Un premier déplacement en terre africaine et un grand discours devant un parterre de chefs d'Etat et de gouvernement, ont suffi pour ancrer la destinée africaine du président de la République. L'homme était certainement allé à Addis Abeba pour évoquer les thèmes désormais habituels en Afrique, en rapport avec la sécurité et le développement du continent, mais il s'est également découvert toute la responsabilité qu'il a, à diriger un pays-continent qui compte pour beaucoup dans toutes les initiatives passées de l'Afrique. Un pays qui s'est mis entre parenthèses durant des années et qui revient sur le devant de la scène par la volonté de son peuple qui a donné à Abdelmadjid Tebboune cette immense œuvre de conduire l'Algérie et par-delà, impacter l'ensemble du continent. Les attentes sont bien là et fortement exprimées à Berlin, Alger, Brazzaville et aujourd'hui à Addis Abeba. L'Algérie est donc attendue par le continent noir pour jouer son rôle. Le président de la République a bien saisi ces attentes et annonce la ferme résolution de l'Algérie de «changer son système de gouvernance et (…) construire un Etat garantissant la justice sociale et la suprématie de la loi», dira-t-il à ses pairs africains, comme pour leur signifier que ce retour apportera une plus-value à l'Afrique du fait de la qualité des changements qui s'opèrent en Algérie. Le président Tebboune qui assume la mission de son pays d' «aller de l'avant dans le processus de réformes politiques, économiques et sociales afin de réaliser le changement escompté et construire une nouvelle Algérie forte (…) contribuant plus efficacement au développement du continent africain». Une manière de dire que la volonté du peuple algérien finira par rayonner sur toute l'Afrique. Un continent qui a besoin de l'expérience réussie de l'Algérie qui «conforte notre conviction que le règlement des crises dans notre continent passe par la solution pacifique», soutient le chef de l'Etat dans son discours. La défense des «causes justes des peuples militant et combattant pour le recouvrement de leurs droits fondamentaux et l'exercice de leur droit à l'autodétermination, principalement la cause palestinienne», est et demeure une constante de la politique de l'Algérie. Le président de la République, dont le discours d'hier porte la marque d'une Algérie réellement de retour, a mis en exergue l'entrée en vigueur de l'Accord de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Un acte économique censé donner à l'Afrique une plus grande autonomie vis-à-vis de l'Occident à travers l'intégration intra-africaine que la Zlecaf suppose. Le chef de l'Etat appelle à «la poursuite de la concrétisation des projets visant l'intégration régionale et le renforcement de l'infrastructure au titre de l'initiative du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique». Et le président de souligner «l'intérêt suprême accordé par l'Algérie aux projets structurants, à l'instar de la route transsaharienne, la dorsale transsaharienne à fibre optique et le gazoduc Nigeria-Algérie», trois grands projets qui font la preuve de la volonté de l'Algérie «de faire de l'intégration régionale une réalité (et ) ne saurait ignorer les pays frères et voisins, encore moins le continent africain dont elle est partie intégrante et le prolongement naturel». Portant avec quelques autres grandes nations africaines, le développement de tout le continent, l'Algérie est pleinement consciente de son africanité. Cela est un fait clairement affiché par le chef de l'Etat. «Nous l'avons quelque peu occultée, ces dernières années, parce que focalisés sur nos affaires intérieures, mais nous sommes aujourd'hui résolus à y revenir, rapidement et fortement», annonce le président Tebboune, non sans préciser que cette résolution compte dans «le cadre renouvelé de l'Union africaine», mais aussi et surtout «au niveau des relations bilatérales». L'Algérie affirme son retour vers l'Afrique et le fait en des termes déterminés. De là à attendre une véritable révolution dans les rapports entre l'Algérie et ses partenaires africains, il n'y a qu'un pas que le président de la République n'hésite pas à franchir. «J'ai décidé d'imprimer une nouvelle dynamique à la coopération internationale de l'Algérie, notamment en direction des pays frères en Afrique et au Sahel.» On ne peut pas être plus clair. L'instrument de cette politique, c'est l'Agence algérienne de coopération internationale. Elle sera spécifiquement dédiée à l'Afrique.