Apres le spectaculaire concert du collectif «Tinnit» qui allie musique à l'art visuel, qui s'est déroulé la veille à Dar Abdellatif, la Biennale algéro-française du design (DZIGN 2020+1) a pris fin dimanche dernier dans les jardins de l'Institut français d'Alger avec un formidable show/performance signé par le designer graphique Hicham Gaoua alias El Moustache qui a signé la charte graphique de cet évènement. El Moustache, note t-on, a séjourné l'an dernier en résidence d'artiste de la cité internationale des arts à Paris. Une expérience qui «m'a fait grandir artistiquement» confiera l'artiste. Et d'expliquer son approche de la performance donnée à l'IFA: «Pour moi le vêtement est un outil qui nous aide à nous protéger, il peut être beau et utile, mais il peut être aussi porteur de message. Comme Alger est une ville qui bouillonne d'un héritage historique riche en différentes cultures, dans ces vêtements, j'ai essayé donc d'intégrer cet héritage. J'ai travaillé sur la silhouette en particulier. Les jeunes se sont un peu détachés de ce patrimoine, alors j'ai pris ces silhouettes et j'ai travaillé sur le street wear qui est l'habit urbain. J'ai imaginé un street wear avec un ancrage nord-africain que j'ai appelé Zen9awear...» Et de nous dévoiler une collection de vêtements street style baptisé Zen9awear. La tendance «zenkaoui» faisant fureur aujourd'hui dans le domaine musical, il aurait été dommage de ne pas s'en emparer et l'appliquer à la mode vestimentaire. Ainsi, de nombreux jeunes ont défilé avec ces tenues estampillées parfois à l'effigie de la biennale. Parmi ces mannequins improvisés, on pouvait percevoir le danseur chorégraphe Abdeldjalil Faci qui gratifia le public de ses danses et acrobaties dont lui seul détient le secret et le talent. Des vêtements à messages Les autres jeunes filles et jeunes hommes ont défilé gaiement arborant de très jolis modèles bigarrés hautement colorés, et surtout aérés et amples pour l'esprit de tous les jours. Une variété de modèles ont été proposés au public qui a bien savouré ces moments tout en harmonie puisque le final s'est terminé sur une jolie note d'ambiance avec tous les jeunes mannequins en plein mouvement sous le rythme d'une musique bien entraînante. Un happy end pour un événement unique en son genre qui a clôturé ainsi en beauté une manifestation, première en Algérie qui, pour rappel, devait se tenir l'an dernier, mais a dû être décalée d'un an en raison des conditions sanitaires liées au Covid-19. Il est bon de noter que cette soirée fut étrennée d'abord par les mots du directeur des Instituts français d'Algérie, Grégor Trumel qui nous quittera bientôt pour un nouveau poste outre-mer. Ce dernier, lors, de son discours d'ouverture fera remarquer: «Ce soir nous nous réunissons pour clore cette grande Biennale algéro-française du design à laquelle nous avons travaillé prés de deux ans. Je dois dire que cette biennale a dépassé toutes nos espérances. Nous y avons travaillé avec notre amie Feriel Gasmi Issiakhem qui est notre excellentissime commissaire de biennale, qui a assuré la direction du projet curatorial de cette grande biennale.. (...) je crois aujourd'hui que le design et la conception artistique dans le domaine urbain en Algérie vont pouvoir décoller, vont pouvoir acquérir une stature mondiale et j'en suis vraiment très heureux. Nous avons eu la participation aussi de grands designers et concepteurs français et algériens et nous avons travaillé la main dans la main entre concepteurs et designers confirmés, connus et aussi tous les jeunes concepteurs qui, a travers toute l'Algérie, d'Alger à Tamanrasset et d'Oran à Annaba en passant par Sétif et les autres villes de petites tailles en Algérie, se sont tous fédérés, ont tous répondu présent au grand concours que nous avons lancé pour cette biennale. Je suis donc très heureux et très fier de vous avoir...» Ambiance conviviale pour une suite prometteuse Et de donner la parole à l'ambassadeur de France, M. Françoit Gouyette, qui soulignera d'emblée la réussite de cet événement. «Vous savez la volonté de qui est la nôtre, celle de l'Institut français qui est celle d'accompagner la scène culturelle au sens large du terme, le design en fait partie. Nous allons poursuivre cette action parce que je crois qu'elle s'inscrit dans notre politique vis-à-vis de l'Algérie qui est une politique d'amitié et de coopération...». Apres avoir rendu hommage au professionnalisme et aux compétences intellectuelle et artistiques de Feriel Gasmi Issiakhem, Grégor Trumel, qui ne tarira pas d'éloges sur elle, lui cédera la parole. Aussi dans son discours de clôture, la commissaire de cette Biennale algéro-française remerciera d'emblée tous les partenaires ainsi que tous les concepteurs qui ont pu se rassembler pendant cinq semaines. «Cinq semaines pendant lesquelles nous avons vécu des temps forts, jour après jour, fait des rencontres exceptionnelles et enrichissantes pendant lesquelles nous nous sommes rapprochés pour apprendre des uns des autres que ce soit du public ou entre nous.» Abordant le bilan de cette biennale après ces cinq semaines intenses, Feriel Gasmi Issiakhem dira: «Il faut reconnaître que d'après tous les retours qu'on a pu avoir au fur et à mesure que les jours passaient, nous retenons ces expressions qui revenaient à chaque fois à notre grand bonheur: un grand merci pour ce que vous avez donné à voir et à découvrir.» Et de souligner à son tour en intégrant les organisateurs et les concepteurs «nous avons été heureux et comblés par cette effervescence qu'a connue Alger autour de cette biennale qui n'a pu être possible que grâce à cet engouement vécu de manière continue par le public qui découvrait pour la première fois ce que pouvait englober dans sa grande pluridisciplinarité d'expression ce métier passionnant qu'est le design...» Aussi, elle donnera rendez-vous au public au mois de novembre pour la suite de la biennale du design avec le temps 2. Rappelons que cette biennale avait pour thème «Penser la ville à travers le design».