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«Poutine veut ériger une muraille sécuritaire»
Arslan Chikhaoui, Consultant international, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 05 - 03 - 2022

L'Expression: Le conflit en Ukraine prend les allures d'une crise mondiale dévastatrice. Quelles conséquences pourrait engendrer un tel conflit sur les rapports de force dans le monde?
Arslan Chikhaoui: Tout d'abord, il faut prendre en considération les paramètres de base pour comprendre pourquoi ce conflit actuel en Ukraine a-t-il pris acte, aujourd'hui. Il est clair que l'incursion de l'armée russe en Ukraine s'est faite par le président Poutine, aujourd'hui, et non hier ou après. Il faut comprendre que le président Poutine voudrait faire oublier sa défaite, si j'ose dire, ou le couac lié à sa diplomatie sanitaire, notamment à travers la crise de Covid- 19, avec le fait que le vaccin Spoutnik n'a pas eu l'impact nécessaire sur la scène internationale. Donc, sur ce plan de la diplomatie sanitaire, Poutine ou la Russie n'ont pas été à la hauteur des événements de la pandémie mondiale. Le deuxième élément à prendre en considération pour comprendre, un petit peu, les enjeux, c'est que nous revenons à un élément de base. Le président Poutine envisage de construire cette muraille sécuritaire en Europe et, surtout redéployer ses forces et montrer que la Russie reste une force militaire incontournable. Donc, à défaut de se placer en tant que puissance économique ou en tant que puissance sanitaire, il réaffirme son poids sur le plan militaire, et surtout en tant que puissance nucléaire. Ça, c'est un élément très important pour qu'il puisse compter dans l'échiquier. Aujourd'hui, le président Poutine montre à l'opinion internationale qu'il est une puissance militaire. Il est clair pour le président russe, que les aires d'intérêts stratégiques sont, d'abord l'Europe, ensuite le Levant et il est bien présent dans la Syrie et, en troisième lieu l'Asie centrale, notamment par l'Iran, l'Afghanistan et toutes les Républiques de cette partie du monde. Cela revient à dire qu'il est incontestable que le président Poutine entend annexer le Donbass, pour la simple raison d'avoir accès à un contrôle immédiat sur la mer d'Azov. Cela lui permettrait de faire la jonction entre la mer d'Azov et la Crimée. N'oublions pas que la Russie est une puissance nucléaire, mais aussi et surtout maritime. Ce qui va permettre à la Russie de Poutine de projeter sa puissance militaire marine jusqu'à la Méditerranée. C'est cette présence ou cette projection militaire qui est importante, aujourd'hui, pour pouvoir cerner l'Europe par la Méditerranée et par les pays Baltes. Il est clair que la Russie envisage d'élargir sa zone d'influence et, par conséquent un nouvel ordre international s'installera en Europe. La présence économique de la Chine en Asie centrale constitue, de toutes les façons, un allié économique pour le président Poutine. Par contre, l'adhésion des ex- pays signataires du pacte de Varsovie à l'Otan, constitue une menace stratégique et militaire pour la Russie. Aujourd'hui, dans cette nouvelle recomposition planétaire, la Russie veut être considérée comme une puissance et un interlocuteur par l'Occident. Rappelons-le, la Russie a refusé d'être intégrée comme un petit acteur dans la politique de voisinage de l'Union européenne. Et qu'elle n'est plus membre du G7+1 et ce, depuis plus d'une dizaine d'années. La mise à l'écart de la Russie du G8 a poussé le président Poutine à réaffirmer sa puissance et, surtout se placer comme un interlocuteur solide et de poids avec lequel l'Europe doit, désormais compter. La zone d'influence, elle est d'abord, religieuse. Une grande majorité des russophones sont orthodoxes, d'où cette tendance à vouloir élargir cette zone d'influence, à travers l'Ukraine. Mais surtout de permettre de contenir l'extension de l'Otan et des puissances nucléaires mondiales à ses portes, avec la présence de la France et des Etats -Unis d'Amérique.
Quels sont alors les scénarios d'issues possibles?
En fait, le président Poutine souhaite négocier avec l'Europe dans le cadre d'un accord Minsk 3, vu que les accords ou les termes de l'accord de Minsk 2 n'ont pas été respectés. Faut-il rappeler que l'Europe et, à sa tête la France et l'Allemagne, s'étaient engagés à ne pas intégrer à l'Otan, les anciens pays de l'ex- Union soviétique. Donc, il y a rupture de confiance et des termes de cet accord. Je pense qu'aujourd'hui, ce que projette Poutine c'est de remettre sur la table le principe de fédération de l'Ukraine et donc d'avoir des zones autonomes et indépendantes. Il est clair que Poutine veut aller vers un accord Minsk 3, qui aboutira au fédéralisme de l'Ukraine et d'avoir des zones autonomes tels que le Donetsk et Lougansk. Bien entendu, il opte pour cette formule pour disposer de liens avec ces zones indépendantes et revenir, encore une fois, au contrôle de toute la zone russophone, liée à la mer d'Azov et à la Crimée. Ça c'est le premier aspect. Le deuxième est lié à la volonté de la Russie de s'ériger et de s'imposer en tant qu'interlocuteur incontournable face à l'Europe. La Russie doit être traitée d'égal à égal. Il n'est plus question que la Russie soit reléguée au second plan et, surtout permettre à cette puissance nucléaire de s'affirmer dans la zone Euro. Le troisième aspect que la Russie mettra sur la table, dans le cadre du dialogue ou négociations de Minsk, c'est la nécessité d'être considérée comme partie intégrante de l'Europe. Ça c'est très important. Car Poutine ne souhaite pas et ne veut pas être marginalisé autour de ce qui se passe en Europe. La Russie est géographiquement et politiquement rattaché à l'espace européen, Poutine souhaite être politiquement et militairement partie intégrante de l'Europe. La menace nucléaire est une manière de faire pression et une grosse pression sur l'Europe. Poutine refuse cet ordre bipolaire et encore moins, qu'il y ait un ordre unipolaire. Nous sommes en train de nous acheminer vers ce nouvel ordre mondial où la Chine et la Russie seront incontournables. Donc, effectivement comme vous le dites, les rapports de force ne sont pas en train de changer, mais plutôt en train de se consolider dans les différents espaces d'influence et les zones d'intérêts stratégiques.
N'oublions pas que l'Europe est rudement affectée par le Brexit et qu'une nouvelle entité est en train de renaître qui est le Commonwealth, où 54 pays y sont présents et actifs. Donc c'est un monde multipolaire est en train de se construire.
S'achemine-t-on vers un nouvel ordre mondial plus équilibré?
Comme je l'ai dit déjà, nous sommes en train de nous acheminer vers un nouvel ordre multipolaire, avec des acteurs de puissance, qui détiennent ou se départagent la puissance, celle économique entre les mains de la Chine, la puissance militaire, nucléaire, énergétique et maritime entre les mains de la Russie, et une puissance multiforme entre les mains de l'Europe et des Etats- Unis d'Amérique. Le démantèlement de l'Union soviétique et la chute du mur de Berlin, nous ont amené à un monde polaire où les Etats-Unis d'Amérique étaient la seule puissance en action. Avec sa diplomatie, son «soft and hard power», alliant entre les deux en même temps., une génération après la chute du mur de Berlin, nous sommes en train de nous acheminer vers une deuxième étape. Celle du passage d'un monde unipolaire, à un autre multipolaire. Et, par conséquent une redistribution des cartes, en fonction des intérêts. Aujourd'hui, les grandes puissances de l'échiquier mondial sont en train de s'affronter, d'une manière ou d'une autre, pour pouvoir défendre leur pré carré, qui sont leurs zones d'influences, mais aussi leurs zones d'intérêts stratégiques, en plus d'être leurs zones d'intérêts communs. Le conflit est en train de redessiner la carte mondiale en fonction des intérêts et des zones d'influences et qu'il y ait un rééquilibrage entre ces zones d'intérêts communs et les airs d'intérêts stratégiques.
Ce nouvel épisode militaire, l'un des plus importants depuis la Seconde Guerre mondiale, ne traduit-il pas une certaine fragilité latente des équilibres mondiaux?
La révolution orange ou la révolution de la place de Maiden square dénote simplement que l'Europe est fragile et qu'elle a été fragilisée, de plus en plus, par rapport à différents aspects. Je dirais que c'est une fragilisation qui se situe dans la construction de l'Europe. Elle vient, en tout cas dans le cas de cette crise ukrainienne, de démontrer qu'elle n'a pas les moyens de sa politique. Elle n'a pas de politique étrangère commune, c'est une entité qui est dépourvue d'une force militaire commune... Donc, je pense que l'Europe va devoir revoir sa copie pour pouvoir se redimensionner par rapport à ces nouveaux équilibres, qui sont en train d'émerger. C'est un rééquilibrage qui est en train de se mettre en place à l'échelle mondial. Ce sera donc un prolongement dans l'ensemble de la communauté mondiale, mais aussi un prolongement vers l'Afrique et l'Asie centrale, dont la Chine. Donc, l'enjeu aujourd'hui est le rééquilibrage et non les déséquilibres mondiaux latents.
La réaction ferme et rapide de la Russie face à l'escalade diplomatique occidentale démontre, on ne peut mieux que, finalement, la guerre froide entre l'Occident et le bloc de l'Est n'a jamais cessé?
Non je ne dirais pas que la guerre froide n'a jamais cessé. Non, la guerre froide a cessé, parce que le principe de la guerre froide est plus compliqué qu'on ne le pense. C'est un temps de recentrage des intérêts qui a pris toute une génération quand même, pour pouvoir recentrer leurs efforts et leurs intérêts. Donc, c'est ce temps de recentrage qui a été long. Et aujourd'hui, nous sommes à la fin d'un cycle de redéfinition et de recentrage des intérêts, mais aussi de hiérarchisation des priorités. Comme nous le disons en politique étrangère, il faut pouvoir se remettre autour d'une table, et se répartir les zones d'influence et les zones d'intérêts.
La crise ukrainienne ne traduit-elle pas une certaine nostalgie par rapport à l'époque glorieuse de l'ancien Empire soviétique? Ou c'est tout simplement une riposte motivée par des soucis de sécurité stratégiques légitimes?
Elle est motivée par des préoccupations d'intérêts, encore une fois, économiques, d'intérêts stratégiques, d'intérêts communs. Il faut le dire, ce sont des puissances et des acteurs de puissances qui se distribuent, en quelque sorte, les zones d'influence et les airs d'intérêts stratégiques. Il y a, effectivement, un aspect sécuritaire, mais il y a aussi beaucoup plus un intérêt économique, un intérêt stratégique et un intérêt militaire, pour les uns et les autres. Et donc la préoccupation ou la motivation, ne réside pas au niveau de la nostalgie, mais plutôt dans ces espaces d'influence dont elle dépend, comme nous l'avons toujours dit.
Les appréhensions concernant les exportations de blé et autres, assurées par la Russie, pourraient-elles impacter des pays comme l'Algérie, et a fortiori l'Egypte?
L'impact n'est pas important, les deux pays ayant diversifié leurs sources d'approvisionnements en blé. D'après certaines informations, l'Egypte s'est déjà tournée vers d'autres sources d'approvisionnement. L'Algérie, par ailleurs, n'a pas à craindre pareilles crises, du fait que le pays a toujours diversifié ses partenaires et fournisseurs en matière d'importation de blé.


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