A chaque marche, les participants font preuve de civisme L'arrivée en force ces derniers temps sur les plateaux de télévision, de personnalités éternellement fondamentalistes est un danger qui guette le mouvement populaire. Hier encore, Bouira a vécu des marches organisées par diverses corporations. La santé, les employés de la commune, les fonctionnaires et personnels de Sonelgaz, des enseignants...ont battu le pavé pour exiger le départ du système. La majorité des administrations sont restées fermées. Pour sortir de l'ordinaire qui commence à prévaloir avec des processions quotidiennes, il est utile peut-être de se pencher sur les slogans entonnés ici et là. Depuis la troisième marche et lors de la quatrième, les marcheurs adaptent les revendications au moment et au contexte. Dans ce jeu du chat et de la souris, la rue adapte ses slogans et ses revendications par rapport aux manoeuvres des détenteurs du pouvoir actuel. Après le retrait de la candidature, on est passé de «pas de 5ème mandat» à «pas de prolongement du mandat» pour entendre ensuite «système dégage». Cette évolution des revendications s'adapte aux réactions des détenteurs du pouvoir, relayées par une opposition sans fondement populaire. La rue qui, rejette les deux parties, voit émerger des slogans plus radicaux. «rana fi bladna, ndirou raïna» (nous sommes chez nous, nous ferons ce qu'on veut) est un chant qui revient de plus en plus dans les manifestations. N'est-ce pas là un signe précurseur d'une volonté de certains à aller vers l'anarchie. Heureusement que le nombre des partisans de ce mot d'ordre ne sont pas nombreux. En réponse, les citoyens font dans l'excellence. Depuis le début du mouvement exigeant une nouvelle République, les participants s'adonnent à des campagnes de volontariat, de nettoyage des rues, des quartiers. A chaque marche, les participants font preuve d'un civisme, d'une éducation longtemps absente dans les us quotidiens des Algériens et Algériennes. Le mérite de la candidature avortée du président sortant aura permis un net regain de conscience et un retour réel à l'amour de la patrie. «Le changement aura lieu quand et comment? Seul Dieu le sait», nous affirme un médecin spécialiste. Comme nous l'avons rapporté dans une précédente édition, de nombreux manifestants craignent une énième manoeuvre pour vulgariser les revendications. «Les commentaires sur les réseaux sociaux donnent plus d'importance à l'ambiance qui prévaut dans les marches oubliant l'essentiel, les revendications», nous confie un étudiant au département de tamazight de l'université Akli Mohand Oulhadj. «On met l'accent sur le calme, les civilités et la bonne ambiance. J'ai comme l'impression qu'on fait des démonstrations au monde. Ce n'est pas l'objectif. Il faut que ce pouvoir réponde à la rue et exécute ses demandes», ajoute notre interlocuteur. Les craintes et les soupçons sont dus aussi aux rumeurs qui font état de la désignation de personnes du mouvement associatif qui seront déléguées pour participer aux pourparlers à Alger. «La grande majorité de ces associations sont à la solde du pouvoir qui les utilise au moment opportun et qui les engraisse par des subventions tout au long de l'année. Ces gens ne doivent pas participer au nom de la rue qui les a rejetés», nous dit un avocat. Les débats sur leurs plateaux n'apportent aucun élément en mesure de dénouer la crise politique», nous affirme un professeur en journalisme. En attendant des jours meilleurs, les citoyens prient Dieu de préserver le pays. Incha Allah ce voeu sera exaucé et l'Algérie sortira de son tunnel sombre.L'arrivée en force, ces derniers temps, sur les plateaux de télévision, de personnalités éternellement fondamentaliste, est un danger qui guette le mouvement populaire et qui, comme en 1988, peuvent infiltrer le mouvement et le mener à des fins inavouée.