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Quelle marge de manoeuvre pour l'Algérie?
Lutte contre le terrorisme chimique, biologique, radiologique
Publié dans L'Expression le 12 - 12 - 2020

Le gouvernement algérien a examiné, le 2 décembre 2020, la création d'un comité national d'évaluation des risques du financement de la prolifération des armes de destruction massive, du blanchiment d'argent et du financement du terrorisme. Cet outil réglementaire et technique permettra à l'Algérie d'atteindre les standards internationaux en tant que partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (NPT) signé en 1995, à la Convention sur les armes biologiques et toxines (Btwc) signée en 1975 et à la Convention sur les armes chimiques signée en 1995, ainsi que de mettre en oeuvre les recommandations du Groupe d'action financière internationale (Gafi). Ce comité est chargé, en particulier, d'élaborer la stratégie de lutte contre ces trois menaces malveillantes. Cela s'ajoute à la décision du président de la République de mettre en place, le 13 juin 2020, l'Agence nationale de sécurité sanitaire dédiée à la veille stratégique et l'alerte en matière de sécurité sanitaire. Toute cette démarche des autorités algériennes contribue à sensibiliser les acteurs politiques et la société civile aux menaces Cbrn (chimique, biologique, radiologique et nucléaire).
La position de l'Algérie sur le désarmement nucléaire et la prolifération des armes de destruction massive (ADM) doit être comprise dans le contexte, d'une part, de l'engagement du pays à la fois en faveur de la non-prolifération nucléaire et de la lutte contre le terrorisme Cbrn en Afrique du Nord et dans la région du Sahel, et, d'autre part, son développement d'un programme nucléaire purement civil. La politique de l'Algérie est en faveur d'une zone exempte d'armes de destruction massive dans la région Mena et Sahel ainsi qu'en Méditerranée.
Selon nombre d'observateurs, en tant qu'Etat de la région Mena et Sahel, l'Algérie est engagée dans la lutte contre le financement, l'acquisition et la diffusion des armes de destruction massive. Cette position est liée à un certain nombre de raisons historiques et politiques: l'Algérie a souffert, et continue de souffrir, des effets des essais nucléaires français de 1962-1963 au Sahara algérien (Aïn Necker et Aïn Salah notamment), et des mines antipersonnel disséminées par l'administration coloniale depuis 1956 le long des lignes de défense militaire Challe et Morice bordant l'Algérie et son voisinage. De plus, bien que non couverts par les conventions sur les ADM, les Algériens ont subi des attaques avec des armes incendiaires (napalm) pendant la guerre d'indépendance (1954-1962). Aussi, au cours des années 1990, des Organisations extrémistes violentes (VEO) ont tenté d'utiliser des agents biologiques en empoisonnant des châteaux d'eau et barrages à l'est de la capitale Alger.
Le secteur énergétique algérien, pour sa part, présente un certain nombre de vulnérabilités face aux attaques terroristes: les infrastructures d'hydrocarbures du pays - telles que ses zones pétrochimiques Ouest et Est, ses gisements de pétrole et de gaz dans le Sud, ainsi que son réseau d'oléoducs et de gazoducs - sont une source de préoccupation particulière. Pour ces raisons, l'opinion publique algérienne et les autorités algériennes ont toujours été conscientes de l'importance de la protection et de la lutte contre ces types de menaces.
La prise de conscience des menaces malveillantes d'acteurs non étatiques liées aux armes CBRN a commencé au début des années 90. Selon des sources publiques, la première tentative d'attaque en Algérie en 1994 visait à contaminer les réservoirs d'eau potable à l'aide de la toxine botulique. Cela a été suivi du démantèlement du réseau VEO dirigé par un terroriste algérien planifiant une attaque à la Ricin dans le métro de Londres en janvier 2003, et de diverses arrestations dans toute l'Europe. De plus, plusieurs rapports d'organisations internationales et de think tanks indiquent que les filiales d'Al Qaïda ont fait de multiples tentatives de manipulation de poison, de gaz, d'agents biologiques et de matières radioactives, et qu'elles disposeraient de camps de formation spécialisés dans le domaine biologique et chimique, en particulier dans la région sahélienne.
Les autorités algériennes ont dû rester vigilantes face au terrorisme CBRN précisément parce que l'Algérie a été confrontée à ces nombreux fléaux sournois. Cependant, par rapport à ceux créés dans le domaine nucléaire, les contrôles nationaux des matières biologiques et chimiques sensibles demeurent insuffisants, principalement en raison de la priorité accordée à la lutte contre le terrorisme conventionnel. Bien qu'il existe déjà un contrôle obligatoire de qualité sanitaire assuré par des agences nationales et internationales spécialisées réglementant l'importation et l'exportation de produits alimentaires et pharmaceutiques, le renforcement des capacités préventives, scientifiques et judiciaires pour lutter contre la menace de prolifération chimique et biologique des réseaux VEO devra incontestablement continuer à évoluer. Avec cette stratégie de diversification de son économie pronant le développement industriel, l'Algérie n'a pas encore complété son corpus réglementaire pour empêcher l'éventuelle acquisition par des VEO d'armes biologiques et chimiques. Les récentes décisions laissent entendre que le gouvernement se penche actuellement sur cette situation pour le renforcement des capacités dans ce domaine avec l'établissement de lois et de réglementations concernant la mise en oeuvre de l'importation, l'exportation, la détention, l'achat et le transport d'agents pathogènes et de toxines.
La menace de bio-terrorisme, décrite comme une menace de troisième génération, est présentement prise en compte. L'Algérie estime, cependant, que la réponse doit être coordonnée et mobilise par conséquent un large éventail de ressources humaines et matérielles, et implique plusieurs acteurs. En septembre 2010, l'Algérie a mis en place un centre régional réunissant les pays de la région pour lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes, y compris le trafic CBRN.
Pour conclure, il est clair que non seulement la non-prolifération des ADM dans la région MENA et Sahel est dans l'intérêt de l'Algérie mais que par ses actions elle soutient une telle démarche. L'Algérie a déjà signé et ratifié le traité de Pelindaba, établissant une zone exempte d'armes nucléaires sur le continent africain et a participé depuis 2009 à la création du Comité africain sur le mécanisme de conformité et de vérification de l'énergie nucléaire. En outre, l'Algérie se conforme à la résolution 1540 du Conseil de sécurité des Nations unies, selon laquelle elle travaille sur une législation nationale régissant tous les aspects de la prolifération des ADM. La création d'une zone exempte des ADM dans la région Mena et au Sahel est un principe partagé et l'Algérie soutient toute initiative qui chercherait à étendre une telle zone si cela était jugé utile par tous les Etats.
En ce qui concerne les menaces Cbrn, il ressort des différentes déclarations dans les Fora internationaux que l'Algérie entend renforcer le développement de la coopération internationale et régionale sur les points suivants:
· Mise en place de la législation et la réglementation nécessaires pour prévenir et combattre les risques et accidents nucléaires, biologiques et chimiques conformément aux normes de défense Cbrn;
· Echange d'expériences et partage d'informations en matière de lutte contre le terrorisme Cbrn;
· Gestion de crise et renforcement des capacités en réponse à une attaque malveillante Cbrn potentielle;
· Sensibilisation à l'importance du principe 3S (Sûreté, Sécurité, Sauvegarde);
· Mise en place de capacités d'analyse et d'intervention en criminalistique Cbrn.
L'Algérie est consciente que la région Mena et Sahel présente un environnement politique complexe pour le contrôle des armes Cbrn. Cependant, il existe un terrain commun pour des échanges et une coopération productifs. Il est par conséquent indéniable que l'Algérie soutient le potentiel de dialogue régional de la Conférence d'Helsinki proposée et, en tant qu'Etat de la région Mena et Méditerranée, elle participe à promouvoir une zone de sécurité et de sûreté régionale. La diplomatie scientifique en tant qu'héritage des quatre sommets sur la sécurité nucléaire (NSS) demeure un élément clé de la sensibilisation aux menaces liées aux ADM et à l'importance du principe 3S ainsi que la non-prolifération.
*Docteur Arslan Chikhaoui est, actuellement, Président Exécutif du centre de consultance et d'études ‘NSV'. Il est membre, du Conseil consultatif d'experts du Forum économique mondial (WEF-Davos), du Conseil consultatif du Forum défense et sécurité (DSF-Londres), et du Forum civil des Nations unies (Unscr 1540). Il est Alumni du Centre NESA-NDU pour les études stratégiques (Washington DC). Il est, également, partie prenante dans divers groupes de travail ‘Track II': Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (Nepad), Sécurité dans la région méditerranéenne, Afrique du Nord et Sahel, RSS en Afrique du Nord, Non-Prolifération des armes de destruction massive dans la région Mena.


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