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Le filon des cours payants
L'APPROCHE DES EXAMENS SÈME LA PANIQUE CHEZ LES PARENTS
Publié dans L'Expression le 22 - 05 - 2018


Les garages, les domiciles deviennent des classes
A quelques semaines des examens de fin d'année scolaire, la fièvre et la crainte des parents pour leurs progénitures prennent de l'ampleur. Les cours payants se substituent à l'enseignement public.
Les garages, les domiciles deviennent des classes où s'entassent des dizaines de groupes en quête de cours de renforcement. Ces rencontres qui n'obéissent à aucune règle pédagogique sont une source de revenus assez consistante, mais et surtout alléchante.
Le cours dans la classe ne motive plus et a fini par devenir, aux yeux des apprenants comme une corvée obligatoire. Cette perception fausse les donnes et rend la fonction du professeur plus que délicate surtout que l'enseignant en classe est en face de plusieurs niveaux hétérogènes qui vont de l'élève excellent à l'élève qui n'a aucune base. Comme si à ces facteurs purement pédagogiques ne suffisant pas, étaient venus s'ajouter les écarts ostentatoires que l'enfant remarque. Des trafiquants de tout genre, des ignorants, des voyous... pavanent dans une richesse apparente quand l'enseignant se fait tout petit pour ne pas attirer les regards. L'enseignant a fini par devenir un nécessiteux. En décidant d'attribuer les livres gratuitement aux enfants des personnels du corps, l'autorité nationale a reconnu cette situation implicitement. A l'occasion des rappels consentis à toutes les franges de la société, les enseignants ont occupé les unes des journaux. Qui pouvait divulguer les sommes allouées aux députés, magistrats, hauts cadres de l'Etat. Leurs arriérés sont de loin, très loin supérieurs aux miettes données aux personnels de l'éducation.
Toutes ces manoeuvres participent à la dévalorisation de l'enseignement pour faire croire que seul le privé pourra redresser la barre. Au-delà des intérêts avoués ou inavoués des syndicats, il est temps peut-être de marquer une halte pour un réel diagnostic de la situation et apporter les vraies solutions à un secteur tourmenté par les enjeux et luttes pour sa mainmise. Les anciens enseignants doivent être associés à l'opération.
Les administratifs, les inspecteurs, les enseignants doivent être écoutés séparément. Pour sauver l'école algérienne qui a enfanté des sommités dans le monde, pas des terroristes seulement comme veulent le faire croire ses détracteurs, il est plus qu'utile de débattre de tout sans aucune retenue. La ministre a apparemment cette volonté. Pourvu que les subalternes ne la trompent pas avec les faux rapports. Les mutations sociales subies par la société dans la totalité de ses remembrements, n'ont pas épargné l'école.
Les valeurs et la noblesse qui étaient le maître-mot chez nos enseignants d'antan ne sont qu'un vain souvenir évoqué avec nostalgie.
En 1965, un maître d'école était un notable, un dignitaire, celui qui sait tout. Il était respecté au même titre qu'un maire, voire plus. Un proviseur de lycée avait les mêmes honneurs qu'un wali. Aujourd'hui, des inspecteurs font office de chauffeurs clandestins, de revendeurs de voitures... «Monsieur le professeur» a laissé place à «ya cheikh». Des enseignants sont au service de quelques riches qui les «invitent» chez eux pour assurer des cours à leurs enfants.
L'enseignant est sujet de discussion dans les cafés, les hammams...Son salaire, ses classements, ses reliquats ont fait la une d'un quotidien national qui n'osera jamais diffuser pareils renseignements pour les autres corps touchés par les augmentations salariales. Il n'est un secret pour personne que l'école algérienne traverse depuis maintenant plusieurs décennies des zones de turbulence. Désignée comme source de tous les maux, lieu de formation des sanguinaires entre autres accusations portées contre l'école, elle n'est plus ce lieu sacré, vénéré qui a formé des sommités qui font le bonheur des grandes nations ailleurs. Elle a fini par être considérée simplement comme un lieu de gardiennage, un lieu où les parents «déposent» leurs progénitures et sont réconfortés pour la journée. La cause de ce marasme est multiple. L'inadaptation des programmes, l'arabisation aveugle, la démission collective de la société, la course à l'enrichissement, le taux de chômage, la mal-vie en général sont autant de facteurs qui ont directement ou indirectement influé sur l'école publique. Parce qu'elle est importante, l'école a travers les temps a été un objectif convoité par des cercles qui ont toujours tenté de mettre la main dessus pour «endoctriner» les générations futures. Ce n'est là qu'un prolongement de ce qu'a toujours fait le pouvoir à travers des reformes et des décisions qui n'ont jamais pris en compte l'intérêt de l'apprenant. L'idéologie a pris le dessus sur le pédagogique. «Parce qu'elle forme des analphabètes l'école publique est désertée et plus personne ne lui fait confiance» pense un syndicaliste du Cnapeste, le syndicat le plus important de la corporation. Au départ et en réaction à ce constat amer, les plus nantis ont recouru à des enseignements privés individualisés. Devant autant de dégâts, les parents ont recouru à la débrouillardise. Depuis quelques années maintenant, le phénomène des cours payants s'est propagé et a pris des ampleurs graves. Toutes les matières et tous les niveaux sont touchés par ce phénomène. Même l'appellation a subi des changements à travers le temps.
Les cours de soutien, la remise à niveau, les cours payants... sont les divers dénominations de ce qui au fond n'est qu'un marché informel du savoir. Réservés aux élèves des classes d'examen, il y a quelques années, les cours payants sont recommandés par «certains» enseignants à des parents soucieux de l'avenir de leurs progénitures. Ces parents, eux-mêmes, déjà victimes du syndrome de l'échec, convaincus que l'école ne forme plus sont des proies faciles, mais et surtout des supports publicitaires auprès d'autres éventuelles victimes. Pour convaincre et démontrer l'efficacité de cette activité lucrative, certains enseignants choisissent les candidats. Souvent on prend les bons pour s'enorgueillir en fin d'année d'avoir réalisé des résultats. «Un élève dont les notes vacillent entre 12 et 14 n'a pas besoin de cours pour passer son bac ou son BEM» nous avait déclaré un enseignant au début de l'année quand nous avions parlé de ce phénomène. Une véritable aubaine accentuée par la dégradation du pouvoir d'achat qui a amené beaucoup d'enseignants à recourir au système D pour arrondir les fins de mois. Les augmentations accordées aux personnels du secteur n'ont pas eu l'effet escompté. Versés au compte-gouttes, les rappels squelettiques comparativement à ceux des autres corporations, n'ont fait que retarder l'échéance pour beaucoup.
Les cours payants dispensés dans des garages sont la solution trouvée par une frange pour joindre les bouts des mois. Pour d'autres, c'est un vrai commerce très rentable qui s'est développé. Devant la forte demande, des garages sont aménagés en classes pour accueillir les groupes moyennant des sommes qui vont de 600 DA jusqu'à 2500 DA, voire plus par mois et par matière. Le prix est défini selon le nombre d'élèves qui composent le groupe.
Pour le bac, un groupe de quatre apprenants paye 10.000 DA/ mois par matière. Habituellement on suit des cours de renforcement dans une ou deux disciplines essentielles au fort coefficient aux examens (maths, physique, sciences).
L'approche des examens voit le phénomène se multiplier. Désormais, les enfants suivent des cours dans toutes les matières parce qu'ils sont faibles partout.
L'ampleur du phénomène ne fait pas réagir les directions de l'éducation, le ministère observe un silence total. Vient alors cette solution. Celle de dispenser des cours de renforcement au niveau des établissements grâce à des aides de l'APW. L'opération n'a pas fait long feu et n'a pas drainé les foules. La tutelle continue à parler d'heures supplémentaires à 400 DA quand des parents sont prêts à dépenser des millions de centimes par mois. L'autre facteur qui entrave ces cours étatiques est d'ordre pédagogique. Les classes, avec des niveaux très disparates et hétérogènes, sont difficiles à maîtriser. Le nombre fait que l'enseignant ne peut en aucun cas faire un enseignement individualisé, ou dispenser un suivi régulier de l'évolution de l'élève.
L'obligation faite aux 'enseignants de suivre et de boucler un programme annuel, souvent long qui ne prend pas en charge les donnes du terrain, est un autre facteur qui gêne l'apprenant et son éducateur. Le recours à des enseignants venus de divers horizons et qui n'ont aucune formation psychopédagogique, est aussi un facteur qui a influé sur l'enseignement. «Un très bon ingénieur ne peut pas être obligatoirement un bon professeur.» Cet enseignement qui se devait d'être une remise à niveau, ou un renforcement des prérequis est vite devenu un enseignement parallèle avec celui assuré par le ministère de tutelle.
Le programme qui y est dispensé ne diffère aucunement de ce que reçoit l'enfant en classe. L'évolution de la société et l'émergence des différences sociales ont été un facteur favorable à la généralisation des cours payants. Les plus nantis se permettent des enseignants à des prix dopés pour leurs enfants, chez eux. Ces «chouchoutés» ne se donnent aucune peine en classe puisqu'ils ont la possibilité que les pauvres n'ont pas.
Le bac, est plus un défi parental. Comme pour les programmes où l'idéologie avec ses tentations a pris le dessus sur la connaissance et la pédagogie, le politique a submergé cet examen de fin de cycle. En mettant en avant le taux de réussite, synonyme de la réussite des reformes, le ministère a dévalorisé l'examen qui, désormais, n'a plus aucune valeur scientifique hors de nos frontières. L'inscription universitaire est pour beaucoup de parents, une vengeance personnelle. «Parce que mes parents ne m'ont pas permis d'aller loin dans les études, je me sacrifie pour mes enfants», nous a confié un père. Ce même ministère qui s'évertue à saupoudrer chaque rentrée scolaire avec des réformes formelles de l'enseignement se doit de regarder une réalité qui nuit à un secteur aussi important que l'éducation.
L'année scolaire qui se rétrécit d'année en année au gré des apprenants qui sont déjà en vacances est un sujet sérieux qui responsabilise la tutelle. L'existence d'établissements privés reste une solution aux personnes qui veulent avec leur argent assurer l'avenir de leurs enfants. Le secteur public, lui, doit pérenniser l'égalité des chances entre les enfants du peuple.


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