Pour faire face aux périls qui menacent sérieusement la stabilité de toute la région sahélo-saharienne, notamment la menace terroriste liée aux réseaux de trafic de drogue, d'armes et la migration illégale qui transcendent les frontières et requièrent non pas une réponse individuelle de la part des Etats, mais un dialogue et une coordination accrue et constante, les pays membres du Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc) se sont rencontrés, mardi dernier, au Mali. La rencontre qui est intervenue 18 mois après la dernière réunion, tenue le 30 septembre 2019 à Tamanrasset, sonne comme une réactivation de ce cadre opérationnel qui semble avoir sombré dans une léthargie totale. C'est à l'invitation du général de brigade Oumar Diarra, chef d'état-major général des armées maliennes, président en exercice du Conseil des chefs d'état-major des pays membres du Cemoc, qu'une délégation de l'état-major de l'ANP, dirigée par le général-major Kaïdi Mohamed, chef du département emploi-préparation et représentant du chef d'état-major, Saïd Chanegriha, a pris part à la réunion dudit Conseil à Bamako. La réunion a été mise à profit par les chefs d'état-major de l'Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger afin d'étudier et d'évaluer la situation sécuritaire dans la région, échanger les analyses et les expériences. Elle a été l'occasion aussi pour enrichir et améliorer le fonctionnement du Cemoc et passer les témoins du Cemoc, dans le cadre de la présidence tournante, au chef d'état-major mauritanien. Dans son intervention, le général-major Kaïdi a insisté sur l'attachement de l'Algérie à «préserver le cadre de coopération», qu'offre le Cemoc, et «au sein duquel les chefs d'état-major des armées des pays du champ, échangent librement les analyses et les points de vue sur des sujets touchant au domaine sécuritaire de notre région». Il a également souligné à l'occasion «la nécessité de conjuguer les efforts dans une coopération franche et sincère entre les pays du champ, basée essentiellement sur l'échange de renseignements et la coordination des actions, de part et d'autre, des frontières, en comptant en premier lieu sur nos propres forces et moyens». Il faut rappeler à ce propos que l'Algérie tient à préserver la sécurité et la stabilité dans toute la région du Sahel et que c'est dans cette optique qu'elle avait lancé, en 2010, l'idée de la création du Cemoc. Ce cadre opérationnel, il faut le reconnaître, est resté au stade des balbutiements, en raison, notamment des jeux d'influence étrangers dans la région, mais aussi des grandes attentes des pays membres qui aspirent, depuis toujours, à une implication beaucoup plus importante et plus franche de l'ANP, hors des frontières. Pour des raisons bien connues, Alger s'est toujours refusée à s'impliquer dans des initiatives entravant les principes contenus dans la Constitution. Avec le dernier amendement de la Loi fondamentale, la donne semble être appelée à évoluer.