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Face-à-face Ahmed Benaïcha-Ali Benhadjar
DEBAT AU SEIN DE L'EX-FIS
Publié dans L'Expression le 25 - 08 - 2005

Le projet de charte, s'il ne divise pas encore les islamistes, attise les polémiques.
«La paix est proche»
Emir de l'Armée islamique du salut pour la région ouest, il contracte une trêve avec les autorités militaires et proclame la fin des hostilités le 1er octobre 1997. Depuis lors, la région de Chlef vit une relative accalmie sécuritaire.
L'Expression: Sans observer un petit round d'observation, vous vous êtes engagés à fond pour faire réussir le projet de Charte pour la paix. Pourquoi?
Ahmed Benaïcha: On n'évalue pas la paix, on la prend, on y adhère, on la conforte. Le projet de paix et de réconciliation nationale est un grand pas fait vers la solution finale. Des mesures positives, concrètes et courageuses ont été prises par le président. Nous sommes des associés dans ce projet et nous ferons tout pour le faire réussir. Non seulement nous y souscrivons à fond, mais nous serons ses principaux porte-drapeaux. C'est un choix et c'est aussi une conviction qu'il s'agit là d'un choix pour l'avenir...
Votre foi en ce projet n'est pas partagée par l'ensemble des chefs islamistes...
J'ai bien précisé qu'il s'agissait là d'un pas fait vers la solution finale. La solution finale sera concrétisée par une amnistie générale et une réconciliation nationale véritable. Nos frères encore réticents doivent comprendre cela. Le projet comporte des points essentiels, majeurs, qui convergent vers une paix civile. Que certains chefs islamistes s'indignent que la Charte leur fait porter à eux seuls la responsabilité du drame national et qu'elle les exclut de toute activité politique, c'est compréhensible. Mais on ne peut pas pervertir ni changer les vérités historiques, tout le monde connaît la genèse de la tragédie et personne ne pourra rien y changer. Moi personnellement, je ne m'attarde pas outre mesure sur ces points, techniques dirais-je. L'essentiel est qu'il se profile une paix réelle, une prise en charge des démunis, des éprouvés par le drame algérien, des prisonniers et des repentis. L'essentiel est là, quant à ce qui semble une aberration, il faut y voir plutôt une stratégie dictée par la conjoncture politique et le respect des équilibres.
Justement, quelle lecture faites-vous des équilibres dont parle le président?
Je pense que les choses sont assez claires pour éviter d'y répondre directement. Tout le monde sait qu'il existe encore des responsables qui ne veulent pas la paix, qui ne veulent aucun compromis avec les islamistes, qui ne sont plus puissants comme ils l'étaient il y a quelques années, mais qui sont encore capables de nuisance. Remarquez que depuis l'annonce du projet de Charte pour la paix, il y a une flambée de violence en Algérie. Des citoyens sont tués, un de nos repentis de l'AIS, et qui habitait à Skikda, a été abattu il y a trois jours. Il y a des enjeux, des rapports de force, des équilibres à prendre en ligne de compte. Ignorer tout cela relève de l'imprudence et du manque de discernement. Mais une fois la paix rétablie, les choses seront tout autre...
Que vous soyez «hors-circuit politique» ne vous gêne-t-il pas beaucoup?
Pour paraphraser Abassi Madani, je dirais qu'il relève de l'indécence «de faire de la politique alors que le sang coule encore». Une fois la paix rétablie, l'on peut se permettre le luxe de discourir de mieux que cela.
Pour le moment, j'en appelle à tous de se mettre derrière ce projet en bloc et de le porter haut jusqu'à son aboutissement final. Les réserves qu'on peut faire aujourd'hui sont insignifiantes par rapport à la paix qui se profile et qui peut nous faire entrer dans un autre contexte politique plus favorable à ce genre de polémiques. Pour le moment, la priorité des priorités est de pacifier les Algériens.
Les premiers concernés par cet effort de paix, les groupes armés, sont-ils pris en ligne de compte? Des contacts existent-ils en leur direction?
Nous avons établi des liens avec tous ceux que nous avons pu contacter, expliquant par-ci l'inanité de la violence armée, par-là la nécessité de se joindre à l'effort de paix. Nous ferons encore plus d'efforts afin qu'il ne reste dans la montagne que celui qui a une affaire personnelle à régler, que celui qui n'a plus rien à voir avec l'islam, ni avec les islamistes. Pour ce faire, nous demandons au président de la République de donner des directives immédiates aux responsables locaux afin que nous soient ouverts les espaces d'action en ce sens.
«Il en faut plus pour me convaincre»
N°2 sous Sayah Attiya, puis émir du «Bataillon El Wafa» du GIA, stationné à Tamezguida, Ali Benhadjar crée la Ligue islamique pour la daâwa et le djihad (Lidd) en 1997. C'était son groupe qui a tué Djamel Zitouni en juillet 1996. Benhadjar intègre les accords ANP-AIS et met fin aux hostilités. Il vit aujourd'hui à Medéa, retiré, et n'intervient que rarement dans les débats islamistes.
L'Expression: Vous observez un silence prolongé depuis quelques années, alors que le débat sur le projet de paix du président fait l'actualité. Pourquoi?
Ali Benhadjar: Je ne suis pas si retiré que cela. Je suis en train de suivre l'actualité de près, mais je préfère prendre du recul, observer de loin. Aujourd'hui encore je vous le dis : je vais parler en mon nom personnel, et tout ce que je dis n'engage ni le FIS ni la Lidd autodissoute, mais ma seule personne. Pour revenir à ce qui vous amène à Medéa, et concernant le document élaboré par le président de la République, j'ai plusieurs observations majeures à faire. Premièrement, je pense qu'il comporte un net recul (peut-être stratégique?) de la part du président par rapport à ses positions affichées depuis 1999 vis-à-vis de la crise algérienne, des islamistes et des sources du conflit. Deuxièmement, le projet comptabilise toute la tragédie qu'avait vécue le pays sur le seul compte du FIS, alors qu'il y a quelques années il ne disait pas cela, et tous les islamistes ont marché avec lui parce que, justement, il avait l'audace de dire que la première violence avait commencé par une violence de l'Etat. Troisièmement, j'estime que le président de la République pouvait légiférer, décider seul et prendre les mesures qu'il jugera les plus appropriées, et les mieux applicables à la situation algérienne. Il est investi de toutes les prérogatives constitutionnelles pour prendre des décisions courageuses...
Aussi, le projet de charte pour la paix élimine les islamistes alors qu'ils sont une partie essentielle de la solution et que c'est autour d'eux que s'articule finalement la réconciliation...
Des décisions aussi importantes engagent tout le peuple algérien...
Je ne dis pas le contraire, mais le projet de charte tel qu'il a été rédigé et expliqué me laisse perplexe, interdit. Je ne peux pas m'engager à fond dans un projet qui ne m'a pas encore convaincu.
Je reconnais que cette paix est constituée de plusieurs volets très positifs, comme la prise en charge des familles démunies et éprouvées par le terrorisme, l'extinction des poursuites judiciaires, la commutation des peines, etc. Mais est-ce que je peux objectivement cautionner un projet qui m'élimine de toute activité politique? Je vous le demande...
Beaucoup de chefs de l'ex-FIS ont applaudi et affiché plus de patience et de pragmatisme, estimant que les avancées faites dans le sens de la paix civile sont toujours bonnes à prendre dans la conjoncture actuelle, caractérisée par un fragile jeu d'équilibre...
Je ne suis pas en train de faire de l'oppositionisme stérile. Lorsque nous avons déposé les armes, nous avions démontré que nous étions des hommes de paix, après avoir été contraints à faire la guerre.
Aujourd'hui, j'aurais été heureux de lire des mesures qui auraient éradiqué les sources du mal et solutionné le problème à la racine. Il y a une crise, puis les effets de cette crise. Ce sont deux volets différents. Le débat est assez peu sérieux au sein de la classe politique. Y a-t-il eu un bilan de la concorde civile? Ceux qui ont déposé les armes entre 1997 et 2001 continuent à souffrir de mille et une tracasseries. Le président avait donné une couverture politique et juridique à la trêve, mais dans la réalité, les applications de cette trêve officielle ont été désastreuses. Il existe encore une bureaucratie qui ne marche pas avec les pas rapides de la réconciliation, des restrictions par-ci, des objections par-là...
La première lecture de la charte, telle qu'elle a été rédigée, fait ressortir que nous sommes exclus politiquement pour de longues années de toute activité légale, alors que la logique aurait voulu que l'amnistie soit aussi politique, et non pas uniquement juridique ou sociale.
Il y a eu des abus graves, des dérives génocidaires, et le président de la République essaye d'obstruer toutes les voies d'accès à de nouvelles dérives théologico-politiques...
Ecoutez, notre groupe a été l'un des premiers à se tourner vers la paix, alors que la guerre faisait rage. Nous étions en trêve depuis déjà trois années avant de quitter les maquis et dans le même temps, nous étions en guerre contre les dérives du GIA (1996-1999). Les accords de paix de 1997, puis notre retour à la société ont permis une longue accalmie sécuritaire à Medéa et Tamezguida, comme ils ont permis de démontrer que le GIA opérait à contresens de la religion. Après tout cela, on vient nous dire que nous sommes exclus de toute activité politique.
L'urgence n'est-elle pas de convaincre ceux qui sont encore en armes dans les maquis de regagner la société et de se joindre à l'effort de paix avant de s'appesantir sur les détails de la chose politique?
Justement, je suis en train de parler de mesures qui peuvent pousser les plus irréductibles à déposer les armes. Pensez-vous que le non-règlement de tous les problèmes des islamistes qui ont déposé les armes dans le cadre de l'AIS, incite ceux qui sont encore aux maquis à les quitter? Pensez-vous que la mise en prison de Ali Benhadj, qui peut être encore influent sur les groupes armés, est un motif pour faire quitter les groupes armés leurs maquis?
En fait, chaque pas fait pour aider à la réinsertion des licenciés dans le cadre de la crise de 1991-1992, à la prise en charge du dossier des disparus et de leurs familles, au retour à la normale, à la libre activité politique pour les islamistes, etc, peut convaincre les groupes armés de déposer les armes, s'étant assurés que les autorités sont de bonne foi.
Le projet de paix est porteur s'il se tourne encore plus vers les islamistes qui ont été les premiers à souffrir de la crise. Son point de départ est positif, intéressant, mais il reste à compléter et à parfaire.


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