte à l'endroit des pouvoirs publics pour prendre en charge les revendications des travailleurs de la Sonelgaz, dont notamment la réintégration des délégués syndicaux révoqués et d'autres revendications socioprofessionnelles liées notamment à «l'augmentation de 50% des salaires, la promotion automatique après trois ans de travail, la fixation des primes de risques pour les travailleurs exécutifs et les agents de sécurité et des primes d'encouragement pour tous les travailleurs sans distinction».