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La noyade au bout... du rêve
À L'OUEST, LES HARRAGA
Publié dans L'Expression le 20 - 02 - 2006

Les tentatives d'émigration clandestine à partir des plages du littoral de l'Ouest algérien ont atteint depuis quelque temps, une fréquence des plus inquiétantes.
Jeudi dernier, un nouveau groupe de dix jeunes harraga, ont été secourus de justesse au large des côtes d'Arzew par un méthanier algérien. Les brigades de la Gendarmerie nationale et les patrouilles des gardes-côtes réussissent à intercepter plusieurs embarcations prêtes à prendre le large.
Mais plusieurs candidats à l'émigration en Espagne réussissent à tromper la vigilance des brigades de surveillance des gardes-côtes, pour entamer une «aventure» dont l'issue est plus qu'incertaine. Selon l'Agence marocaine de presse MAP, «neuf migrants algériens qui voulaient se rendre clandestinement en Espagne, ont été arrêtés dans la nuit de dimanche à lundi à Ras El Ma, à 59 km à l'est de Nador, dans le nord du Maroc». Il s'agirait donc, selon l'agence, de l'un de ces groupes de harraga candidats à l'émigration clandestine qui partent des plages de la côte ouest algérienne à bord d'une petite embarcation pour se rendre dans le sud espagnol.
Le 28 janvier dernier, neuf jeunes harraga, candidats à l'émigration clandestine, ont été portés disparus.
Embarqués la veille à bord d'un glisseur, ils avaient quitté la plage de St Rock dans la commune d'Aïn El Turk à destination... des côtes espagnoles. Près de quinze jours plus tard, trois corps sans vie ont été repêchés par des gardes-côtes au large du littoral oranais.
Panne fatidique
Identifiés par les familles, les trois jeunes gens qui faisaient partie du groupe de harraga ont été inhumés la semaine dernière, tandis que l'on restait encore sans nouvelle des autres naufragés. Parti cette même journée du 27 janvier sur un bateau pneumatique, un deuxième groupe d'émigrants clandestins a eu beaucoup plus de chance, car il a été secouru le lendemain par un navire libanais de passage au large de la plage des Corrales. Mardi dernier, c'est à partir de la plage de Tergua, à 30 km à l'ouest de Beni Saf, qu'un groupe de douze jeunes harraga, a pris le départ à bord d'un bateau pneumatique de 4,20 m de long. Une heure à peine après leur départ, la panne du premier moteur leur sera fatidique.
Avec un lourd moteur de remplacement, des jerrycans de carburant, l'eau et la nourriture, la «charge» était suffisante et la météo assez défavorable pour briser leurs rêves et leurs illusions.
L'embarcation se renverse aux premiers remous des flots d'une mer intransigeante quand elle est agitée.
Le froid, la nuit, le vent et la peur étaient aussi au rendez-vous. Un chalutier, Le Moussafer, au nom prédestiné, n'a pu repérer et sauver que trois des neufs naufragés.
Les sept autres allongeront la liste déjà trop longue des jeunes harraga disparus. Depuis une semaine à peine, la petite bourgade côtière de Trouville, dans la commune d'Aïn El Turk, vit, elle aussi, au rythme des angoisses et des inquiétudes pour une dizaine de ses enfants «embarqués» vers l'incertitude. «Ils sont partis dans la nuit de jeudi sur un glisseur à partir de la plage de Paradis-plage», nous raconte le jeune frère de l'un des dix harraga de Trouville...
Qui? Comment? Pourquoi?... Les questions, évidemment, se bousculent mais ne rencontrent, hélas, souvent que l'opacité de quelques réponses craintives. Il est vrai que depuis quelque temps, une vigilance accrue des services de police et de gendarmerie attise les méfiances. Il y a trois jours, nous dit-on, trois jeunes gens ont été arrêtés à Aïn El Turk alors qu'ils tentaient d'embarquer sur un zodiac «double-moteur», «chargé» en carburant et en ravitaillement.
Réseaux organisés
Peu à peu, la confiance s'installe et le décor des témoignages prend une forme hallucinante. «Ici, à la Corniche, les prix des embarcations d'occasion, petits glisseurs, barques de grande pêche et zodiacs ne cessent d'augmenter depuis quelques mois...», nous précise un père de famille inquiet et désespéré par ce billet «d'aller sans retour» qu'aurait «acheté» son fils âgé à peine de 23 ans. «Je savais que mon fils Mokhtar préparait quelque chose depuis deux mois... Il était plus nerveux, ses habitudes avaient changé... Depuis que j'ai appris les terribles nouvelles du naufrage de Beni Saf, je vis dans l'angoisse». Les gardes-côtes qui déploient de grands efforts et des moyens lourds pour la recherche et le sauvetage éventuel des clandestins portés disparus, gardent, avec les enquêteurs des brigades de la gendarmerie, des relations étroites avec les familles de présumées victimes. Cela contribue à accentuer le long de la corniche oranaise, cette lourde et pénible ambiance de combat impossible ou perdu d'avance «contre une destinée» inscrite au seul registre de la fatalité. Pourtant, selon les témoignages de plusieurs proches de jeunes candidats à l'émigration clandestine, «l'aventure des harraga» relève d'une opération mûrie, réfléchie et préparée parfois durant plusieurs mois. Les services de gendarmerie eux-mêmes, ne cachent plus leur certitude d'avoir affaire à de véritables réseaux organisés qui ont trouvé là, un nouveau créneau propice aux affaires juteuses mafieuses.
Depuis le début de janvier dernier, trois personnes ont été interpellées dans ce cadre pour être entendues sur la provenance d'une barque et d'un zodiac remis à des groupes de jeunes clandestins.
Le plus «facile» étant de trouver un petit groupe de jeunes candidats au départ vers d'autres cieux plus opulents, le reste relève d'une logistique et d'une organisation qui ne cessent d'être mises au point. Entre l'achat de l'embarcation, d'un moteur, d'un GPS et d'un stock de carburant suffisant pour la traversée des 170 km qui séparent les côtes ouest algériennes des côtes espagnoles, l'investissement varie entre 500.000 et 1000.000 de DA selon le type et la puissance du bateau. La nourriture restant à la charge des «clients», la «quote-part» de chaque passager pour un groupe d'une dizaine de clandestins oscille, quant à elle, entre 8 et 12 millions de centimes. Ce qui laisse apparemment une solide «commission» à l'organisateur principal de «l'aventure» qui ne prendrait pas le risque du départ.
Et quand on apprend que depuis le début de l'année 2006, selon la même agence de presse marocaine, 48 Algériens auraient été interpellés dans la région de Nador, alors qu'ils tentaient un passage vers l'enclave espagnole de Melilla, on ne peut que s'inquiéter et s'interroger davantage sur les causes, les motivations et les contours de ce phénomène social qui s'installe en nouveau fléau dans la corniche oranaise.


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