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Krim, Ben Boulaïd, Khider et les autres...
La Vie en Livres
Publié dans L'Expression le 13 - 02 - 2020

La semaine passée nous avons présenté trois chefs historiques de la Révolution: Ait Ahmed, Boudiaf et Ben M'hidi. Aujourd'hui nous passerons en revue les six autres qui sont d'un niveau social moins élevé. Les trois premiers appartenaient à de grandes ou moyennes familles rurales. Les autres, même si certains sont des notables, n'ont pas le même prestige familial. Le lecteur amoureux de statistiques aimerait connaître sans doute la moyenne d'âge des neuf. Même pas la quarantaine: 39 ans, rien que 39 ans. On est loin de la soixantaine de Ferhat Abbas et Messali Hadj. Faut-il conclure pour autant que l'âge émousse, affadit et embourgeoise? L'historien Meynier ne va pas dans ce sens. Il parle de rupture générationnelle, les plus jeunes profitant de l'expérience des plus vieux en mesurant combien leurs efforts ont été vains. A l'appui, les neuf sont tous des enfants du PPA-MTLD, de Messali Hadj qui se trouvera, en l'occurrence, dépassé par ses disciples.
Un petit notable de Maghnia si ambitieux
Ahmed Ben Bella, le bouillonnant Ben Bella. Ancien adjudant de l'armée française tout comme Boudiaf d'ailleurs, mais moins bon organisateur que lui. C'est un petit notable de Maghnia. Pour Meynier, Ben Bella est un meneur d'hommes qui a un niveau de quatrième année secondaire avec des capacités rédactionnelles appréciables en français. C'est un homme marqué par sa zawiyya d'origine, située à Marrakech dont il est originaire: «Ce qui l'intéresse, c'est le pouvoir, non les préceptes moraux, l'éducation politique ou la recomposition. (...) Il est structuré par l'islam, mais un islam social, populaire, taillé à coups d'arguments simples, une rhétorique dont l'emploi présuppose que le sens commun algérien l'avalisera.»
En un mot, comme en mille, c'est un populiste, un tribun, capable de tout, y compris du pire, pour arriver à ses fins.
Mostefa Ben Boulaïd. Originaire d'Arris dans les Aurès, il n'est pas allé loin dans les études. Juste un certificat d'études. Meynier: «C'est un homme nouveau, dont le statut s'est défini par la réussite économique. (...) Ben Boulaïd est un bon organisateur, mais pas du niveau de Boudiaf; il est davantage exécutant de terrain que grand dirigeant.
Il s'est voué corps et âme à la préparation du 1er novembre et il mourra au maquis les armes à la main en mars 1956. On peut dire de lui, en particulier, ce qu'on pourrait plus ou moins dire des autres chefs historiques, à l'exception d'Ait Ahmed et de Boudiaf» Il cite à ce propos Mohamed Harbi: «Leur vision de la société doit surtout à l'expérience concrète, à l'idéologie implicite et à l'imaginaire social des classes populaires. Autrement dit, aucune vision d'avenir, aucun projet sociétal contrairement au rusé Boumediene. Ce qu'ils voulaient, c'était l'indépendance. Quelle générosité et quel don de soi! Meynier ajoute fort justement: «A la différence de presque tous les autres, Ben Boulaïd est resté toujours à la campagne. La nécessité de la prise en charge de la masse rurale fonctionna peut-être chez lui de manière plus immédiate que chez les autres.» Ce qu'omet de préciser l'historien est que Ben Boulaïd est un idéaliste qui s'est construit une fortune qu'il a mise au service de la révolution. Comme Ben M'hidi, c'est un homme «possédé» par la révolution. Un homme sans calcul. Un homme majuscule.
Quant à Mohamed Khider, originaire de Biskra, il est celui qui a l'origine la plus pauvre et le moins scolarisé (rien que le primaire), ce qui va souvent de pair. Autodicate, il quitte sa ville natale pour Alger où il devient traminot et syndicaliste. Meynier ne s'y trompe pas:
«Khider est avec Bitat et Krim, le type du surclassé par le parti; mais il est le seul surclassé qui, grâce à son intelligence, ait en même temps apporté au parti. Il a le sentiment de s'être haussé à la force du poignet au niveau d'une élite, mais d'une élite qui n'est pas reconnue dans le cadre colonial. Self made man, il a le mépris facile pour les héritiers.
C'est un homme assez cultivé, excellent orateur en arabe, et vraisemblablement, avec Ben M'hidi, sur le plan de la foi, le seul authentique musulman convaincu.» C'est aussi un homme proche des Frères musulmans égyptiens, c'est un musulman réfléchi en aucun cas un islamiste ou un politicien madré qui utilisera la religion à des fins politiques. Sa foi est intérieure, contrairement à l'exubérant Ben Bella.
Même s'il est né à Ain Kerma, dans le Constantinois, Rabah Bitat est originaire du Sud, d'Oued Souf. Etudes rudimentaires, culture rudimentaire, c'est l'homme sans qualités, selon Meynier, mais peut-on faire partie des Historiques sans avoir au moins deux qualités: la détermination et la volonté et sans doute aussi le courage. Meynier: «Bitat, salarié citadin, venu de sa campagne, a connu un changement de statut. Il doit tout au parti qui lui a permis de changer une deuxième fois de statut et lui a donné de fréquenter des milieux qu'il n'aurait jamais pu aborder sans cela. (...)
L'indépendance a dû être pour lui la seule fin envisageable susceptible de garantir et de conforter ses acquis.
De ce point de vue, Bitat représente la seule réussite puisqu'il parvint aux plus hautes charges de l'Etat indépendant.» Il n'est pas très prolixe sur Bitat, Meynier, comme si l'historique chef est entré en révolution par effraction. En parvenant à un destin que son statut d'origine ne lui aurait jamais permis s'il n' y avait la révolution. En un mot, Meynier ne semble pas comprendre qu'un homme aussi transparent ait pu faire autant de choses sans charisme ni qualités remarquables. Ceux qui ont connu Bitat le décri vent comme un homme pragmatique, un silencieux dont la parole pèse. Il n'a pas le niveau d'Ait Ahmed, Boudiaf et Ben M'hidi, mais c'est un homme de bon sens au jugement aiguisé. Et à la volonté inébranlable.
Ni la bourgeoisie «francisée» ni les ulamas...
Krim Belkacem est un vieux lutteur de Kabylie, un guerrier qui a fait la guerre avant même le déclenchement de la révolution. Meynier: «Krim Belkacem est le fils d'un garde-champêtre kabyle, collaborateur notoire de l'autorité coloniale. (...) D'un naturel assez froid, c'est un timide, mais un timide doué d'une grande résolution.» Il a un niveau secondaire. L'historien analyse l'engagement de Krim comme une sorte de rachat de la collaboration du père. Meynier toujours: «Pour Krim, il y a en effet urgence à démentir les compromissions familiales avec l'occupant colonial. Il est aussi redevable à l'armée française: il s'est instruit aux Chantiers de jeunesse, comme quelques autres dirigeants de l'O.S. Partisan des méthodes expéditives, «le lion des djebels» a une stature de chef de bande activiste qui est venu au maquis à la suite d'une affaire de meurtre. De tous les chefs historiques, Krim est le seul qui a dû souffrir de la conduite d'un père indigne.
Reste Didouche Mourad, le premier chef à tomber au champ d'honneur, le plus jeune aussi et le plus citadin. Algérois originaire de la Kabylie, Didouche a été élève dans les collèges techniques d'Alger et Constantine. «Sa famille est de notoriété récente et toute relative, mais son itinéraire fait que, par rapport à elle, il a déjà un statut de déclassé socioculturel. (...) Didouche a probablement lui aussi une culture bien faible. Il n'est sûrement pas bien musulman, étant donné ses antécédents dans «la vie civile», avant l'entrée dans le parti.», précise Meynier. C'est un jeune homme volontaire qui a trouvé dans la révolution un sens à sa vie. L'auteur observe «qu'il apporte surtout au parti la flamme de l'activiste décidé à en découdre».
Didouche fut un être généreux
«Bon allumeur de mèche», il reste le petit «jeune» (il mourra à 28 ans au maquis) l'écolier raté dont le premier-et le seul-métier fut celui de fonctionnaire du parti.» A le lire on a du mal à imaginer que l'homme qu'il décrit est un historique. La raison est simple. L'historien décrit ce qui est visible, ce qui est palpable, ce qui est quantifiable, mais ne peut guère accéder à la part la plus secrète, celle dont on fait les héros: cette foi en la révolution, cet amour pour l'Algérie, cet esprit de sacrifice, toutes qualités qui n'ont pas de prix et valent mieux que tous les diplômes universitaires. Didouche fut un être généreux qui logea chez ses parents tous ses camarades. Il risqua sa vie et celle de ses parents, il risqua leur fortune. Cela a un nom: héroïsme.
Meynier fait ressortir que ce qui distingue les neuf des autres: le fait de n'avoir jamais quitté l'Algérie. Il ajoute que tous ont eu accès à l'école française. Et qu'ils essaient de pratiquer avec fierté la langue arabe classique. Et ceci qui explique bien des choses: «Une victime de toute façon: la langue populaire qu'on a des scrupules à utiliser dans les réunions dirigeantes. Elle est davantage une langue de couloirs et des arrière-scènes où l'idiome familier, celui des émotions et des sentiments, peut reprendre le dessus.» Aujourd'hui, quelques hommes politiques, fort rares, Dieu merci, surtout du côté des islamistes et de quelques autres personnalités des parties de l'ex-Alliance, parlent un arabe que ne comprennent que leur semblable: une élite.
Sur les neuf, cinq sont du Constantinois, deux de Kabylie, un seul oranais et un autre algérois. La conclusion de Meynier mérite d'être retenue, elle bat en brèche bien des idées: «Ce ne fut donc pas la bourgeoisie «francisée», ce ne furent pas les ulamas, pas non plus les plébéiens messalistes et pas davantage les capacités messalistes du MTLD.qui formèrent le bloc de 1954. (...) Ce sont donc des notables ruraux, mais frottés aux cités, d'origine diversifiée et en rupture de statut social, qui coupent court aux ambiguïtés longtemps entretenues par les autres composantes du mouvement indépendantiste.» Ils étaient ainsi les neuf: des rebelles dans l'âme qui avaient décidé de vivre debout ou de mourir debout pour que vive l'Algérie indépendante et libre.
Saiah, Belhimer et Bensebane
Il avait la meilleure émission littéraire toutes télévisions confondues: Expression livre sur Canal Algérie. Mais Salim Rabehi, l'ex-éphémère DG de l'Unique, en a décidé autrement. Il avait brutalement décidé de la supprimer laissant les auteurs perdus, perplexes, indignés. Et surtout étonnés par cette exclusion qui ne répond à aucune logique. Le fait du prince. Prince? N'exagérons pas. Plutôt le fait du dictateur inculte. Comment peut-on effacer, comme ça, d'un coup, sans que le ministère de tutelle ne bronche, un Youssef Saïah, animateur de grande culture qui valorise à chaque émission les écrivains nationaux et la culture algérienne? Oui, comment a-t-on osé? Ce mépris pour la culture et la littérature algérienne donne froid dans le dos. On ose espérer qu'avec la nomination à la communication d'un écrivain tel que Ammar Belhimer et à l'Entv de l'homme de culture Ahmed Bensebane, on rende aux téléspectateurs algériens son émission littéraire, celle du modeste et érudit Youcef Saïah.


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