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Une pratique qui fait florès
TRAFIC DE CHALETS À BOUMERDÈS
Publié dans L'Expression le 15 - 12 - 2005

Personne ne sait, mais la gendarmerie continue toujours ses investigations.
Le mois de novembre dernier, la Gendarmerie nationale procède à l'arrestation de deux personnes dans le cadre d'une enquête de trafic, de faux et d'usage de faux. Les deux personnes en question, deux jeunes, l'un originaire de Boumerdès et l'autre de Bouira, ont trouvé un moyen très rapide pour s'enrichir. Le procédé est simple : détecter des chalets vides initialement destinés aux sinistrés et à des cas sociaux et les revendre comme si c'était leur propre bien à des gens peu scrupuleux, moyennant la somme de 18 millions de centimes.
Les deux malfrats ont même réussi à confectionner de fausses décisions d'attribution de chalets en trafiquant le cachet de l'APC de Boumerdès ainsi qu'en imitant, quoique maladroitement, la signature du vice-président de la commune, M.Mohand Sarni, qui fait office de président de l'APC, en l'absence du véritable maire qui a été éjecté de la commune. Présentés devant le procureur de la République, les mis en cause ont été placés sous mandat de dépôt en attendant de passer devant un tribunal.
Combien de chalets ont été vendus par les deux comparses?
Personne ne sait, mais la gendarmerie continue toujours ses investigations.
Malversations
Mais au-delà de ces cas précis où il est formellement établi qu'il existe bel et bien un trafic de chalets au niveau de la wilaya de Boumerdès, c'est la manière avec laquelle est géré ce dossier épineux qui suscite des interrogations.
Il est certes aujourd'hui indéniable de constater que les autorités ont réussi le pari qui consistait à reloger tous les sinistrés dont les habitations ont été détruites totalement ou partiellement, mais il reste qu'il y a eu malversation, dans l'attribution des chalets et ce, dans plusieurs communes de la wilaya de Boumerdès.
Dans une lettre adressée au wali de Boumerdès par le vice-président de l'APC, M. Mohand Sarni, le 28 janvier 2004, le problème avait déjà été soulevé.
En effet, dans le document dont nous détenons une copie, le vice-président qui a dû faire face seul à la colère des sinistrés durant des mois, avait dénoncé de graves anomalies dans la distribution de ces chalets, notamment dans la commune de Tidjelabine et de Corso. Les chalets implantés dans ces deux communes destinés aux sinistrés du chef-lieu de wilaya, avaient été affectés en sachant qu'ils étaient déjà réquisitionnés puisque l'APC de Boumerdès disposait même des clés et avait fait établir des attestations d'attribution au profit des sinistrés. Cette double affectation, d'une part par les administrateurs installés au départ pour gérer le dossier, et l'APC de Boumerdès, d'autre part, a failli créer des affrontements entre les citoyens sinistrés.
Durant près d'un mois, le vice-président de l'APC a failli être lynché à plusieurs reprises par des sinistrés, excédés par une «bévue» dont étaient responsables les administrateurs. En effet, ces derniers avant de partir ont signé des attestations d'attribution vierges qui ne portent aucun numéro de site ni numéro de chalets.
Par ce procédé, beaucoup de chalets ont été squattés, aux quatre coins de la wilaya de Boumerdès. Il suffisait juste de choisir un site et un chalet et inscrire le numéro de référence sur l'attestation vierge préalablement délivrée par les administrateurs et le tour est joué.
Il faut savoir que dans le cadre du relogement des sinistrés, quelque 17.467 chalets dont 682 individuels ont été installés par les pouvoirs publics à travers 100 sites, soit un peu plus de 300 hectares.
Théoriquement, toutes les tentes qui avaient abrité les sinistrés au lendemain du séisme ont été démantelées le 24 décembre 2004 et les familles relogées. Pourtant, les demandes pour un recasement dans les chalets continuent toujours de pleuvoir sur les APC dont celle du chef-lieu qui ne désemplit pas à longueur de journée. Quotidiennement, des dizaines de citoyens font le pied de grue devant le bureau du vice-président pour arracher n'importe comment ces petites maisonnettes préfabriquées. Des piles de demandes sont entassées sur le bureau du vice-président qui ne sait plus où donner de la tête. Le malheureux élu est harcelé, même quand il s'apprête à rentrer chez lui.
Pourtant ces mêmes personnes qui prétendent avoir été oubliées par les autorités, ont, dans la majorité, bénéficié d'aides pour la reconstruction de leurs logements endommagés ou carrément d'appartements neufs.
Il existerait même, avons-nous appris à Boumerdès, des familles qui ont carrément vendu leurs logements et ont loué ailleurs pour bénéficier d'un chalet puis plus tard d'une habitation en dur. Combien sont-ils dans cette situation? Seul une enquête approfondie de la part des autorités locales de Boumerdès peut faire la lumière sur cela. A ce sujet, M.Mohand Sarni, premier responsable de l'APC de Boumerdès, propose de revoir toutes les listes d'attribution et d'installer une commission composée de l'APC, la daïra ainsi qu'un représentant de la wilaya afin de faire un recensement fiable et du coup identifier tous les indus occupants.
Il faut savoir que dans la commune de Boumerdès, 250 chalets sur les 2400 répertoriés n'ont pas encore été recensés par la wilaya qui a lancé seule une opération d'identification et de recensement des bénéficiaires de ces chalets qui sont devenus de plus en plus convoités. L'on raconte même à Boumerdès que des gens ont vendu leurs chalets pour la somme de 40 millions de centimes puis ont postulé pour un autre chalet.
Bien sûr, il reste que ces gens-là sont une minorité mais il n'en demeure pas moins qu'ils portent préjudice aux milliers de véritables sinistrés qui attendent impatiemment de quitter les chalets pour être relogés définitivement dans des maisons en dur.
Il y a lieu de signaler que les chalets ont été acquis par l'Etat moyennant 650.000 DA (65 millions de centimes). Les autorités, au lendemain de la catastrophe, qui avait fait 2300 morts, ont fait appel à pas moins de 14 entreprises spécialisées dans le «préfabriqué» pour la fabrication de 2550 chalets par mois. Il fallait faire vite et reloger les sinistrés avant l'hiver et surtout contenir la colère de milliers de personnes qui se sont retrouvées du jour au lendemain à la belle étoile.
Mais entre-temps, des gens mus par le gain facile, avant même que la plaie provoquée par le terrible séisme ne soit refermée, ont installé une pratique qui fait florès et qui semble rapporter gros. Des sinistrés n'hésitent pas aujourd'hui à pointer du doigt des comités de quartiers dans la wilaya de Boumerdès, les accusant de fermer les yeux sur ce genre de malversations et de pratiques illégales. Car comment expliquer, s'interrogent nombre de sinistrés, que ces comités de quartier censés veiller sur les chalets ne soient pas au courant quand un même chalet change régulièrement de main?
Pour mettre un terme à ce trafic, M.Mohand Sarni, qui promet d'assainir tous les sites, propose dans un premier temps de refaire un autre spécimen de décision d'attribution de chalets en le rendant difficilement falsifiable, mais aussi informatiser tous les fichiers pour détecter tous les faux sinistrés et les faux cas sociaux qui ont profité jusqu'ici des malheurs des autres pour s'enrichir sans aucun remords.
Un recensement s'impose
De son côté, le wali de Boumerdès, M.Ali Bedressi, a annoncé la mise en place d'une commission d'enquête pour recenser les occupants réels de ces chalets en promettant de débusquer tous les faux sinistrés qui ont, a-t-il martelé, porté atteinte aux vrais sinistrés et à l'administration. M.Ali Bedressi n'écarte pas l'éventualité de recourir à la force publique pour déloger les indus occupants de ces chalets. Si le wali ne donne pas de chiffres sur le nombre de chalets concernés, il n'en demeure pas moins, d'après des indiscrétions récoltées ici et là, que des dizaines d'entre eux changent régulièrement de main. Seule une opération de recensement sur les sites peut lever le voile sur la quantité de chalets sujets à des malversations. Par ailleurs, le chef de l'exécutif a annoncé également que les chalets qui seront récupérés vont être attribués aux cas sociaux. Ces derniers devraient payer un loyer mensuel modéré qui sera fixé dans le futur. Ainsi, les autorités de la wilaya de Boumerdès comptent mettre en place, dans chaque site où sont implantés les chalets, une antenne Opgi et qui aura la charge de gérer ces chalets en vérifiant régulièrement leur état, mais surtout leurs occupants. Les comités de quartier seront, semble-t-il, dessaisis de la responsabilité qui consistait auparavant à avoir l'oeil sur les chalets. En procédant de la sorte, peut-être, les autorités de la wilaya de Boumerdès parviendront à mettre fin au trafic et à tout ce qui se dit à propos de ces chalets durant des années. Peut-être aussi que l'APC de Boumerdès, prise d'assaut quasi quotidiennement par les citoyens, connaîtra enfin un peu de répit.


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