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UN hameau enterré vivant
AIT ITCHIR
Publié dans L'Expression le 04 - 01 - 2005

Désillusionnés, les jeunes tournent leur mal de vivre de paumés en dérision, à travers un langage édulcoré d'humour noir.
Après une longue et interminable suite de virages en épingle à cheveux serpentant le long d'une piste ravinée et cahoteuse, nous arrivons enfin à l'antique village d'Aït Itchir à 7 km du chef-lieu de la daïra de Tizi Ghennif (Tizi Ouzou). 2000 âmes y vivent dans des maisons, éparpillées, agrippées au flanc des collines.
Le relief est tourmenté, composé d'une succession sans fin de collines, de vallons s'étirant et fuyant au loin. Les flancs de ces gigantesques pyramides sont boisés d'oliviers séculaires, de chênes verts où se mêle toute une végétation buissonnante composée de ronces, de cistes, de lavande sauvage... Les fortes effluves de ces essences forestières viennent délicatement nous étourdir. Au bout d'un tournant, une cacophonie nous parvient. Ce sont les élèves en récréation dans la cour de l'école. A notre approche, certains bambins arrêtent leurs jeux et nous observent curieusement. Nous abordâmes les enseignants et d'emblée, la discussion vira sur la longue litanie de problèmes : programmes inadéquats, surannés, surcharge des classes, baisse du niveau, conditions de travail très difficiles, salles non chauffées, absence d'eau même en hiver, cherté de la vie, tant pour les parents qui n'arrivent pas à prendre en charge la scolarité de leur progéniture, que pour l'enseignant qui ne peut plus se permettre la documentation nécessaire pour se perfectionner. Après cette brève entrevue plutôt lugubre, nous poursuivons notre périple à travers les pistes crevassées et boueuses du village. Çà et là, des gués pour traverser des ruisseaux sont bouchés ou effondrés. En certains endroits, des égouts éventrés déversent leur fange bleuâtre, à ciel ouvert. En fait d'eau, les habitants s'approvisionnent à partir de puits creusés en contrebas du village, près de la rivière. Comme la montée est longue et abrupte, la corvée se fait à dos de baudets. Des enfants, des femmes à la suite d'animaux harnachés d'un bât sur lequel sont suspendus des deux côtés quatre jerricans, sillonnent à longueur de journée la route de la fontaine. Pourtant un réseau AEP a été réalisé, mais il se passe de longs mois et après que tout le monde eut recours à ce procédé pour que l'eau jaillisse enfin d'une manière aussi inattendue que fugace des robinets.
Au centre du village, un groupe de vieillards, emmitouflés dans leurs burnous, étaient adossés au mur de la mosquée. Les vieux narraient leurs expériences de la vie. La discussion aboutit très vite à la triste conclusion qu'ils ne comprennent plus la situation actuelle où tout évolue de travers à l'encontre des valeurs, autrefois établies. Ils évoquent avec nostalgie la vie des villageois sans heurts ni coercition. A l'intérieur de l'unique café du village, une salle attrayante, équipée d'une vidéo et d'une parabole, dont l'assiette dirigée vers le ciel quémande sa part d'images et exacerbe un peu plus les frustrations. La clientèle est composée en majorité de jeunes éjectés du système scolaire. Il y a aussi quelques universitaires chômeurs qui vivent leur traversée du désert dans ce lieu oublié par le temps. Quoique désillusionnés, ils tournent leur mal de vivre de paumés en dérision, à travers un langage édulcoré d'humour noir. Le ton gouailleur dénotait, tout de même, une grande volonté d'agir. Beaucoup d'espoir, envers et contre tout, particulièrement cette soif insatiable de vivre avec leur époque. Pour l'un d'eux, l'établissement constitue le giron où les peines sont pansées. «Nous consommons notre jeunesse ici où nous attisons nos envies par ce tourbillon d'images qui nous parvient des chaînes étrangères», nous balance Boualem. Un sentiment partagé du reste par la quasi-majorité de ces jeunes qui arrivent à arracher occasionnellement une occupation dans des chantiers ou encore verser dans «le trabendo». Leur salut serait d'atteindre l'autre rive de la Méditerranée. En effet, ils sont nombreux à caresser le rêve de prendre la tangente. Pour arriver à cette fin, tous les moyens sont recherchés. Les plus usités consistent à se dégoter une jouvencelle qui a l'insigne chance d'avoir la double nationalité ou encore de fouiller dans les archives familiales, histoire d'exhumer un aïeul qui a guerroyé pour la France. Cependant, si tout semble aller de travers pour ces gais lurons, à la mine qui accuse précocement de l'amertume, une vive lueur où pétillent l'espoir et l'optimisme est visiblement décelable en filigrane, au fond de la pupille de chacun d'eux.


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