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L'éloge de la nuit coloniale (2e partie et fin)
FRANCE: LA LOI DU 23 FEVRIER
Publié dans L'Expression le 23 - 06 - 2005

«La Nation exprime sa reconnaissance aux hommes qui ont participé à l'oeuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d'Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française...» (Loi française du 23 février 2005, article 1).
Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit... «Cette loi se permet, poursuit Claude Liauzu de trancher ainsi de graves débats : les rapports entre mémoire et histoire et les relations entre les historiens et le pouvoir. Elle impose une sorte d'histoire-mémoire canonique, contraire à la liberté de pensée qui est au coeur de la laïcité, et contraire aux règles de la recherche scientifique».
En Algérie plus de trois mois après sa promulgation, il ne s'est rien passé, ce n'est que récemment que nos «politiques» se réveillent et protestent mollement. L'ONM, présidée par Mohamed Chérif Abbès (RND), qui rejette cette loi «dans l'ensemble et dans le détail», a analysé brièvement la loi dans ce communiqué en dégageant quatre points. Elle considère que la loi du 23 février «ouvre la voie à la résurgence du trait colonialiste chez les nostalgiques de l'Algérie française et encourage les extrémistes parmi les pieds-noirs, les traîtres et les complices à démontrer leur innocence».
«La France nous a habitués, déclare le ministre algérien des Affaires étrangères, à des traditions d'enseignement libérales que cet amendement heurte frontalement. L'Université française est connue pour ses franchises». Le ministre a ajouté que «c'est un problème franco-français» et qu'«une histoire dictée n'est pas l'Histoire». Quant au traité d'amitié algéro-français, M.Bédjaoui l'a qualifié de «très important» dans le sens où il doit «réaliser la refondation des relations algéro-françaises». «Nous avons vécu des hauts et des bas, des crises. Aujourd'hui, nous voulons faire une refondation de nos relations.»
Mieux encore, faisant fi de ces protestations, Marseille s'apprête subrepticement à réhabiliter l'OAS. L'Association des Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, la Ligue des droits de l'Homme, la Ligue de l'enseignement, le Mrap, l'institut Charles-André-Julien, le Collectif des historiens contre la loi du 23 février 2005, ont organisé une conférence de presse, vendredi 17 juin, pour dénoncer les commémorations qui «s'inscrivent dans le négationnisme des crimes coloniaux, encouragé par la loi du 23 février 2005». Un monument à la gloire des «fusillés de l'OAS» sera inauguré dans la commune de Marignane, le 6 juillet. La date a été choisie en hommage à Roger Degueldre, chef des commandos Delta de l'OAS à Alger (condamné à mort, il a été exécuté le 6 juillet 1962).
«A travers l'inauguration de la stèle commémorative de l'OAS à Marignane, écrit Gilles Manceron, vice-président de la Ligue des droits de l'Homme, il s'agit de la résurgence d'une mémoire de la guerre d'Algérie, construite et figée». Cette mémoire ressurgit dans une espèce de flou sans discours clair. Les lobbies nostalgiques de l'Algérie française ont obtenu l'enseignement positif de la France d'outre-mer et ont demandé l'érection de ce monument. Nous dénonçons le retour d'une mémoire d'extrémistes de la colonisation qui cherchent à donner une vision positive de la France d'Outre-mer et à réhabiliter des membres de l'OAS. Et ce au détriment de l'histoire de la colonisation et de ce qu'elle a représenté de contradictoire avec les idéaux de la France républicaine. On est dans une forme de discours qui justifie la colonisation et les faits de l'OAS. Pourtant, des membres de l'OAS ont été jusqu'à torturer des gens à la fin de la guerre d'Algérie afin de conserver la colonie française.
S'exprimant devant la presse, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Wu Dawei, a estimé que si «quelqu'un doit s'excuser, c'est au Japon de le faire en premier». Il a ajouté que les relations sino-japonaises traversent à l'heure actuelle «leur période la plus difficile depuis l'établissement de liens diplomatiques, en 1972. La raison en est que le gouvernement japonais est incapable de gérer correctement -son rapport au passé-, en l'occurrence l'histoire de l'invasion militaire en Chine». Provoquées par la réédition au Japon d'un manuel d'histoire qualifié de «révisionniste», qui passe sous silence les aspects les plus condamnables de cette occupation nippone en Chine (1937- 1945), les manifestations ont dégénéré dans une violence contrôlée mais réelle, samedi 16 avril 2005
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à Nankin, théâtre du massacre de décembre 1937 au cours duquel, selon la plupart des historiens, périrent quelque 300.000 civils. «Notre dignité et notre sentiment national ont été sérieusement heurtés écrit le Quotidien du Peuple. Il est justifié d'exprimer notre colère, mais recourir à des actions extrêmes qui violent la loi n'aide pas à résoudre le problème.» En définitive, le ministre japonais des Affaires étrangères est venu à Pékin présenter les excuses du gouvernement japonais.
Ce parallélisme était à faire, d'un côté un pays a pu remettre en cause toute une politique de coopération à cause de quelques phrases dans un manuel scolaire, de l'autre un pays tétanisé qui, une fois le feu de paille passé, dira «Ma'liche». Il n'y a pas de «Ma'liche» qui tienne, par cet acte, il faut bien le dire, souverain, la France a opté pour une vision passéiste, paternaliste, en tout cas bien en deçà des espoirs du peuple algérien. Tout est à refaire.
Pourquoi tenir à un traité qui maltraite?
Le peuple algérien ne comprend pas cette France si proche et si lointaine avec laquelle il a passé un siècle et 32 ans de son existence et on vient lui dire que ce qu'il a subi ce n'était rien en regard de la civilisation qui lui a été apportée. En définitive, si cette loi a été votée par la gauche nous ne serions qu'à moitié étonnés, le peuple algérien ayant toujours été trompé par la gauche. Souvenons-nous que c'est un ministre communiste des Armées qui s'est «occupé» des Algériens pendant tout le mois de mai 1945 en faisant tonner l'aviation et la marine à partir de Bougie sur des villages sans défense.
Souvenons-nous de Guy Mollet et surtout de Mitterrand qui s'est illustré en signant les premières condamnations à mort en 1956.
Souvenons-nous enfin de Lionel Jospin qui, s'agissant de la torture, pense qu'avec l'indépendance, la France a donné un solde de tout compte avec l'Algérie, et qu'il n'y avait pas de devoir d'inventaire en l'occurrence.
Mieux encore, en faisant dans la récupération, le parti socialiste s'est adjoint les services d'un ancien indigène chargé - on l'aura compris— de l'immigration. C'est ainsi que le vieil adage « être plus royaliste que le roi» reçoit une brillante application, le préposé à la traite des émigrés propose une politique qui a reçu les vifs encouragements du Front national avec toutefois un reproche de plagiat concernant les idées empruntées au Front national concernant l'immigration.
Je ne suis pas sûr que ce traité, que l'on présente comme l'alpha et l'oméga de la construction sur des bases saines des relations entre la France et l'Algérie, ait une signification même après les mea culpa hypothétiques de la France. Je veux croire que le peuple profond est contre les horreurs de la colonisation. Il n'est, de ce fait, pas normal que pour des raisons électoralistes, des élus décident au nom du peuple de France de la dimension humaine de relations aussi sensibles sans évaluer tous les tenants et les aboutissants. Comme dans toute élection d'élus à des postes politiques, le peuple est souvent trompé par les comportements de ses dirigeants qui ne consultent pas leur peuple sur des sujets fondamentaux qu'ils se gardent bien, naturellement, d'exposer quand ils briguent les faveurs d'un mandat.
Il n'est pas normal que cette loi, préparée par des «nostalgiques» de l'Algérie française, puisse être votée sans grand remous ni à droite ni à gauche. Il y a eu, comme cela a été constaté pour la loi sur le voile, un unanimisme transversal: plus de 500 votants oui. Il est intéressant de remarquer que l'Algérie fait encore l'unanimité contre elle. Où sont les Zola avec le fameux «J'accuse»? les Clemenceau, les Jaurès qui comme un seul homme, ont dénoncé les dérives dans l'affaire Dreyfus? Où sont les Sartre, où sont les René Cassin, rédacteur de la Charte des Nations unies? Où sont les Janson «porteurs de valises» qui sont, à juste titre, l'honneur de la France? J'invite les «intellectuels» traités de communautaristes par Tarik Ramadan, qui monopolisent les plateaux de télévision à donner leur avis sur cette infamie qui consiste, dans l'absolu, à glorifier la colonisation et son cortège de douleurs et dans le même temps se prévaloir d'être la patrie des droits de l'homme. Faut-il comprendre que, s'agissant des Algériens, ces ‘infrahumains', il est urgent de ne rien faire...
Au moment où l'Algérie reçoit les anciens pieds-noirs avec son hospitalité légendaire dans toutes les villes, il s'est même trouvé que l'ancien président de la République, combattant de la première heure, leur adresse un message de bienvenue, et on apprend que l'OAS est en passe d'être réhabilitée. On demande au peuple algérien d'être amnésique et, dit-on, civilisé en passant l'éponge sur une douleur et une humiliation qu'il porte encore dans son conscient et son subconscient. De l'autre côté on n'oublie rien.
La France persiste et signe
Quel est le sens de ces démarches? Le peuple algérien veut savoir ce qui se passe vraiment. D'un côté, le pouvoir n'arrête pas de parler de réconciliation, de l'autre, le partenaire français multiplie les gestes inamicaux. Que veut dire alors un traité s'il n'est pas porté par la superstructure de la volonté de construire un avenir commun aux deux peuples?
Peut-on parler de réconciliation avec un partenaire affichant une mentalité toujours coloniale? Quelle lecture peut-on faire quand l'ancienne puissance persiste et signe en reconnaissant un rôle positif sans nuance pour sa colonisation, l'absolvant de ce fait, de tous ces crimes? Le peuple de France doit s'exprimer sur un sujet aussi brûlant que celui de la réconciliation avec le peuple algérien. Il y a toujours suspicion quand les «politiques» s'emparent des causes sérieuses à des fins électoralistes. Au-delà de cette loi que nous regrettons,du fait de sa partialité, ce qui est inquiétant, c'est la «Nuit de cristal» qui se prépare insidieusement à travers les médias et à travers le pouvoir répressif des lois contre ces nouveaux dhimmis de la République que sont pourtant ces Français de seconde zone.
Il n'est que de voir leur cri pathétique dans le désert avec leur manifeste «Nous sommes les indigènes de la République», appel naturellement non seulement ignoré mais combattu avec une rare violence par les intellectuels, les défenseurs des blancs... Les discriminations raciales et religieuses sont une réalité. Parler dans ces conditions d'un traité sans que les «fondements» soient définis et acceptés de part et d'autre relève de la mystification.
La relation, certains parlent de refondation depuis l'utilisation de ce terme par Hubert Védrine, ne saurait se faire sur des bases aussi mouvantes et incertaines. La France devrait, de notre point de vue, à l'instar des Etats-Unis avec le Vietnam, regarder son passé en face, il ne s'agit pas d'amour-propre, d'épopée d'empire, de nostalgie, mais de dignité humaine. La France, pendant 132 ans, a bafoué, humilié, torturé, tué, pillé un peuple sans défense. Il est vrai qu'elle a construit des routes, des villages, des infrastructures pour pouvoir mieux «exploiter» la terre après avoir exploité les hommes, tout ceci à la gloire de la France. Savons-nous qu'en 132 ans, moins d'un millier de cadres algériens ont été formés et qu'à peine 20 % des enfants accédaient à l'école ...indigène. C'est cela aussi la faute de la France, que nous payons tous les jours du fait d'une errance identitaire qui prend ses racines dans la déstructuration de la société algérienne. Qui parlera de cela? Il ne peut y avoir de traité basé sur un gigantesque malentendu, celui du déni de la nuit coloniale. L'écriture sereine et apaisée de l'histoire entre les deux peuples n'est pas, il faut bien l'admettre, pour demain.


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