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Tolérante, belle et joyeuse
TUNIS
Publié dans L'Expression le 01 - 11 - 2005

L'avenue Habib Bourguiba est l'une des fiertés des Tunisois, rénovée en 2001, ce poumon commercial de la capitale est en quelque sorte les Champs Elysées de Tunis. Mohamed, fonctionnaire de l'Agence tunisienne de la communication extérieure, est ravi de parler de l'oeuvre accomplie par les pouvoirs publics dans le centre de sa ville. La beauté de l'artère est en fait son meilleur argument. Mais Mohamed adore aller au détail. «Vous voyez ces lampadaires ? on a l'impression qu'ils ont l'âge de la ville. En réalité, ils ont été installés après la rénovation de l'avenue», souligne-t-il, tout en portant son regard sur le monument qui termine l'avenue Habib Bourguiba, placée au milieu de la place du 7-Novembre 1987, qui célèbre la date de l'arrivée de Zine El-Abidine Ben Ali au pouvoir. Le monument en question, un obélisque d'une dizaine de mètres de hauteur, «a vu le jour avec la rénovation de l'avenue», informe notre guide. La remarque de Mohamed est fondée, pour la simple raison qu'on a effectivement l'impression que le monument date d'une ancienne époque et est étonnamment bien conservé. «C'est ce qui fait la magie de l'oeuvre réalisée», insiste-t-il avec une pointe de fierté. Pour les Tunisois, pour qui une balade quotidienne dans le coeur de Tunis s'impose, la rénovation a été un succès total. Même les arbres ornant l'avenue qui, soit dit en passant, sont constamment irrigués par un système de goutte-à-goutte, ont été déplacés pour être replantés une fois les travaux terminés. «On a utilisé pour ce faire, une machine monstrueuse qui a déterré les arbres avec leurs racines. Et vous voyez le résultat. Fabuleux !», déclare Mohamed admiratif. Ce sentiment est partagé par les milliers de personnes qui, après le f'tour convergent vers l'avenue Bourguiba, histoire de passer une soirée tranquille en famille. Et il faut l'admettre, la tranquillité est ce qui saute aux yeux lorsqu'on débarque à Tunis. L'on voit, jusqu'à une heure tardive de la nuit, des familles, des couples, voire des groupes de jeunes filles circuler librement sans être ennuyés par qui que ce soit. La sécurité sur la voie publique est effectivement une réalité. Les Tunisiennes, qui ne cachent pas leur fierté de vivre dans le seul pays arabe qui leur garantit tous leurs droits, ne développent aucune crainte. Elles portent leurs bracelets et chaînes en or de façon tout à fait naturelle. Une vision surréaliste pour les Algériennes qui, elles, doivent prendre mille précautions avant de sortir.
Quitte à heurter certaines âmes sensibles, c'est là une réalité tangible en Tunisie qui, faut-il le souligner, vit ses rites religieux d'une manière très tolérante et surtout sans excès. Et pour cause, en ce mois de Ramadan, les jeûneurs ne se prennent pas pour le centre du monde. Ils accomplissent leur devoir religieux dans le strict respect des libertés des autres. Ces «autres», ceux qui passent outre ce pilier de l'Islam, ne sont pas diabolisés, à charge pour eux de ne pas heurter ceux parmi leurs compatriotes qui ont choisi de faire le Ramadan, par des comportement offensants. C'est le deal de la société tunisienne. Et il faut admettre que cela fonctionne très bien. C'est ainsi que de nombreux cafés restent ouverts pendant la journée. Par respect, les propriétaires de ces établissements «masquent» l'intérieur au moyen de stores ou de papier journal. Une discrétion qui semble satisfaire les consommateurs, ces derniers n'ayant aucune intention provocante en direction de la religion dominante en Tunisie. Laquelle religion est promue par l'Etat qui, à l'occasion du mois de Ramadan a aménagé l'horaire en passant à l'heure d'hiver avec un mois d'avance pour permettre aux travailleurs de rejoindre leur domicile avant l'adhan. Même les horaires de travail ont été aménagés pour la circonstance.
La sécurité, cet acquis de taille
A 14 heures, toutes les administrations ferment. Et c'est aussi à ce moment que les cafés s'animent à l'image du Jean Jaurès où les amateurs de tiercé ont leurs habitudes. Bondé de monde, tous fumeurs, cet établissement donne l'impression d'être un «monde» à lui tout seul. Une télévision branchée sur la chaîne française Equida, un serveur sorti tout droit d'un film de gangsters, le Jean Jaurès est un café populaire par excellence. Les consommateurs, un oeil sur la télé et un autre sur les tickets de tiercé qui tiennent entre leurs mains, discutent de tout et de rien et n'hésitent pas à évoquer la miséricorde de Dieu en «bons musulmans» qu'ils sont censés être. Une scène inimaginable à Alger. A Tunis pourtant, cela fait partie de la quotidienneté et il ne vient à l'esprit de personne de s'en offusquer. Dehors, les rues sont peu animées et la circulation automobile est fluide, à l'exception de quelques bouchons qui ne durent que l'espace de quelques minutes. La vie à Tunis est réglée comme du papier à musique. A l'heure de l'adhan, comme tout autre ville musulmane, elle se vide pour revenir à la vie à peine deux heures après le f'tour. Et là c'est un autre monde. Des grappes de jeunes déambulent gaiement dans la très fameuse avenue Bourguiba, faisant les cent pas entre la place du 7-Novembre 1987 et la porte de Tunis qui annonce le début de la Médina. Un parcours que les Tunisois recommandent aux visiteurs étrangers.
Dans cette cohue joyeuse, les jeunes sont majoritaires à prendre d'assaut les nombreux cafés qui, faut-il le souligner font de très bonnes affaires, avec des consommations qui oscillent entre 400 et 700 millimes «ce qui n'est pas donné», affirment deux jeunes étudiants rencontrés sur place. Hamid et Anis qui poursuivent des études en technologie, assurent être à l'aise dans leur pays en comparaison avec d'autres sociétés. «Nous avons la sécurité et la vie est supportable», lance Anis en réponse à notre question sur le niveau de vie des Tunisiens. La sécurité est en effet la première chose que vous sort un Tunisien.
Et pour cause, mondialisation oblige, ils sont au courant de ce qu'endurent d'autres peuples. Ils réalisent donc l'importance de vivre dans la sécurité. Sinon, Hamid et Anis caressent le rêve de lancer leurs propres entreprises, conscients des aides que fournit le gouvernement aux initiatives des jeunes diplômés. En attendant, leur vie est celle de jeunes étudiants qui croquent la vie à pleines dents. «Sorties en boîte, le cinéma, les copains... enfin, on vit normalement», affirme Hamid qui ne voit pas l'utilité de changer de régime politique ou quoi que ce soit «puisque je vois que ça tourne bien», assurent-ils. C'est là un autre point commun aux Tunisois. La politique, le pouvoir et autres manoeuvres politiciennes qui passionnent les Algériens ne les intéressent pas. Ils vont au plus concret. «Que peut demander un citoyen ? un bon pouvoir d'achat, une inflation maîtrisée, un logement et un emploi. Et bien, le gouvernement assure tout cela aux Tunisiens. Pourquoi voulez-vous qu'on en change?», résume Anis qui estime que si ça allait vraiment mal, ça se saurait.
Le Tunisois populaire développe ce type d'analyse qui a le mérite d'être rationnelle. Pas seulement la classe populaire, les nantis aussi, «croisent les doigts» pour une Tunisie stable et aussi prospère.
Les Tunisois In ne cachent pas leur satisfaction quant au bilan positif de 17 ans de pouvoir de Zine Abidine Ben Ali. «Nous avons un bon président», assène Ines, jeune étudiante originaire de Sfax, accompagnée, de son amie Yasmine, Nous avons rencontré Ines dans le salon de thé de l'hôtel La Maison-Blanche. Un endroit select où les boissons sont «offertes» entre 5 et 10 dinars tunisiens, dans une ambiance feutrée qui tranche avec la franche gaîté de l'avenue Bourguiba. Il est près de 23 heures, les deux jeunes filles, au même titre d'ailleurs que d'autres consommateurs, à qui rien n'interdit de fréquenter un café moins cher, semblent avoir leurs habitudes dans ce genre d'endroit, pour le moins huppé.
Un profond respect pour l'Algérie
En fait, plus que la sécurité, la catégorie de citoyens à laquelle appartiennent Ines et Yasmine cherchent à se distinguer. On en trouve dans toutes les capitales du monde et elles aiment se qualifier de jet-set. Interrogées sur leur pays, histoire de voir leur point de vue sur ce qui se dit sur la Tunisie et sur qu'il en est réellement, nos interlocutrices convergent invariablement vers des sujets qui leur tiennent à coeur.
Ainsi, l'on apprendra que le Calypso et le Vogue sont, cette année, les endroits les plus branchés de la capitale. N'y entre que celui qui montre patte blanche. Mais plus sérieusement, ces deux jeunes filles qui ont les moyens de vivre n'importe où dans le monde disent être très à l'aise dans leur pays et envisagent même d'y faire carrière après leurs études. «Je suis chez moi ici. En tant que femme, j'ai tous mes droits. Donc je ne vois pas pourquoi j'irai chercher ailleurs ce que je possède déjà ici», assure Ines. L'autre point commun des Tunisois est leur profond respect pour l'Algérie. Toutes les personnes interrogées disent spontanément qu'il n'existe aucune différence entre Algériens et Tunisiens. «Nous sommes un seul peuple», relève Mohamed qui, en plus de connaître tout le répertoire raï évoque avec délice les nombreux films algériens qu'il a appréciés. Il a en mémoire les chansons de Rabah Drïassa et Khelifi Ahmed. «L'Algérie est un grand pays dont j'admire particulièrement la culture et le courage de ses habitants». Parler d'Algérie pour un Tunisien, c'est comme évoquer une partie de soi qui est tombée gravement malade. En effet, la crise des années 90 est évoquée par nos interlocuteurs comme un regrettable accident, mais surtout comme un énorme gâchis. «Vous pouvez faire mieux que nous dans le domaine du tourisme. Votre pays est magnifique...», lance Ines, tout en insinuant que d'importantes ressources partent en fumée parce qu'inexploitées. Mais avec les Tunisiens, on s'arrête aux insinuations. On semble éviter de se placer en donneur de leçons à une société qui a tant souffert.
Une société dont les représentants (Algériens) vivent en nombre à Tunis. C'est le cas de Milez né à Tunis et exploitant du cinéma APC, sis à la rue Ibn Kheldoun. Plus Algérien que Tunisien, dans l'âme, Milez rêve de mourir en Algérie. Ce n'est pas parce qu'il se sent rejeté par les Tunisois, mais surtout parce que son entourage lui renvoie une image positive de son pays quelle qu'en soit les circonstances. «J'ai beaucoup d'amis à Tunis, mais mon coeur est à Alger. Je tiens cet amour de l'Algérie du fait du respect qu'inspire mon pays dans mon entourage. Malgré les problèmes, j'en suis fier et j'espère ouvrir un piano-bar à Alger», déclare Milez qui affirme n'avoir jamais coupé les ponts, même aux heures les plus noires vécues par l'Algérie.
Des exemples de réussite d'Algériens en Tunisie, il y en a beaucoup, mais le plus beau est sans doute celui de la jeune Imen qui, à 25 ans, a mis sur pied une entreprise spécialisée dans la réalisation de sites web qui emploie plus d'une vingtaine de personnes. Imen, qui est née et qui a grandi à Tébessa, a fait ses études supérieures à Tunis où, profitant d'une dynamique économique exceptionnelle dans la région, y est restée pour faire carrière. Elle aussi rêve de rentrer au pays pour monter un projet. En attendant, les Algériens de Tunis bénéficient d'un préjugé positif dans une société particulièrement tolérante. Enfin, Tunis sent la joie de vivre et la transmet naturellement à ses visiteurs. Et ce n'est pas un hasard si les touristes y retournent régulièrement. «Cette ville a, on ne sait quoi de curatif. C'est un médicament pour tout esprit tourmenté». C'est la remarque d'un Occidental «habitué» qui dit venir dans cette ville pour se ressourcer.


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